ÉVASIONS - ÉMOTIONS 2009

 


Après une longe avec la selle d'amazone, ce qui me permet de faire seule le sanglage final, petit travail en carrière. J'attends l'aide d'un copain pour me libérer Sirène et nous voilà parties.
Sortie en forêt. Temps frais, ciel changeant, belles variations de lumière, trouées dans les sous-bois, un espace tout de jaune vêtu surmonté ça et là par des sortes de chandeliers à plusieurs branches, d'un jaune plus pâle.
Sirène a recommencé à n'en faire qu'à sa tête. Elle mène sa vie, elle galope où bon lui semble.
Une allée s'y prêtant bien, je demande le galop à gauche: 150 foulées sans la moindre velléité d'arrêt! "Ouah, bravo ma chérie, quelle grande fille tu fais, merci beaucoup". Je signale que j'avais un chapeau peu fragile, ce qui m'a bien servi car j'ai quand même pris quelques branches sur la tête.
Après tous ces compliments, Filoselle se dit qu'on rentre. Déception. Je l'emmène plus loin. Petite Léonie au pas, allée des ruches au trot, Grande Serpentine. Je demande le galop à droite et, hop, 150 foulées aussi. "Bravo! Super!" Encore un progrès, d'accord, cette fois on rentre.
Donc, direction le champ magique avec son herbe rouge et bleue à gauche, entrée dans un autre layon, avec les alternances d'ombre et de lumière. Et là, dans une trouée ensoleillée, un corps roux doré, Filoselle en arrêt, frémissante. Le corps roux glisse vers la droite, surmonté d'une large ramure. Encore un cerf. Après une brève station à me regarder, il reprend sa glissade, aussitôt suivi par un deuxième cerf, aussi roux, aussi beau, aussi boisé. Nouvel instant de grâce. Je suis bénie des dieux. Merci. Les voilà qui trottent dans le sous-bois. C'est à peine si l'on peut noter la différence entre leurs apparitions et les jeux d'ombres.
Sirène qui traînait encore à l'arrière n'a rien vu. Quand nous avons croisé leur trace sur le sentier, elle s'est mise en alerte, mais j'ai fait preuve d'autorité pour la garder au pied. Voilà. C'est tout.
Merci les dieux de la forêt et les dieux des chevaux.


ROSA

 

 


Le foin exhale une douce odeur qui se mélange à l'odeur familière du fumier, qui pour moi est le parfum de l'évasion.
L'écurie se réveille lentement, Pierre est déjà passé nourrir les chevaux, il est 6 heures du matin. D'habitude, j'ai un mal fou à me sortir du lit, prendre la voiture au milieu de foldingues, pour voir des grincheux, et des "je suis meilleure que tous les autres".Aujourd'hui c'est moi qui ai devancé le réveil, c'est l'été, c'est les vacances. Juste mon chaï tea et hop je saute dans mes bottines, une pomme à la main que je croque à moitié, l'autre étant pour mon complice.
Un rayon de soleil filtre à travers la lucarne, un doux bruit de mâchoires s'appliquant à dévorer l'herbe séchée, un abreuvoir qui glougloute, un coup de sabot dans le bois du box. Le bonjour du matin, des naseaux tout doux, un souffle caressant, les vibrisses qui picotent. Délicatement mon cheval prend la pomme, le licol passé, en sortant du box il s'étire, la nuit a été paisible. Tout est douceur, calme et les bruits sont les silences de la quiétude de ce matin d'été.
Aujourd'hui, nous allons réveiller la forêt, nous enivrer des parfums du sous bois, écouter les oiseaux, peut-être rencontrer un goupil, ou un chevreuil, tout simplement au rythme des allures de mon cheval, je vais partager le bonheur d'être encore une fois centaure, avec mon meilleur ami : mon cheval.
MARIE HÉLÈNE

 

 

Comme les personnes qui ont la chance d'avoir des enfants, donc des parents qui ont des enfants les plus beaux, les plus intelligents, je pense que les personnes qui ont des animaux en sont très fières ! A juste titre comme cette amazone qui a un frison magnifique et qui lui apporte des soins quotidiens très lourds pour son poil et ses crins que pour celle qui a un cheval lambda, mais c'est SON cheval et donc le plus beau aussi. Mon gentil Hémeric qui a un coeur plus gros que lui, fait donc partie de ses chevaux extra-ordinaire, mais vrai de vrai lui l'est vraiment, hi, hi... Il m'a tellement donné, surpassé ses peurs pour aller où je voulais, accepté de faire des tas de choses différentes, mais surtout il a accepté mes erreurs et tâtonnemnet, oh ! vraiment quel cheval ! Donc, vous m'avez parlé d'annecdote, j'ai donc celle-ci à l'esprit... J'ai essayé quand il était jeune, cherché devrais-je dire, un trot passagé, la technique manquant, je touchais des boutons (pas espagnol) appel de langue, un petit tapotement de cravache, bref des tâtonnements incompréhensible et peu de logique dans l'évolution de la demande... Lui, impassible, cherchait vraiment à comprendre, on le sent bien quand ils se creusent la tête, il ne savait que faire, il s'arrêtait, faisait un départ au galop, trottinait, balançait et en désespoir de cause il m'a fait deux foulées au galop sur trois jambes, stupéfaite, émue de ce qu'il cherchait à me donner, pas contente de moi pour ne pas être assez claire, je l'ai caressé, lui demandant en lui parlant "mets ça dans la boîte, ce sera pour plus tard". Le cheval est généreux, je pense qu'il suffit de le laisser s'exprimer, physiquement certes mais aussi lui permettre d'être "autonome", et laisser croire aussi que tout vient de lui, recevoir et ne pas prendre même si on demande, j'ai souvent vécu des choses qui me surprennent encore, comme en promenade où il y avait le seul chemin assez confortable pour galoper, départ au galop académique puis je me mettais en avant, laissant filer les rênes, il galopait tête basse, la secouant pour exprimer sa joie, et oui Hémeric est très respectueux monté, arrivés en fin de chemin, se redresser suffit pour qu'il s'arrête, il a droit à un sucre dans ces cas-là, il s'immobilise, tourne franchement la tête et je ne comprends pas, je lui dis juste "allez" il fait demi tour avec un pas un peu précipité, je reprends un peu les rênes, un peu en avant et il repart au galop, libre si l'on peut dire, pendant la galopade, je me demande si je suis embarquée, si j'ai raison de le laisser faire.. au bout du chemin je me redresse, il s'arrête, prend le sucre et fait demi-tour, c'est reparti, il donne des coups d'encolure et attaque du garrot ! à l'écoute mais joueuse nous sommes repartis... même scénario, demi-tour, et cette fois il fait demi-tour pour prendre son bon pas de balade, il avait eu sa dose, c'était défoulé , nous sommes rentrés....Je pense que ce n'est pas à faire avec n'importe quel cheval, mais j'ai cru à une complicité entre nous, vraiment, c'était très agréable, je me demande encore comment il s'est retenu pour ne pas ruer ou autre, comment il s'est arrêté au bout du chemin... Il faudrait écrire un livre sur chaque cheval ! Hémeric me donne beaucoup, j'ai essayé de toujours le respecter, de "travailler" dans le bon sens, de sauter avec un enseignant compétent et je fais entièrement confiance à Fanette Piet qui a su me canaliser et permettre à Hémeric de sauter en toute liberté. Il faut souligner que j'ai eu la chance d'avoir un cheval sain et bien dans sa tête, d'être bien conseillée par la famille Marie en premier lieu qui remet les choses en place une ou deux fois par an et plus récemment par Claude David Mougel, qui s'évertue à me faire agir dans le calme, sans être "impatiente", la famille Marie comme lui tiennent le même discours qui me permet d'être plus posée, et faire briller les allures de mon cheval sans excitation ou énervement, il est détendu, délié, tendu et réactif à la fois !

ISABELLE

 

 

 

Les marches de l'escalier en bois grinçaient, ça sentait la poussière et le renfermé, le grenier était haut, les vieilles bâtisses dauphinoises ont un toit très en pente et très haut à cause de la neige, on arrive enfin dans le grenier, immense, un gros oiseau s'envole, la lucarne n'a plus de fenêtre, le monsieur cherche dans un tas d'objet hétéroclite, comme dans les films, il y a une vieille cage à oiseaux, des paniers de toutes les formes, des cageots remplis de vaisselle dépareillée, et là sous un vieux drap vite enlevé, elle est là, toute petite, rien à voir avec les photos découpées dans les magazines, j'ai des frissons, être en face d'un rêve, pouvoir enfin le toucher, c'est un moment privilégié, les deux hommes me regardent, personne ne dit rien, place à l'émotion, je m'approche, elle est rousse comme Frac, le siège est impeccable, les quartiers sont secs mais pas de trous ou d'éraflures, les cornes, la fixe tiens bien, la mobile bouge un peu, elle sent bon, elle sent le cuir, pas de sangle, pas d'étrivière, pas d'étrier mais c'est facile d'en trouver. "Je vous la prête pour l'essayer, c'est une selle d'amazone pour jeune fille, mais vous êtes toute menue, ça vous ira bien". Il fait nuit impossible d'aller chercher Frac au pré pour l'essaie, va falloir attendre demain.
Demain c'est si loin. J'ouvre le livre de Jehanne Cabot, seul littérature en 1985 sur l'amazone, et je compare, je lis, je relis. Demain....
Le lendemain pas besoin de réveil, intenable, une tasse de thé et nous voilà partis. A l'écurie, je laisse Frac finir sa ration, pendant ce temps, je mets mon étrivière et l'étrier de ma selle Kieffer, ma sangle en cuir multitaille va très bien. Je sors Frac du box, oh horreur, mon époux tire, pousse, teste la selle dans tous les sens, "si elle doit casser autant que ce ne soit pas avec toi sur le cheval"... oh mon coeur s'arrête, je sais qu'il a raison, mais mon rêve, il le malmène," ma précieuse", ouf elle passe l'examen avec succès, on selle, on tourne et retourne, il y a un bout de cuir qui pendouille ??? le livre, on rerelit, ... ? c'est la balancine, on la fixe, le cuir est très léger, mais on ne voit pas tout de suite l'utilité de cette sangle comme la sursangle...

Frac est prêt et moi encore plus, mon mari me met à cheval, à califourchon moins de 5 secondes, je ne tiens plus, allez hop la jambe droite dans la fourche et en avant marche et droit, je flotte, j'en ferme les yeux, enfin me voilà AMAZONE comme dans mes rêves, 24 ans et amazone, je vois Angélique, et tous les films avec des amazones.... "alors ça donne quoi ???" Gabriel me ramène à la réalité... hop au trot, pas de soucis, j'ai fait ça toute ma vie, et je me lance dans un champ plat, galop... aucun problème, ça me parait si facile, bonne position, bien droite, la selle me va comme un gant, Frac est super gentil, lui le champion de la ruade. Je m'arrête près de mon mari, avec un sourire indéfinissable, Frac en a marre, il pousse un soupir dont il a le secret et "Pan" un bruit sec, Frac selle français, cheval d'attelage à l'origine et un ventre de poulinière, vient d'exploser la balancine...
Mais la selle tient très bien et pour cause, elle est trop petite pour Frac, elle est comme une pince sur son garrot... mais comme c'était la première fois, et juste un livre pour conseiller, j'ai continué, un autre galop sans soucis, on a remplacé par une étrivière la sangle cassée...un moment magique comme on en vit peu dans la vie.

 

Deux jours plus tard, le propriétaire de la selle, nous informe du prix qu'il en veut, .... la guillotine aurait été plus douce, trop trop chère, nous sommes jeunes, n'avons rien à nous sauf la voiture, impossible d'avoir l'argent, je laisse partir ma "précieuse" avec un coeur lourd comme un chaudron.... deux ou trois mois plus tard, je rencontre une dame qui "aurait" fait de l'amazone dans le temps, elle m'invite chez elle. Dans son salon, il y avait plusieurs selles à fourches en exposition, des grosses, des lourdes, des ouvragés, et dans un coin, une lampe très spéciale.... mon coeur s'arrête, planté en plein coeur d'une merveilleuse petite selle d'amazone un pieu en sort et un affreux abat-jour le couronne, ma selle, ma chère petite selle était devenue une lampe ... la "grosse" ex amazone avait crucifié ma selle car elle ne pouvait pas rentrer dedans... j'ai fui, la nausée, être riche et être si bête c'est pas possible... je rentre et raconte ma découverte à Gabriel qui me dit : "je te jure que tu auras ta selle à toi comme un jour tu auras ton cheval... je te le jure" 7 mois plus tard j'ai eu El Gato : mieux qu'un diamant, et 2 ans après ma selle à moi, à mes mesures et à celles d'El Gato, amazone j'étais, amazone je suis et amazone je resterai.

 

 

MARIE HÉLÈNE

La crinière et le vent suavement emmêlés,Les fers frôlent à peine le sable des allées,L’espace s’évapore au rythme des fouléesEt le temps s’abandonne. Complicité physique, puissance contrôlée,Moment intemporel, goutte d’éternité,C’est le plaisir intense et si bien partagéOù l’on prend et l’on donne. Cheval alter ego, ma monture, mon amiQui ressens aussi bien mes joies que mes soucis,Qui de toi ou de moi revanche sur la vieEn ces chevauchées folles ?

La crinière et le vent suavement emmêlés,Les fers frôlent à peine le sable des allées,L’espace s’évapore au rythme des fouléesEt le temps s’abandonne. Complicité physique, puissance contrôlée,Moment intemporel, goutte d’éternité,C’est le plaisir intense et si bien partagéOù l’on prend et l’on donne. Cheval alter ego, ma monture, mon amiQui ressens aussi bien mes joies que mes soucis,Qui de toi ou de moi revanche sur la vieEn ces chevauchées folles ? MARTINE

 

Sensations. Ce mot-là résume à peu près tout ce qu'on éprouve à cheval, que ce soit pur plaisir ou pressentiment de la chute imminente quand elle se produit.Début juin 2009, cela faisait un an que je n'avais plus de sensations de cavalière : la dernière fois que j'étais montée, le 18 mai 2008, pour la finale du championnat de dressage départemental, je souffrais tellement que je trouvais les quatre minutes et quelques très longues. Mes sensations, affreuses, se doublaient de l'angoisse de ne pas pouvoir finir, avec Energie la bien nommée qui, sentant que la dame était limitée de beaucoup, chargeait de bon coeur sur le contre-galop aux 3/4. Le lendemain soir, j'étais chez le médecin, puis à l'hôpital : calcaneum fêlé à gauche, 6 claquages à la jambe droite. Le motif ? Une chute sur une combinaison, le 6 mai, avec la belle Energie toujours. J'ai mal évalué mon abord, mon manque d'équilibre a fait le reste, Energie sautant quoi qu'il arrive, avec ou sans passagère. Et j'avais attendu, souffrant mais pouvant marcher et bien déterminée à disputer la finale.S'en est suivie plus d'une année de souffrances diverses, 9 mois de crise dans les os, muscles et tendons, à hurler, à peiner à me mouvoir, grippe à la suite(2 fois, 5 semaines, fièvre à 40° passés), asthme de retour, problèmes cardio-vasculaires en avril et mai. Fermez le ban.Dans l'hiver, lors d'accalmies, j'avais tenté une reprise et n'avais jamais pu atteindre la montée en selle, mes membres me refusant tout secours et des douleurs intenses me ravageant sans répit. Je me revois pleurer dans le boxe, les bras tremblants d'avoir dessellé, accrochée comme une noyée au col de mon immense et chéri Isotope qui me poupounait de ses lèvres, sans oser bouger.Désespérance. De plus en plus profonde au fil des tentatives avortées suivies de recrudescence des crises. Début juin, embellie. Plus quelques anti-dépresseurs bienvenus, je me reprends à espérer. Je réussis à seller, à me hisser avec des grâces de petite soeur du monstre de Frankenstein sur la belle Jalna, l'autre Martine du club me la tenant aimablement. Trois hommes et un caporal pour être en selle mais déjà bien mieux que précédemment et dans l'ensemble, j'avais évité le palan et la chèvre.Nous montons dans le petit manège, vite poussiéreux, car dehors, il pleut des hallebardes. Pierre me dit "fais ce que tu peux". J'y compte bien, n'espérant pas tenir le coup toute la reprise.Rien d'extraordinaire : transitions d'allure, arrêt, demi-tour autour des hanches. Jalna, grande dégingandée folâtre, est équipée de rênes allemandes "pour que tu n'aies pas tout à gérer pour recommencer" m'a dit Pierre, surtout dans un petit espace. Elle se comporte bien, je cale son galop sur celui des autres en relevant à chaque foulée. Elle pile net, tourne sans faire déraper le croupion, repart franchement."Ca va ? Arrête-toi quand tu veux" me dit Pierre de temps en temps.Je m'accroche, je suis, je suis en phase avec la reprise et ma grande jument.C'est seulement au bout d'un bon moment que je me suis rendue compte que j'étais à l'aise, que j'y arrivais, que je souffrais un peu mais sans plus, que je me sentais bien, à ma place, comme si je n'avais jamais quitté ma selle un an.Bonheur absolu, d'autant plus intense qu'on s'en aperçoit à temps pour en goûter chaque seconde et chaque détail.Même les gouttes de pluie qui me rinçaient le visage à chaque passage du côté extérieur m'étaient délicieuses. Je suis dégringolée de Jalna plutôt que descendue, mes jambes ne répondant plus. Des douleurs lancinantes présageaient une crise féroce. Je m'accrochais à la selle pour ramener ma monture au boxe, ai desserré le contre-sanglon en m'aidant des dents, me suis appuyée à elle pour la panser, me suis traînée dans l'allée (heureusement en pente), sac d'un côté, selle de l'autre, jusqu'à ma voiture. J'ai dû prendre mes jambes à pleines mains pour les y loger.Je me suis gavée de cachets à peine rentrée et ai vécu une nuit terrible, sans dormir ou presque.Mais ça valait le coup. Le 14 juin, défilé à Montfort l'Amaury pour le pardon breton. Halina, grande trotteuse très jolie, se place et se comporte très sagement au milieu des sonneux et des tambours bretons qui résonnent dans la ville médiévale, sans bouchons d'oreilles. Journée extraordinaire au milieu des amies franciliennes, sous un soleil radieux, au frais sous des ombrages somptueux entre deux défilés, reçues comme des reines. Mais avant le dernier défilé du soir, à peine le dos tourné pour lui chercher de l'eau, Halina trompe la surveillance des amies, se roule et casse mon arçon.Le vide intérieur total. Trop mal pour le dire.Ma selle est en réparation : remplacement de l'arçon. Ca va prendre un moment.J'espère seulement que je retrouverai en septembre ce moment de pur bonheur à cheval, où l'on flotte entre terre et ciel, chevauchant la vie.Martine

 

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