STAGE DE DRESSAGE AVEC DANY LAHAYE 2003

J'ai eu 400 photos pour ce reportage, Audrey, Amélie et Ludovic ont été des photographes très gentils. J'aurais pu choisir que les photos qui nous mettent en valeur Hidalgo et moi, mais je ne suis pas nombriliste, et nos défauts sont bien réels, donc je vous montre tout, quand on est élève il faut savoir accepter de faire aussi des erreurs, une seule petite chose, j'ai une méchante hernie discale aux lombaires il m'est donc très difficile de faire des descentes de jambes et talons bas surtout avec ma Kieffer qui est une selle mixte, c'est une petite excuse pour ces talons qui me font honte mais en amazone le problème est vite résolu, la jambe droite disparaît...

Hidalgo à l'âge de 6 ans

Ce qu'il faut savoir sur mon cheval Hidalgo : Il a 9 ans mais de 0 à 6 ans il a été maltraité et battu, donc quand je l'ai eu, j'ai commencé à travailler pour lui faire retrouver sa confiance en l'homme ou plutôt en la femme. Il est froid à la jambe comme un jeune cheval, on dira que c'est un très tardif puisqu'il n'a pas vécu une vie normale de cheval avant. Il était musclé à l'envers et on lui voyait les cotes. Après deux années de mise en main sur simple filet, jamais de bride, pas d'éperons et encore moins de cravache, je l'ai désensibilisé à celle-ci car il se jetait contre les murs à sa simple vue; il a toujours travaillé dans un rond de longe de 12 m de diamètre. Hidalgo a prouvé qu'il était très intelligent, et le dressage à la voix, lui convient bien. J'ai fait ce stage avec lui car il était temps qu'il sorte de la maison et du quartier. Cela fait moins d'un an qu'il est mis sous la selle d'amazone, il a encore peur de la jupe, mais il progresse réellement toujours dans la confiance. Pour moi, le stage a pour but de voir si je suis sur le bon chemin. Avec El Gato tout parait si facile, là il faut repartir presque de 0. C'est une démarche difficile mais je pense qu'il faut sans cesse se remettre en question et apprendre.

Hidalgo vous raconte

Ben si vous saviez ce qui m'est arrivé. Ça a commencé déjà depuis quelques semaines, on venait (on c'est Marie Hélène ou Mémère) me chercher au parc et El Gato y restait. Soit je travaillais en longe et en liberté, soit j'étais monté et ça 3 à 4 fois par semaine.
En plus, elle m'a lavé au shampoing 2 fois en 15 jours, parait que je suis un gros crado car je ne lève pas assez la queue pour faire mes besoins, et ma queue est blanche et verdâtre, ce qui a le don de mettre ma Mémère très en colère, un cheval gris n'est pas un appalooza… ! Moi je ne sais pas ce que c'est qu'un appalooza.


La dernière semaine, ça c'est brusquement calmé, Mémère avait le nez tout rouge et paraissait très mal. Gato lui était fâché, il se sentait oublié, j'avais beau lui dire que ce n'était pas marrant de travailler avec cette chaleur mais lui, il était vexé. Alors pour se venger, une nuit on a tout cassé le parc électrique, moi je n'ai pas eu de chance car j'en ai perdu une chaussure toute neuve. Le maréchal venait de nous ferrer il n'y a pas même 8 jours. On s'est caché dans la colline mais Mémère nous a retrouvé juste avant de partir à son travail. Elle était en jupe, toute rouge et pas contente du tout, nous on dormait dans la forêt, on avait mangé l'herbe tendre toute la nuit alors on se reposait un peu. J'ai eu l'impression que si elle n'avait pas été si fatiguée et pressée, elle nous aurait mangé tout cru, surtout moi quand elle a vu que j'avais joué à Cendrillon. Donc le soir même le parc était refait, et le lendemain, j'ai revu mon maréchal préféré Richard qui m'a remis mon fer sans me gronder lui. J'ai eu droit à une séance de longe.

Le lendemain à l'aube, elle débarque dans notre pré. El Gato m'a dit que ça ne sentait pas bon, moi je sentais l'herbe mais rien d'autre. Elle m'a mis un beau licol, et Gato a redit "oh ça sent même mauvais, c'est le licol du dimanche !" Et hop, j'ai eu droit à la douche encore ma queue, et puis on m'a mis les chaussettes vertes, vous savez ces grands trucs avec lesquels on peut tout juste marcher. Gato était au pré, il hennissait sans arrêt pourtant comme moi, il avait eu droit à de l'orge germé, mais lui il avait des petits trucs blancs, j'entendais "c'est du gelsenium pour le calmer". Ils ont baisser le pont du camion, alors là, j'ai compris, on allait se promener, oui mais sans El Gato. J'ai eu un moment d'hésitation, surtout qu'il était là juste à côté et si triste, mais Mémère qui me tenait à dit "Hop on monte, alors moi, j'obéis" et nous voilà parti, au bout de peu de temps, j'ai appelé El Gato mais rien. j'ai passé mon nez par la petite fenêtre et je sentais Mémère qui conduisait doucement et Amélie qui me donnait des carottes, je regardais la route, c'est rigolo d'être immobile et de voir tout bouger, j'adore ça, elles ont mis ma musique (Bach au piano) ça m'a rappelé la maison, je n'avais pas peur. J'ai trouvé le voyage un peu long, (1 H 45) mais à l'arrivée, il y avait plein de chevaux, qui hennissaient de partout. Mémère m'a enlevé mes grandes chaussettes et Amélie m'a fait marcher, les autres chevaux descendaient du camion et on les mettait dans les box, Mémère voulait que je me détende après le voyage. Elle a été voir ma place, j'avais un joli box, mais j'étais bien triste de ne plus être dans mon champ avec Gato. Ici tous les chevaux étaient gris comme moi, y'avait aussi des étalons qui bougeaient beaucoup mais moi tant que je voyais Mémère ça allait. Pour me faire plaisir elle a même mis du foin de ma colline dans mon box. Après quelques heures, elle est venue me chercher, m'a bien brossé et natté ma crinière, elle m'a sellé et nous voilà parti. Je la sentais tendu, alors je me suis tendu aussi. On est allé dans un grand champ tout gris, pas beau et plein de poussière, à côté il y avait des petits parcs avec des chevaux, moi j'essayais de les voir mais Mémère m'a dit "Non" et là tout a commencé. Il y avait une belle dame au milieu de ce que les humains appellent une carrière, elle parlait gentiment, heureusement car moi je n'aime pas les hommes et les gens qui crient. Puis on a commencé à faire ce qu'on fait à la maison, Mémère avant de me monter, m'a détendu à la longe,

moi j'avais pas envie de me détendre, il y avait un drôle de cheval contre un mur qui venait vers moi

chaque fois que je passais devant, je faisais un écart, Mémère m'a arrêté et m'a montré….. Ben vous savez quoi ! C'était moi ! Ils appellent ça des miroirs.

Quand je me suis sentis un peu mieux, elle m'a monté, et ça a commencé, leur gymnastique humaine et je te tords à droite puis à gauche et je tourne et tout et tout. Ils donnent des noms compliqués en 4 jours j'ai retenu, épaule en dedans (ça je connaissais bien), contre épaule en dedans (heureusement Mémère me guidait, moi je suis dressé à la voix mais là j'y comprenais rien), appuyers, tête au mur, cercle, volte et aux trois allures.
Ce rond-là est bien plus grand que celui de la maison, j'étais un peu perdu, et puis interdit de regarder les papillons ou un collègue qui passait. Il fallait que je me concentre sur ce que me demandait ma Mémère, y avait des gens qui nous regardait et cette dame qui je crois, donnait des ordres à Mémère. Enfin après une bonne heure, j'étais fatigué et je sentais bien que nous étions deux à l'être, une bonne douche, car elle passait bien encore une heure à me masser, me soigner me donner mes carottes avant de me mettre au box avec du foin. Elle disparaissait ½ heure et la revoilà sentant les fleurs, elle aussi prenait une douche comme moi. Dans l'écurie toute la journée il y avait de la musique et je pouvais renifler les autres qui faisaient comme moi, ils allaient transpirer sur le pré gris.

Je me méfiais des étalons qui n'étaient pas très aimables, mais tant pis pour eux. Pendant 4 grands jours, ça était comme ça, mais moi le matin Mémère venait me chercher tôt après m'avoir donné mon orge. j'avais un traitement de faveur, j'allais dans un petit paddock et quand le soleil était très haut et qu'il faisait très chaud elle me rentrait dans mon box. J'étais très content d'être dehors, j'avais vu qu'il n'avait pas mis le truc qui pique dans les fils. Alors quand j'ai vu qu'il n'y avait pas Mémère ce jour là, (elle était dans la maison pour faire à manger à tout le monde) moi j'en ai profité pour bourrer dans les fils et aller manger chez le voisin … mais voilà on m'a vu et ben ils ont mis "le jus" comme ils disent, je me suis pris un de ces chatouillis, qui m'a envoyé en l'air, l'horreur ! J'ai pensé que Mémère allait me plaindre, ben pas du tout, elle aussi m'a grondé. J'étais fâché.
Une autre chose qui m'a fâchée, c'est que l'on m'a mis non pas un mais deux mors dans la bouche !horrible!!

Je déteste ça, je ne sais plus où mettre ma langue, et puis j'ai trouvé un truc, je donne de grands coups de tête mais plus j'en donne plus Mémère se crispe dessus et moi j'aime pas ça.
Alors la dame du milieu, elle s'appelle Dany, elle a fait mettre toutes les rênes dans une main, mais je secouais quand même la tête. Je crois que j'ai beaucoup embêté Mémère avec ça, mais moi, je vous dirais que je m'ennuyais ferme à tourner, retourner, trotter, arrêter, galoper et tout et tout ….

Et tout ça sur ce machin gris, vous avez de ces idées vous les humains, vous croyez réellement que ça nous plaît à nous ce genre de truc.

Bon, c'est vrai j'ai bien transpiré, Mémère aussi, elle avait espéré que je maigrisse un peu, mais moi rien qu'à regarder une fleur de pissenlit je grossis, c'est comme ça, quand j'étais dans l'autre pays, j'étais tout maigre mais on n'avait que des racines à manger, alors maintenant je profite.

Va y avoir encore ce cheval qui me ressemble

Un rare trot enlevé

un peu traîne-galoche

Arrêt; on voit que je le travaille à la maison.

Pli pour faire les angles

cheval bien tendu

L'assiette agit autant que les jambes

tiens y'a des copains !

Toujours sérieux, c'est pas marrant

et ça papote,

ah !! un peu de galop mais avec 35 ° à l'ombre, c'est dur !

Ben, voyons on tourne encore, des cercles et des cercles !

t'as entendu le mot clé de Dany

"Voilà c'est mieux"

Non, on entend rien, ce n'est pas une claque mais une caresse.

On a eu du soleil sans arrêt, ce n'était pas rigolo de travailler avec cette chaleur. Il y avait plein de chevaux, un jour, de loin j'ai vu arrivé un cheval bai comme Gato, j'ai cru que c'était enfin mon copain qui était là, j'ai appelé de mon petit paddock mais l'autre, il ne m'a même pas répondu. Après quand il est venu dans le grand rectangle gris, j'ai bien vu que je m'étais trompé par contre j'étais content de voir que pour lui aussi c'était pas facile.

Si moi, je suis une boule, lui il était très long. Je n'ai pas eu de copain sauf une ponette à côté de moi au paddock, elle était ronde comme moi et on avait la même idée… manger !

J'ai vu des étalons qui hennissaient sans arrêt, ils étaient plus grands que moi et puis eux ça se voyait qu'ils allaient souvent dans ce truc gris, ils savaient plein de choses, m'enfin certains ont fait des galipettes aussi.

 

Ce qui m'a intrigué, c'est la dame qui vivait dans cet endroit Dany, , elle était toujours calme mais je voyais bien que certains se faisaient gronder, elle était très ferme. Le dernier jour à la fin de la reprise, elle est montée sur moi mais c'était pour essayer la selle d'amazone de ma Mémère.

Puis elle est redescendue et elle voulait que je marche à côté d'elle, moi j'aime pas trop ça, je le fais avec Mémère mais quand je connais pas, je me méfie, ça me rappelle de mauvais souvenirs. Enfin j'ai essayé d'obéir, et comme ça devait pas lui convenir elle m'a donné un coup bref mais sifflant sur la cuisse alors j'ai fait une super croupade, non mais dès fois ! J'étais pas d'accord et puis je comprenais pas mais elle n'a pas crié, elle ne m'a pas battu, elle a fait comme Mémère, elle m'a grondé à la voix, j'ai bien senti qu'elle n'était pas contente et qu'elle voulait que je marche plus franchement, Mémère était juste à côté, alors après tout, je lui ai fait confiance. Elle paraissait savoir ce qu'elle voulait, et j'ai fait ce qu'elle demandait, mais entre nous je ne comprends pas les humains pourquoi tourner sans arrêt en rond alors que la nature est si belle, on n'est même pas aller se promener.

Ben, qu'est ce qu'elle veut la dame !

Bizarre, bizarre !!!

Par contre Dany fait comme Marie Hélène si je fais bien : c'est le câlin.

Vous avez vu, y a encore moi dans le miroir !

Au tour de Mémère

Méthode portugaise que Monsieur Nuno Oliviéra appliquait. Il faut que la cavalière marche à reculons et me fasse avancer avec le stick sur la cuisse et sur le rein ça veut dire arrêt. Je répète car je n'ai pas tout compris d'où un beau coup cul.

et hop ! c'est moi qui fait faire des appuyers à ma Mémère

et on entend "Voilà ça c'est mieux" de tout le stage avec tout le monde on entendra jamais plus, ni pour moi, ni pour les autres chevaux

Mais moi suis fier de mon "ça c'est mieux"

Après la séance de dimanche, j'ai eu droit à une bonne douche et hop dans le camion, moi je monte tout simplement je suis Marie Hélène, elle m'a glissé à l'oreille un mot qu'elle n'a pas prononcé pendant 4 jours, on va voir "Gato". J'aurais bien galopé devant le camion pour aller plus vite, revoir mon Gatounet chic !

"ALORS ON PART, J'ATTENDS"

Le trajet c'est bien passé, j'ai moins henni qu'à l'aller il faisait quand même chaud, mais j'ai le droit de passer ma tête par la petite fenêtre pour voir la route. Quand on a atteint nos montagnes, elle allait tout doucement dans les virages en épingle moi j'ai reconnu l'odeur de ma campagne, j'étais impatient, arrivé à la maison, je pensais voir mon Gato mais personne, Marie Hélène a dit que j'avais des yeux si expressifs que l'on voyait mon chagrin, elle a envoyé Amélie chercher Gato dans la colline avec l'âge parait qu'il entend un peu moins. J'ai encore eu une douche et ça m'a fait du bien et qui voilà ? Mon Gato!

Ben vous ne me croirez pas mais il a failli me battre, un NON impératif a retenti et Monsieur El Gato s'est montré plus aimable, je crois qu'il a eu peur de me perdre, et qu'il était fâché.


On est resté dans le jardin quelques heures et on est retourné dans la colline. Faut pas le dire, mais ne plus voir d'humains pendant 2 jours, ça m'a fait du bien.
Je sais que Mémère est venue, elle s'est cachée pour voir si on allait bien mais elle savait que d'entendre juste les oiseaux, de voir Gato, les chevreuils et de l'herbe partout ferait mon bonheur de simple cheval.

On a posé cette question à Mémère : " pourquoi avez vous acheté ce cheval ? sans papiers, pas lusitanien et pas très beau ?"

Elle a répondu : "quand je l'ai vu la 1ère fois, il était plein de boue, maigre et triste mais ses oreilles bougeaient sans cesse, si un cheval devait avoir une deuxième chance, c'était lui et moi je ne monte pas sur les papiers."

Ben moi je vous dis : j'ai jamais vu des humains qui bougeaient les oreilles, par contre notre Mémère fait tout pour notre confort, on est au parc, on a un abri, un abreuvoir automatique, une écurie, des tas de choses pour nous protéger des mouches comme au travail des guêtres un tapis mou etc. Mémère, c'est pas ses oreilles qui bougent mais son coeur et moi je fais tout ce que je peux pour lui dire merci.

DEUXIÈME PARTIE : LE STAGE VU PAR MARIE HÉLÈNE ET LEÇONS EN AMAZONE

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