LA CAVALIERE ATTEND UN BEBE

Quelle femme n'a pas été envahie par le bonheur en apprenant qu'une vie se formait dans son ventre ? Un petit bébé désiré et conçu dans l'amour peut devenir pour certaines femmes qui pratiquent un sport dit dangereux, un sujet à questions.

Combien de cavalières ont elles abandonné l'équitation suite à l'annonce d'une grossesse ?

Cavalière depuis 15 ans, Je rentrais d'une randonnée de 5 jours, qui m'avait paru un peu bizarre ; ne me doutant pas de mon état, je succombais en début d'après midi à une incroyable envie de dormir même en selle. Je suis allée consulter un docteur, qui m'a annoncé l'heureux évenement qui se préparait, mais alors le cheval ?

J'en étais à ma 4ème semaine sans nausée, juste cette envie de dormir. Lorsque votre grossesse se déroule normalement, même un gynécologue qui ne pratique pas l'équitation ne vous déconseillera pas de monter mais il faudra le faire sous certaines conditions, pour ne pas mettre la vie de votre bébé ni la vôtre en danger.

Monter à cheval oui, mais plus de compétitions ou de randonnées de plusieurs jours ; de plus l'obstacle n'est pas réélement utile, travaillez sur le plat à vitesse modérée est bien plus raisonnable. Vous vous fatiguez plus vite, si vous voulez monter le plus longtemps possible, il faut ménager tout le monde, vous et le bébé.

J'avais 25 ans, j'en ai profité pour me lancer dans le travail aux longues rênes plus approfondi ; la marche, c'est très bon pour votre état ; le travail en longe et en liberté ont pris une importance plus grande. C'est tous les jours qu'un cheval demande des soins. J'avais la chance qu'il soit chez un paysan qui avait un paddock pour travailler à 20 m des écuries. Ainsi tous les jours, travail à pied ; une à deux fois par semaine, promenade d'une heure, aux trois allures sans plus, votre organisme va vite vous apprendre que certaines choses ne vous conviennent plus. Pas de contre haut ou contre bas, votre ventre va vous géner.

Pour ma première grossesse pas de problèmes jusqu'au 7ème mois, je demandais à mon cheval de faire la révérence pour me hisser sur son dos, j'étais pourtant juchée sur une grosse pierre mais un jour, le ventre a sérieusement coincé à cause de son volume, et quand mon brave cheval a voulu se relever, il s'est fait mal au dos, mon poids étant mal réparti et j'étais devenue serieusement pataude. J'ai de moi-même arrêté de monter mais pas de travailler ni de me promener à pied avec lui, à cette époque nous avions Frac et mon mari montait le cheval d'un ami Cadix. Il continuait à faire ses ballades et nous avec Frac en les attendant nous faisions un petit tour et tout le monde était content.

Pour ma deuxième grossesse, nous avions El Gato ; comme chaque grossesse est unique, je n'ai pas eu les mêmes soucis. La nausée, chose horriblement désagréable, m'avait prise dès le début, et mon pauvre cheval s'était bizarrement transformé en dromadaire : son confort devenait un supplice, les seuls moments où je n'étais pas trop sensible à ce balancement, étaient les débuts d'après midi. Mais je travaillais tous les matins et il y avait mon Amélie, donc j'avais beaucoup plus de fatigue et moins envie de me promener, par contre le travail à pied était très utile El Gato avait beaucoup à apprendre. Les promenades se faisaient toujours sur le même parcours, mon mari me suivait souvent en voiture avec Amélie, il craignait que je sois fatiguée, mais la passion vous aide. Au 3ème mois, j'avais abandonné le trot et le galop en selle, et les pauses pipis étaient de plus en plus fréquentes, 4 à 5 fois en une heure de ballade, vous conditionne un cheval. 8 jours après mon accouchement, j'étais en selle pour la même promenade et quelle ne fut pas ma surprise de voir mon cheval s'arrêter automatiquement à tous nos anciens arrêts, alors qu'il faisait le même circuit avec mon époux sans les arrêts spontanés.

Au 4ème mois, les nausées persitant et se renforçant, j'ai abondonné l'équitation mais pas mon cheval ni la jument d'une amie qui était avec nous chez un paysan. Je faisais le pansage des chevaux tous les jours, avec Amélie qui jouait autour de nous. Je travaillais Gato en longe dans un petit pré, pendant qu'Utila restait à côté pour brouter, Utila était une grande jument de CSO à la retraite.

Pendant les 5 jours de clinique, une amie est venue tous les jours s'occuper d'El Gato, elle savait monter et je l'avais autorisée à le faire. Mais El Gato en avait décidé autrement, il a joué les étalons dès le premier jour au premier coup de brosse, pourtant il connaissait très bien Patricia, mais il n'était pas d'accord et connaissait son point faible, la peur du cheval ronfleur et roulant des mécaniques.

Dès ma sortie de clinique avec Audrey dans les bras et Amélie qui m'avait tant manqué, nous sommes allés tous les 4 voir El Gato ; c'était ma première sortie, elle était pour lui. Si notre boxer m'a prouvé sa joie pétillante de me revoir ainsi que nos deux chats, le cheval n'a rien à leur envier dans ses démonstrations de joie. Notre bel espagnol s'est transformé en pur-sang arabe, queue retroussée, monté sur ressorts et caracolant tout autour du landau et de moi. Puis après avoir défié un ennemi invisible, il est revenu tout calme et a mis ses naseaux dans le landau. Audrey n'a pas bougé avec ses grands yeux bleus, elle était toute confiante. El Gato a encore fait un tour, se gonflant au vent et défiant une dernière fois celui qui viendrait toucher à son troupeau. Car dans sa tête de cheval les rôles se sont vite inversés, de leader j'étais devenue sans trop m'en rendre compte, une mémère à la démarche de canard qui les derniers temps avait perdu et de son autorité et de sa superbe ; alors l'occasion était trop belle, Gato pensait que c'était pour toujours, mais tout a une fin, mon tout beau ! Deux jours après, j'étais en selle, pourtant j'allaitais Audrey comme pour Amélie mais j'ai un mari exceptionnel qui me suivait en voiture et pour les pauses bibs maison. On se donnait rendez-vous à la croisée de chemin et de route.

C'est une expérience très enrichissante, j'ai ainsi pris goût au travail à pied et je me suis perfectionnée. J'ai aussi appris que les animaux comprennent avant nous les choses. Frac était un selle français, grosse brute pas très tendre et le roi du "coup de cul" et bien il s'est transformé en cheval calme, je dirais même qu'il me maternait pourtant il n'était pas gimauve. El Gato à sa manière car plus jeune, a d'abord été surpris par ce changement de régime de travail puis a profité de l'occasion, pour en faire voir un petit peu à mon mari qui le sortait tous les week-ends.

On dit aussi que les chiens et les chats sont jaloux quand un bébé arrive dans une maison où ils étaient là depuis longtemps. Si on laisse aux animaux leur rôle de chien ou de chat en respectant leur façon de vivre mais en étant toujours le dominant de la troupe, il n'y a aucun problème. Quand je suis arrivée avec Amélie dans son couffin, j'ai posé le couffin à terre devant Jim le boxer, Nina et Néron les chats. Jim a mis sa grosse tête dans le berceau, un coup de langue à une menotte qui sortait et il m'a bondi dessus pour me faire des fêtes, Néron terrorisé par les gargouillis qui sortaient du panier est parti se cacher et Nina qui aurait bien aimé adopter ce surperbe lit pour son compte, était très déçu d'y voir un autre occupant et n'a jamais mis une patte dans le berceau, le couffin ou le landau ; par contre un gros calin, et chatouiller du bout de la queue, bébé était un de ses tours favoris ; c'est à croire que les rires d'Amélie lui plaisaient. C'est d'ailleurs grâce à ses trois là que notre Amélie a très vite marché et n'a jamais voulu rester dans son parc, rejoindre les 3 bandits était bien plus attrayant.

Alors si le bonheur vous arrive d'attendre un bébé : Prenez l'avis de votre médecin en premier, si la grossesse est normale, il n'y a aucune raison d'arrêter de monter, à moins que vous ne soyez la cavalière d'un fougueux anglo-arabe de 4 ans ou d'un cheval trop nerveux. Changez seulement votre façon de monter, plus calme en selle et plus technique à pied. Tout le monde y trouvera son compte. Mais si le médecin dit non, vous pouvez toujours vous occuper de lui, lui trouver une cavalière gentille à qui cela fera plaisir, il est inutile de le confier à un club, où rien ne vous garantit qu'il sera heureux et encore moins l'abandonner dans un pré sans rien faire. Il y a de nombreuses adolescentes de bons niveaux et surtout avec beaucoup d'amour à donner, qui n'ont pas forcément les moyens financiers de prendre une pension ou demi-pension et qui seront ravies de s'occuper de votre cheval pendant un temps et transformez vous en monitrice pour parfaire leur technique, j'ai eu cette chance de travailler dès mes 16 ans des chevaux de propriétaire et c'était formidable pour le propriétaire comme pour moi.

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