L'AUTOMNE 2000

C'est bizarre chaque année au même moment, c'est à dire juste à la fin des grosses chaleurs, quand toute la famille est là et que tous les jours, on fait de longues ballades, brusquement ça commence par les filles, elles sont moins gracieuses, voir grincheuses et Mémère recommence ses aller-retours (boulot maison). Ça sent la Rentrée, elles vont reprendre l'école. Ouf ! pour nous ça va être les vacances. C'est pas qu'on n'aime pas les ballades mais les séances dans le rond de longe ou l'entraînement dans la Nature, et je te saute un fossé, et je fais un contrebas et je recommence, ou croisons les antérieurs, piaffer, reculer, départ au galop, changement de pied, il fait chaud, on nous couvre de produits puants au citron et au pétrole, il n'y a pas de boue dans le parc pour qu'on se roule dedans mais des nuages de mouches, de taons, de moustiques. Alors aux aurores ou tard le soir, elles débarquent et hop au travail, dur dur l'été.

Voici l'automne, moi j'aime bien l'automne, sans les humains. Pourquoi sans les humains, eh ben il existe des humains avec des bâtons, on appelle ça des fusils et là je peux vous dire que si chez les chevaux, il y avait des fous comme ces gens, c'est l'abattoir assuré. Ils tuent, ils tuent tout ce qui bougent enfin ils tirent sur tout ce qui bougent, heureusement qu'ils sont souvent maladroits, mêmes les chats, les chiens, les pies, les écureuils tout le monde est en danger. Il existe des chasseurs moins méchants et qui respectent les lois mais on peut les compter, ils sont très mal vue de ceux que l'on appelle des viandars.

Quand j'étais jeune, j'étais dans un pré un peu isolé, même si Mémère venait me voir tous les jours, elle ne pouvait pas tout voir. Au début, j'ai cru qu'ils étaient gentils, ils avaient de gros sacs et moi je suis allé voir, j'ai pris un coup de manche de fusil sur les naseaux, j'ai eu très peur et je suis devenu méfiant. Mais rien n'y fait quand ces gens sont lâchés dans la nature, il faut de vrais murs pour vous protéger, je languissais mon box. Un jour, ou plutôt un matin dès que le soleil est apparu, des coups de fusil ont résonné de partout et pan ! J'en ai pris plein l'encolure, ils m'ont pris pour un lapin. Quand Mémère m'a vu, elle était sidérée, ils restaient deux chasseurs en haut du parc qui faisaient le gué, elle est montée. Je ne l'avais jamais vu comme ça, elle a mis le turbo, arrivée en haut, j'ai entendu des cris, des vilains mots de la part des chasseurs, quand elle est redescendue, elle pleurait, elle me disait que ce n'étaient pas eux qui m'avaient tiré dessu ; , mais si ! moi, j'ai vu et reçu surtout. C'est du plomb heureusement, il parait qu'ils tirent avec des balles, c'est un chevreuil qui me l'a dit et là c'est au Paradis qu'on se retrouve. Mémère me faisait de la peine. J'ai décidé ce jour là qu'aucun chasseur ne rentrerait plus dans mon pré, je ne suis pas un lapin .

Arrivé à notre nouvelle maison, il y a 12 ans, Mémère me rentrait tous les jours de chasse et me lâchait dans le jardin pour me dégourdir les jambes. Et bien même là, on m'a tiré dessus, ils ont aussi tiré sur les filles qui faisait de la balançoire dans le jardin clôturé par du grillage, les chiens et les chats restent enfermés à cette époque, il est interdit de se promener avec son berger allemand à pied comme à cheval. Non mais ils sont dingues ces chasseurs. J'ai un copain qui m'a raconté que son voisin un cheval de trait blanc a été tué, paraît qu'ils l'ont confondus avec un sanglier, ça existe les sangliers blancs qui mesure 1.70 m au garrot ??? Un autre, il a tellement eu peur qu'il a galopé comme un fou et n'a pas vu un trou de taupe, il s'est cassé la jambe et il est mort.

Comprends pas ! non je ne comprends pas ! mais je ne suis qu'un cheval. Une fois, il y en a un qui est rentré dans mon paddock et bien je suis parti après comme un tigre, moi un cheval ! il a tellement eu peur qu'il a courru et sauter les 3 rangs de barbelés comme à la télé sans l'aide de perche. Je me suis transformé en tigre comme ma Mémère qui de maman, se transforme en louve et leur foncent dessus pour leur demander d'aller tirer plus loin. Hélas, tout ça ne sert à rien, ces gens sont méchants et très peu évolués. Ils tirent tous les samedis sur des volailles d'élevage, je les connais bien ces bestioles, elles ne savent pas voler, elles viennent vers nous pour manger du grain dans les crottins, elles ont peur des renards et des humains. Hidalgo les protègent contre les renards mais Mémère nous rentrent tous les soirs et le week end pas de parc, box ... Le lundi, il n'y a plus ces jolis faisans, ils sont soit mangés par les renards, soit tués par les humains, ou mort de peur dans un coin.

Toutes les années, nous avons des copains chevreuils. Cette année, on a eu que la maman qui a fait deux petits, nous sommes les "tontons", entre Juin et Juillet, on garde les petits pendant que la maman va manger. On monte la garde, cela fait 7 ans que je fais ça, mais Hidalgo lui a pris ce rôle très au sérieux. Faut le voir quand maman renard vient donner des cours de chasse à ses petits, avec comme proies les faons, Hidalgo les chasse comme un diable, si bien que tous les gens du quartier viennent voir le spectacle, un cheval garde du corps. Après ce grand dadais va faire des roucoulades à la maman... mais c'est une chèvre sauvage, bêta !!! rien n'y fait cette année, il est amoureux d'une chevrette, j'attends de le voir marcher comme elle, les 4 jambes raides, c'est rigolo, moi je ne sais pas faire. Amélie a réussi à les filmer, hélas pas de photos pour vous.

Mais l'automne est arrivé, le parc s'est réduit à un paddock de 6 000 m2 contre la maison. Hidalgo appelle sa chevrette, elle vient manger le foin avec nous et se dresse sur ses postérieurs pour boire dans l'abreuvoir automatique. Voilà, un matin, c'est des pétarades de tous les côtés, nous, on est au box mais je ne peux pas m'empêcher de penser à la chevrette et ses jeunes, où sont-ils ? Le lendemain, Mémère nous lâche mais la chevrette est partie pour où ?? il n'y a que le Dieu des animaux qui peut le savoir, Hidalgo est triste, un chien avec un grelot rentre dans le paddock, Hidalgo se jette dessus, le chien évite les sabots de justesse, heureusement il n'y avait pas son maître sinon gare aux plombs. Il y a beaucoup de chiens qui traînent après les journées de chasse, des chiens idiots. Mais idiots comme pas possible, ils ont le nez au sol, aboient comme des fadas sans arrêt, chercher une proie sans comprendre que nous en sommes tous de la famille des animaux. Eux ils veulent plaire à leur cher maître, enfermés toute l'année dans des prisons appelées chenils, ils courent, quand ils trouvent la proie, ils n'ont même pas une caresse, mais par contre quand ils ne trouvent rien coup de pied en prime. Ils me font mal au ventre.

L'automne ce n'est pas que cela, heureusement !

L'automne plus de taons, de mouches ou de moustiques, il fait moins chaud, mais beau ; enfin sauf cette année où septembre s'est pris pour décembre, il a plu, il y avait du brouillard et surtout qu'est ce qu'il faisait froid, Mémère a augmenté les rations et "Chouette" voilà le retour de notre cher masch, avec du miel hum que c'est bon et le soir le box bien paillé, où l'on se vautre de tout notre long pour dormir coucher, heureux. Octobre a apporté le fameux Été Indien, ça tombait bien car à la maison, la famille recevait deux amis canadiens, là on est resté dehors jours et nuits sauf les nuits des samedis et dimanches, toujours à cause des tireurs fous, on nous sortait après le "Kovoso" comme le dit Mémère, quand tous les faisans étaient morts.

Les promenades ont pris une tournure que j'adore, on va aux champignons et oui ! Mémère met les sacoches, j'explique à Hidalgo que l'on va bien s'amuser, il ne comprend pas mais il est comme moi, impatient.
Alors ça commence par les champignons blancs, vous appelez ça des rosées des prés. Moi, je n'aime pas les manger, c'est pas bon, y'en a plein notre parc à cause du crottin, quelle idée ils ont ces humains de manger ce qui poussent sur notre ....... Mais ce qui est amusant , c'est la manière dont Mémère les ramasse, comme l'herbe est haute, elle se met debout sur la croupe et cherche, moi aussi je cherche, c'est à qui trouvera en premier la tâche blanche.

Par contre, elle déteste perdre, si c'est moi qui trouve en premier, je démarre et je m'arrête pile poil devant, mais qu'est ce qu'elle a été en colère surtout la première fois où j'ai réussi à la devancer, faut dire que debout sur mon dos, elle ne tient pas à grand chose et si je démarre, ..... non je vous assure, je n'y avais pas pensé, ... elle m'a traité "d'andouille bénie".... c'est quoi une andouille ? et de plus bénie ? Fallait pas que je lui montre que je rigolais, mais quand même les fesses dans l'herbe haute à pas savoir où se trouvait la terre du ciel, elle était chouette la Mémère, je n'ai plus recommencé. Maintenant quand je trouve le premier, j'y vais au pas, elle a le temps de se remettre en selle ; faut que j'y fasse attention à ma Mémère, elle est comme moi, plus toute jeune. Hidalgo ne veut absolument pas qu'on lui monte sur la croupe, il est terrorisé, il y a encore pas mal de choses qui lui font peur. Mais il essaye de manger les champignons, car pour lui tout ce qui est dans les sacoches ça se mange, raté... t'as beau faire le flegmen, c'est comme avec le camembert que tu avais pris, c'est dégueu ! voilà ce qui arrive quand on est assez souple pour se servir dans les sacoches que l'on a sur le dos.

 

Mais ce n'est pas tout, il y a meilleur....

Les châtaignes, je n'aime pas trop mais j'en mange quand même, Hidalgo en est friand, au début il cherchait à les prendre mais il se piquait les naseaux, je lui ai expliqué la bonne technique. Selle, sacoches, cavalières et nous voilà partis, quand elles ont trouvé des belles bogues, elles descendent. Là commence la rigolade, au début on est sympa, moi j'ai la faveur d'être en liberté, Hidalgo suit Mémère.

Moi je suis Audrey. Elle rigole sans arrêt, quand elle a une belle châtaigne, c'est pour moi, mais ça l'amuse, elle me l'a montre passe derrière moi, sous mon ventre, elle fait le pitre, et moi je sors tout ce que j'ai appris révérence, salut, mise à genou, elle rigole tellement que hop ! je la coince contre moi, techniquement parlant : flexion de l'encolure, je ne la relâche que lorsqu'elle me donne la châtaigne, c'est notre jeu à nous deux. Avec elle, je fais ce que je veux elle est toujours d'accord même quand c'est des bêtises.

J'ai montré à Hidalgo comment il fallait faire avec Mémère, j'ai un peu des remords car il m'a bien obéit et c'est fait gronder, mais je le soupçonne de recommencer de lui même, il se sent bien dans ses sabots maintenant et il a compris que Mémère quand la blague est rigolote, ces hauts cris sont du pipeau.

Donc Hidalgo suit Mémère, elle écrase du pied une bogue, et délicatement avec les doigts elle essaye d'attraper la châtaigne dans une position de poule, tête en bas et fesses en l'air, là un léger coup de tête dans le postérieur et vlan ! plongeon de notre Mémère chérie, mains premières dans la bogue et ......... c'est rigolo, non !!! elle a grondé Hidalgo, il lui fait ses yeux de velours, et croque la châtaigne, maintenant il se penche avec elle, et lui montre les bogues pleines sans y mettre le nez. Lors d'une cueillette, il ne la fait plonger que deux ou trois fois, moi je faisais ça plus souvent, c'est pourquoi maintenant je suis en liberté. Un jour on était tout seul elle et moi, elle en avait tellement marre de mon "humour chevalin" qu'elle m'a laissé tout seul sur le chemin, comme ça, le temps que je réagisse et malgré les 20 poneys juste à côté et qui nous regardaient, je l'ai vu partir en courant dans les bois, j'ai foncé derrière elle, .... j'ai eu peur ... Je croyais qu'elle m'abandonnait, elle a rit et pleuré, elle a dit que c'était bien la première fois qu'elle voyait un cheval suivre sa cavalière au lieu d'aller vers ses congénères, moi je ne sais pas qui c'est les congénères.

"Le poil long, les bains de boue, le bonheur est dans le pré " El Gato

Du côté du Bearn, il y a deux potes à nous Golfo et Duende, parait qu'ils pourraient faire la culture de radis sur leur dos, tellement ils aiment la boue. Ben nous, on en a jusque dans les trous des oreilles. Faut voir le sourire de Mémère lorsqu'elle a fini le décrassage... le sourire de la mort comme dit Hidalgo, elle a de la terre même sur les dents, dans le nez. Je suis sûre qu'elle aime ça notre amazone à voir comme elle frotte fort .... HI HI HI

En septembre, on a fait notre poil d'hiver, mais le soleil d'octobre nous fait transpirer dès les premiers pas, quand on rentre hélas le soleil est déjà derrière la montagne. Mémère nous met alors des couvertures, une horreur, c'est vrai ça nous fait sécher le poils, mais j'avais espéré que les voisins (Câline, Crin Blanc et Fuento) ne nous voient pas ainsi .... raté, maintenant ils nous appellent les moines. Mon image en a pris un coup, pourvu que Mémère ne montrent pas les photos, j'ai comme un doute.

Au fait, la toux est revenue. C'est quand même pénible, pas de quinte, pas de fièvre mais on tousse tous les deux en coeur. Au début, on a été très malade, la première semaine de foin, Mémère l'avait mis dans le râtelier du paddock, et là comme l'année dernière, chaque fois que l'on prenait une bouchée, on respirait dans le foin, super bon, mais super irritant. Deux "tubars" même en promenade, on n'en pouvait plus et que je tousse et que je tousse. Mémère a viré au vert comme à chaque fois qu'on est malade. Télépathie ou 6ème sens, son regard s'est posé sur le râtelier. Le foin a été mis par terre.

Mais là, il y a un problème avec moi, ben ouais ! parait que je suis un gros "porc" ! et qu'avec l'âge je ne m'arrange pas ! moi je dis que c'est elle qui n'y comprend rien. Comme on est deux, elle fait deux tas de foin assez éloigné l'un de l'autre, j'ai pour habitude d'aller faire.... pipi sur un tas et après d'aller manger l'autre, c'est moi le dominant, Hidalgo a le foin pas beau et Na !! Mémère ne le voit pas de la même manière, elle m'a grondé plusieurs fois et pas que de la voix, rien à faire, j'aime ça.

Alors vicieuse, elle a mis des pneus, elle a fait des sortes de planchers avec 4 ou 5 pneus attachés les uns aux autres et pose le foin dessus, quand j'y suis allé pour faire mon pissou ; je me suis pris les pieds dedans. C'est un vrai piège à "..." j'ai failli tomber moi avec tout ça, elle est contente, le foin est protégé, du coup je me venge sur Hidalgo. Il a dû se plaindre, il m'a dit que le dominant, c'était Mémère, ouais mon pote mais quand elle n'est pas là, tu verras !!!

Pendant notre semaine de soin pour la toux, nous avons eu notre sirop tous les matins, il est à base de réglisse, je déteste. Bien sûr Hidalgo adore, il tète la seringue comme un biberon, à lui les mots doux et à moi les baffes, faut dire que j'ai un truc, Mémère me remplit la bouche avec cet horrible sirop, ça gonfle et dès qu'elle enlève la seringue, zou comme un lama, je recrache tout mais bien dirigé vers sa tête..... elle enrage car après elle part travailler, m'enfin c'est elle qui a dit que c'était bon le réglisse, alors de quoi elle se plaint.

Le soir, on a droit à la cuillère de miel, y a même un monsieur qui a fait cadeau de deux gros pots pour nous. Là on s'amuse bien, avec Hidalgo, on coince Mémère, le pot et la cuillère dans chaque main, le temps qu'elle enfourne la cuillère dans la bouche de l'un, l'autre s'attaque au pot, et elle n'a que deux mains alors.... Quand le premier a sa dose, elle donne au second, le pot étant caché à présent, le second lui fait des mamours mielleux. Elle adore, mais elle ne nous le montre pas, elle rentre vite à la maison les mains en l'air et toute collante....

On a eu notre première neige, avec Gogo, on déteste, mais ce qu'il y a de bien c'est qu'au box Pépère a mis de la chaleur dans les abreuvoirs comme ça on peut boire sans problème.

Enfin après l'automne, l'hiver et là on n'aime pas mais pas du tout.

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