CHEYENNE

un conte de fée qui vire au cauchemar

18 mois
18 mois
3 ans

 

Lorsqu'on achète un cheval, pour nous, c'est pour toute sa vie. Mais voilà que notre rêve tourne au cauchemar.
Nous avons acheté Cheyenne à l'âge de 18 mois (voir chapitre Achat), Cheyenne est une half quarter, qui ressemble beaucoup à son père Kay Star Créator magnifique quarter horse palomino, sa mère que nous n'avons jamais pu voir, est un vrai mystère. Cheyenne est d'une couleur rare et inconnue, (elle est dorée couleur sable avec des crins blonds et alezans)par son "éleveur-maquignon" qui recherchait la couleur palomino et l'a vendu au début de l'hiver, ses écuries étant pleines.

Nos routes se sont croisées et la voilà à la maison, Cheyenne a été séparée de sa mère à 6 mois et a vécu avec d'autres poulains au milieu des vaches de Seine et Marne. Quand elle est arrivée, elle était très proche de l'homme, voir collante, mais elle connaissait peu de chose de la vie d'un cheval. C'est El Gato qui a abandonné sa couronne d'étalon et s'est transformé en papa pour lui montrer les plantes qu'il ne faut pas manger, comme le fil électrique dont il faut se méfier et surtout ne pas appeler Maman, les charolaises voisines même si la couleur était la même, elle était un cheval.

Cheyenne a les qualités du quarter, très proche de l'homme, le cheval-chien, et d'une vitesse au démarrage impressionnante.

2 ANS

Sa vie à la maison était basée sur une éducation à la voix, un long travail en main, puis en longe et aux longues rênes. Pour prouver son bon caractère, lorsqu'on nous avons décidé de la monter (4 ans), je l'ai tout simplement enfourchée et je suis partie en promenade derrière El Gato, excellent maitre d'école. C'était sa récompense, comme elle était tardive, elle adorait les promenades, s'arrêtait à chaque promeneur pour dire bonjour. Elle était si belle que tout le monde l'adorait.

2 ANS ET DEMI

3 ANS

5 ANS

Pourtant, malgré notre choix de ne jamais la forcer, elle ne sautait que des troncs d'arbre dans la nature, et travaillait sur cavalettis de moins d'un mètre. Vers ses 6 ans, en stage, je faisais des reprises galop 6 de dressage, un peu de trec et de promenades.

En fin de la saison de chasse, un jour vers 17 h, je suis allée chercher les chevaux au parc pour les rentrer à l'écurie. J'ai eu la surprise de trouver un fer devant le portail du pré et une grande balafre dans le sol avec un autre fer. Cheyenne avait arraché deux fers un antérieur et un postérieur, n'ayant aucun témoin, nous avons supposé qu'un chasseur avait tiré très prés et les chevaux effrayés s'étaient emballés et à la vue du portail, il y a eu freinage ou chute ou on ne sait pas. Cela ajoutait à un accident qu'elle a eu à l'âge de deux ans, elle est montée sur une tonne à eau et tout a basculé. La pouliche s'est retrouvée coincée sous la tonne pleine, avec l'antérieur gauche pris dans l'essieu et l'antérieur droit de l'autre côté en extension. Après des heures bien pénibles pour la sortir de cette situation, le vétérinaire n'a diagnostiqué qu'une déchirure musculaire mais des disques du dos avaient été touchés et avec le temps le résultat ne s'est pas fait attendre.

Conclusion, aucune blessure apparente mais depuis ce jour, Cheyenne a commencé à boiter (voir chapitre ostéopathie), malgré des soins et des soins, l'esprit très gamin de notre jument et surtout notre terrain en pente, ont fait conclure à nos vétérinaires amis, et notre ostéopathe, qu'il fallait se séparer de notre jument qui nous revenait très cher en soins, et avec El Gato qui prenait ses 19 ans, il fallait s'attendre à un surcroît de frais. Il serait impossible à Cheyenne de guérir chez nous.

FARNIENTE A L'ABRI

RÉVÉRENCES

ESPIÈGLE ET CURIEUSE

Nous avions décidé de mettre notre jument à la retraite chez nous, quitte à nous priver de promenade, puisque cela faisait déjà 2 années qu'il n'était plus question de travail en reprise.

Sa boiterie venait d'un problème de garrot, l'ostéopathe intervenait fréquemment mais dès qu'elle allait mieux, elle faisait la folle dans le parc en pente et la voilà de nouveau boiteuse.

La solution ? je sais que dans le milieu du cheval, on vend le vieux ou le boiteux et on achète un nouveau sans se préoccuper du sort de l'ancien.

C'était aller tout droit contre mes principes de respect de la vie et de l'animal. Mais la santé de Cheyenne ne dépendait que de notre terrain, déménager ? impossible. Alors un jour, à bout de force car j'en faisais une véritable déprime, mon mari comme mes enfants sachant que Cheyenne était pour moi un membre de la famille, ne sont pas intervenus et m'ont laissé seule prendre la décision. Cheyenne doit partir ?

Rien que de vous écrire ces mots, j'en ai le coeur encore tout serré.

Pas question d'abattoir, pas question d'euthanasie puisqu'elle ne souffrait que lorsqu'elle était dans cette montagne, pas question de la gaver de produits pharmaceutiques, cache misère, qui l'empêcheront de souffrir mais ne la guériront pas. Alors j'ai passé mon lundi (le 13 juillet) à téléphoner à la France entière. J'avais pris la décision que Cheyenne irait soit dans une maison de retraite, soit chez un éleveur pour faire des petits, condition première : terrain plat, plus de travail, pas de selle qui comprime le dos.

J'avais trouvé un éleveur en Loire Atlantique. A l'écouter, il faisait le trajet le lendemain pour la prendre. Il faut dire que je ne vendais pas Cheyenne mais que je la donnais en échange d'une retraite heureuse. Mon esprit logique m'a poussé à téléphoner au haras de la circonscription d'où était cet éleveur. Une dame charmante, devant cette interlocutrice en larmes à l'autre bout de la France, m'a conjuré de ne pas donner ma jument, l'élevage était minable. Puis elle m'a conseillé de ne pas donner Cheyenne car on pouvait me promettre de la garder et au bout d'un certain temps la vendre à la boucherie tout bénéfice pour le soit disant bon Samaritain. Mais comment vendre une amie ???

J'ai abandonné l'idée de l'élevage, les maisons de retraite ne prennent pas de jeunes chevaux, Cheyenne avait 8 ans ou alors il fallait payer une pension. Si nous avons nos chevaux chez nous, c'est pour le plaisir mais aussi parce qu'ils nous reviennent moins chers.

A la fin de la journée, j'étais réellement désespérée et à bout de nerf. J'ai même téléphoné aux marchands de chevaux de ma région. Le dernier que j'ai appelé, sortait tout droit de l'irréel, 32 communications téléphoniques et voilà qu'à 40 km de chez moi ,un monsieur, marchand de chevaux de son état, me proposait de voir ma jument. C'est bête, mais j'ai fondu en larmes, il était très ennuyé devant mon cafouillage, mais il était certain que ma jument boiteuse serait soit une poulinière, soit une demoiselle de compagnie. Miracle......je ne pouvais pas le croire...."Demain, c'est le 14 juillet, pouvons nous aller vous voir ?" "Avec plaisir, venez en famille, nous parlerons de l'avenir de Cheyenne" même son nom, il l'avait retenu. C'est fou. Un espoir, j'appelle mon amie Nanou, un oeil exercé dans le domaine des marchands m'aidera bien.

Le lendemain matin, nous débarquions tous les 5, chez Monsieur Fort. Les installations étaient très propres, il y avait des prairies tout autour et toutes plates avec de la belle herbe.

J'avais apporté avec moi tout le dossier de Cheyenne, et j'ai expliqué son problème de garrot. Il l'a trouvée magnifique. Je lui ai demandé s'il pouvait s'engager par écrit que ma Cheyenne ne soit vendue qu'à des personnes gentilles et devienne soit poulinière soit cheval de compagnie. Aucun problème, chaque fois qu'il aurait une proposition, il m'enverrait les candidats et c'est en commun accord que Cheyenne ira chez son futur propriétaire. Il viendra demain emmener Cheyenne, et la mettre dans ses prairies juste devant les écuries. Mon mari n'acceptant pas qu'El Gato se retrouve seul, ainsi que nous tous, a demandé à voir les chevaux à la vente que ce Monsieur avait (voir chapître Achat). Après avoir choisi, Hidalgo, Monsieur Fort m'a promis de venir le lendemain amener Hidalgo et prendre Cheyenne.
Le jour J, j'ai passé ma matinée à laver et bichonner ma jument, mon mari est allé à son travail et les filles chez les grands parents. C'était très difficile à vivre, j'avais avec moi Nanou et Sandrine qui savaient ce que j'allais endurer et ne voulaient pas me laisser toute seule.

ET SON AMIE SAM

Cheyenne brillait, quand le camion est arrivé. Hidalgo a été déchargé et mis directement dans le box ,volet clos, j'avais trop honte de ma trahison et je ne voulais pas que Cheyenne le voit. El Gato était devant sa porte du parc avec Câline, inquiet et hennissant sans que Cheyenne ne lui réponde, c'est une indépendante.

Monsieur Fort a rempli mon contrat promettant un avenir à Cheyenne. Puis il m'a dit que pour le bien de la jument, il fallait que ce soit moi qui la fasse monter dans le camion. Malgré toutes les promesses et tous les avis comme quoi c'est la seule solution, j'ai eu l'impression de monter à l'échafaud. Cheyenne toute heureuse d'aller se promener est montée comme une reine ; mais moi j'en suis descendue comme une loque et purement sur le chemin je me suis assise et j'ai fondu en larmes si bien que même Monsieur Fort en a été troublé, il est parti discrètement après une accolade amicale. Mes amies m'ont relevée et m'ont emmenée voir le nouveau, qu'elles trouvaient magnifique. Tout au fond de moi, j'avais une plaie béante au coeur, mais éternelle maniaque du cheval propre, Hidalgo a été immédiatement shampouiné, sa queue égalisée, et promené en longe. Il allait avoir une quarantaine de 10 jours avant d'être mis avec El Gato et Câline.
Gato a henni longtemps encore. Puis il s'est intéressé au nouveau. Le nouveau qui a pris immédiatement le rôle du troisième et dernier de la troupe.

J'ai eu plusieurs appels de personnes intéressées par Cheyenne, J'ai appelé souvent Monsieur Fort ou son épouse qui prenait le temps de m'expliquer toutes les facéties de la jument qui ne boitait plus et qui était la chouchou des personnes âgées du village où ils se trouvaient tant par sa gentillesse et cette couleur dorée qui attirait l'oeil. Mes fidèles amies sont mêmes allées la voir, sans prévenir, et m'ont confirmé qu'elles l'avaient vu faire la folle avec 2 hongres ibériques.

Monsieur Fort n'était pas pressé de se séparer de Cheyenne, il attendrait la bonne personne, qui est arrivée avec le printemps suivant. Une Personne qui habite la Drôme, elle est tombée amoureuse de Cheyenne, elle fait de "l'élevage de chevaux crème et surtout d'Akhal Téké" du moins elle essaye. Elle me téléphone le soir même de sa rencontre avec la jument, elle est emballée, elle semble sincère et après une bonne heure de téléphone, je crois que Cheyenne a trouvé sa nouvelle famille. Cécile me promet que si Cheyenne ne peut pas faire de petits, elle la gardera sans problèmes car elle a des terrains plats, une jument si gentille trouvera sa place en tenant compagnie à d'autres chevaux.

CHEYENNE EN TETE SUIVI PAR EL GATO, CALINE ET ULYSSE (un âne)

Pendant un temps, Cheyenne boitait par intermittence mais tant qu'elle n'était pas montée cela devenait de plus en plus rare. Hélas, elle a appris l'affreux "tic de l'appui" même au parc pourquoi ? manque de soin, manque d'affection sûrement. Elle a été présentée et mariée à Peïnar, pur sang Akhal Téké, mais Cheyenne ne l'a pas aimé, peut-être pense t'elle encore à son El Gato, qui sait. Je m'étais promis d'aller la voir, ce que j'ai fait cet été 22 juillet 2001, on n'efface pas 6 ans et demi de vie commune comme ça. Mais qu'elle ne fut pas ma stupeur d'apprendre que la jument a été vendue 10 jours avant mon passage comme par hasard ; vendue comme cheval de promenade et de randonnée à un cavalier. La personne qui l'avait acheté ne trouvant pas d'utilité à la jument comme poulinière l'a mise au repos, comme les maquignons qui laissent au repos des chevaux accidentés, ceux-ci ne présentent plus de boiterie pendant les premiers mois qui suivent la vente. Cheyenne avait un contrat écrit, pour la protéger des mauvaises personnes, sous des airs très aimables, cette dame n'en a fait fi et elle qui a acheté cette jument 5 000 F le prix de la pension de 5 mois, et l'a vend 20 000 F sans papiers, (sinon ceux d'une adhésion à une association de chevaux crèmes) boiteuse et avec le tic à l'appui (vice rédhibitoire). C'est une honte, quand j'ai entendu cette femme assurer devant mon mari et mes enfants qu'elle aimait bien ses chevaux, mais elle n'a pas hésité à envoyer son vieux Ducan devait faire "la meule" dans un ranch à promener les touristes, au lieu de s'ennuyer dans son pré avec les poulains.... Deux accidents ont frappé ses écuries, deux jambes cassées, c'est terrible, mais immédiatement elle nous parle d'assurance, je plains sincèrement la propriétaire qui avait confié son cheval à cette dame dont le coeur est dans son porte-monnaie, dont le regard fuyant confirme tous les mensonges accumulés. Je pense qu'elle devrait se limiter et arrêter de prétendre qu'elle est une excellente éleveuse de chevaux "akhal teke" ne connaissant ni la langue russe et me basant sur la montagne de mensonges et de réelle incompétence, je vous dirais d'être très méfiant si on vous présente un produit de la Drôme dont le seul avantage est son prix. Peut-être que Cheyenne a échappé à la malédiction de cette écurie, jamais deux sans trois, peut-être que ces nouveaux propriétaires sont gentils mais ils devraient savoir toutes les difficultés qu'a rencontré notre pauvre Cheyenne, peut-être que ces douleurs se sont calées au repos mais l'avenir me laisse pleine d'angoisse, si vous les connaissez, ils habitent Saillans près de Crest dans la Drôme, j'ai ses coordonnées mais la fameuse dame m'a donné tellement de consignes à ne pas franchir. Je me réserve le droit de faire un jour une petite visite, si je reçois des messages anonymes menaçants. Je sais que vous êtes très nombreux à suivre cette histoire et votre soutien m'a fait très plaisir.

Cette histoire, je tenais à la raconter car si les maquignons méritent leur réputation peu engageante, il faut aussi se méfier des petites personnes à la voix doucereuse qui promettent beaucoup mais qui ont moins de parole que les premiers cités. J'ai gardé tous les doubles des documents de Cheyenne, les soins comme le contrat. Il n'y a pas toujours une fin fatale pour un cheval boiteux, il mérite que l'on se batte pour trouver la bonne solution même si elle vous en coûte à vous, au niveau affectif, il ne faut pas être égoïste.

Cheyenne ton étoille veille sur toi.