EL GATO ET LES ENFANTS EN DÉTRESSE

un cheval à la maison reçoit une éducation très différente de ce qu'on peut imaginer en club ou autre.

Confier une petite fille, même avec une bombe sur la tête, à un animal aussi imposant qu'un cheval, demande beaucoup de travail de confiance et un cheval parfaitement aux ordres.

 

J'ai toujours aimé les animaux, j'ai toujours fait tout ce que je pouvais pour les aider. A la naissance, de mes enfants, j'ai continué à m'occuper d'animaux en détresse et surtout de chevaux, mais en tant que maman ayant le grand bonheur d'avoir deux filles magnifiques et en bonne santé, j'ai voulu de façon très humble, aider des parents et leurs enfants en détresse.

Mon El Gato ayant une éducation très fine, obéissant au même titre que mes chiens, à la voix et ayant une confiance absolue en moi et moi en lui, j'ai offert quelques petites minutes de bonheur à des familles qui en étaient bien trop privées.

Je ne donnerais pas les vrais prénoms et il n'y aura pas de photos, certaines choses se font dans la discrétion et l'amour tout simplement.

heureux le père El Gato

L'histoire, la plus marquante, a été la rencontre avec Jérémie. Il avait 9 ans à l'époque, il était atteint d'un cancer des os de la mâchoire. Après son deuxième cycle de chimio, il a refusé le 3ème au grand désespoir de sa famille et de ses médecins. Mais un enfant qui ne veut plus, ne peut pas encaisser un tel traitement sans son consentement.

A mon travail, il y avait sa grand mère, qui un jour de grosse déprime, m'explique toute l'histoire de son petit fils, de son rêve de chevaux, car elle savait que j'en avais 2, les parents de Jérémie avaient fait le tour des clubs de la région et personne n'a accepté un petit garçon sans cheveu sur un poney ou un cheval même pour 5 minutes et en payant... pas d'assurance parait ....!!

Sur les paroles de Mamy Rose, j'ai tout de suite réagi, viens à la maison, y a pas de problèmes.

En cachette des parents, Mamy Rose amène Jérémie et son petit frère, mes deux filles étaient présentes, je leur avais dit pourquoi ce petit garçon n'avait plus de cheveux, mais les enfants ont cette faculté de s'adapter à certaines situations plus facilement que nous. Moi j'avais la boule dans la gorge mais j'ai réussi à garder le sourire.
Je présente Jérémie à mon El Gato, après caresses et distribution de carottes, je demande à Jérémie de brosser les jambes d'El Gato, un geste que tous les enfants qui voulaient monter sur son dos se devaient de faire par respect pour le cheval.

Mamy Rose me fait les gros yeux, Jérémie est si fragile. J'explique à Jérémie qu'El Gato lui fait un honneur de se laisser monter et que la moindre des choses, c'est de lui faire un peu sa toilette. Dans ces cas différents, la différence c'est nous qui la faisons, en restant logique et en laissant parler l'instinct maternelle, je donnais à Jérémie une petite responsabilité et cela le valorisait. Bien sur El Gato était propre comme un sou neuf, puisque le matin même il était passé à la douche et au shampooing, histoire de ne pas rajouter un nouveau problème à la santé de Jérémie.

Après l'avoir seller et brider, je lui explique que l'on restera dans le rond de longe, car il ne sait pas monter et qu'il faut apprendre avant d'aller se promener dans la forêt. Il faut laisser parler son coeur mais pas faire par pitié gratuite des choses qui pourraient être dangereuses, ne serait ce que la fatigue très vite venue pour Jérémie, et moi j'ai juste dit que comme j'étais à pied, je voulais m'assoier un peu pour souffler...

Il accepte trop content de voir son rêve d'enfant se réaliser, monter sur un cheval.

En selle sur Gato, je lâche le cheval, Jérémie tient les rênes longues et je marche devant, Gato me suit comme mon ombre, pas de souci de ce côté là, depuis leur naissance, il a mes filles sur le dos et sait parfaitement qu'un enfant c'est notre trésor, il obéit.

Quand je demande à Jérémie de tourner à gauche, je sais que Gato va le faire de lui même, mais Jérémie lui y croit et c'est bien ça le plus important....

Mamy Rose fait des photos, l'appareil servant à cacher ses larmes.

Après un bon goûter, c'est la séparation, Jérémie embrasse Gato, plus tendre qu'un caramel, mon cheval sait, j'en suis convaincue, et je lui dis qu'El Gato va l'attendre pour une autre "leçon" et qu'il compte sur lui.

Le lundi suivant, Jérémie retourne à l'hôpital avec ses parents. La surprise des médecins quand Jérémie leur annonce qu'il est prêt à faire sa 3ème chimio.."Cest parce que Gato m'attend" leur a t'il dit. Les médecins ont interrogé les parents qui n'y comprenaient rien eux aussi, à cette histoire de cake... et le soir Mamy Rose a raconté toute l'histoire du gentil petit cheval du nom d'El Gato (le chat en espagnol) que Jérémie a monté et qui a redonné le goût de se battre au petit garçon.

Jérémie n'a pas été le seul à profiter de la gentillesse de mes animaux. Nous avons eu aussi la visite de Clément, autiste, qui avait 11 ans. Il suivait un traitement assez lourd dont de la kiné pour le faire bouger et surtout ouvrir les mains. J'ai rencontré cette famille durant une promenade, pendant que l'on parlait du temps et de la région, Gato plongeait son nez dans le fauteuil roulant de Clément et lui chatouillait le ventre... l'enfant souriait mais d'un sourire tout triste. Les parents se sont épanchés et m'ont raconté leur détresse, j'ai donc proposé que s'ils passaient dans le coin de venir dire bonjour au cheval.

C'est quelques temps plus tard, lors d'une nouvelle rencontre, qu'une chose si simple pour nous et si miraculeuse pour eux c'est produite. Laissant mon El Gato papouillait à sa façon le petit garçon, on se tenait à un petit mètre d'eux, une petite intimité pour Clément qui sous les assauts affectueux de mon pépère, a ouvert tout seul sa main pour le caresser entre les naseaux si doux... Devant les doigts tendus, les parents sont restés muets et moi je me suis dit : "pourvu qu'il ne donne pas un coup de dent sans le faire exprès... " mais non, Gato ne cherchait pas à manger, à sa manière il communiquait avec Clément. Voyant l'état des parents, ceux-ci m'ont expliqué que Clément de lui même n'avait jamais réussi à ouvrir sa main, c'est par la kiné et en force que cela se faisait...

El Gato a été un déclic, Clément aimait tous les animaux, et avoir un cheval n'était pas possible en appartement par contre, ils ont acheté un chien, et Clément a recommencé et a fait d'autres progrès dans la communication. Un animal ne juge pas le handicape tout le monde le sait, et beaucoup plus de parents devraient faire appel aux animaux pour aider leur enfant.

Je me souviens aussi d'une petite Charlotte trisomique qui devait avoir 5 ou 6 ans, je la voyais de temps en temps en promenade et je m'arrêtais toujours pour lui permettre de caresser El Gato, un jour elle s'est mise à hurler, j'étais terrifiée, j'ai pensé qu'El Gato aussi le serait, pas du tout, il est resté calme à côté de la petite fille assise dans l'herbe, ses parents m'ont rassurés, ce ne sont pas des cris de douleur même si ça y ressemble beaucoup, elle exprime sa joie, moi je n'avais pas compris mais mon cheval si.

Ouf, comme quoi, tout le monde a son langage et à force de m'appliquer à comprendre les animaux, je m'aperçois que je commence à comprendre les humains qui n'ont pas le même langage codifié que les autres...

JIM à gauche et POLKA ci dessus

 

Mes chiens aussi ont aidé deux petites filles qui étaient terrorisés par la gent canine. Je n'avais jamais vu d'enfants avoir autant peur d'un chien que ces deux petites filles, qui n'avaient jamais été mordus ou agressés par un chien...

J'ai profité d'une sortie de classe, elles étaient en classe avec Amélie, je faisais l'accompagnement, El Gato portait le casse croûte des 15 enfants et Jim et Polka faisaient partie de la promenade. Cramponnées à moi, elles étaient complètement effrayées et ne profitaient absolument pas de la sortie, les chiens faisaient des aller-retours entre les enfants sans se soucier d'elles.
Au bout d'une bonne heure à sursauter à chaque passage de chien, il fallait traversait une grande route. J'avais confié El Gato a un petit garçon qui vivait littéralement sur un nuage, comblé par cet honneur.
Mes deux chiens étant parfaitement obéissants, auraient bien pu rester près de moi pour ce passage délicat, mais j'ai eu l'idée de leur mettre une corde à chaque collier et de les confier à Aurélie et Maude, j'ai d'abord eu de grosses larmes puis je leur ai expliqué que la vie de mes chiens dépendait d'elles, qu'ils pouvaient se faire écraser sur la route et qu'il fallait que quelqu'un les protège.... après pas mal d'hésitations, les copains réclamaient les cordes trop contents d'avoir un chien à eux, elles se sont décidées à faire l'impensable au début de la journée.
Du coup en accord avec l'instit et l'autre maman, on a fait un peu plus de chemin au bord de la route, sans circulation, en pleine campagne c'est normal, et sous un quelconque prétexte, je leur ai demandé de garder encore un peu les chiens en laisse, elles y ont gagné en grands coups de langue, ni Polka ni Jim n'ont tiré sur les cordes, eux aussi avaient compris, que les petits cris, les larmes mais la détermination dans les yeux des jumelles étaient le premier signe de leur envie de faire confiance en cet animal, si démonstratif d'affection.

Les chiens ont retrouvé leur liberté assez vite, sinon on avait la guerre entre les enfants qui voulaient tous s'occupaient d'eux. Et le soir au moment de la séparation, quelle ne fut pas notre surprise de voir Aurélie et Maude pleuraient en embrassant Polka et Jim, elles pleuraient de chagrin de se séparer d'eux. Je leur ai fait promettre de ne pas penser que tous les chiens étaient comme ceux là mais qu'il fallait qu'elles se résonnent et regardent mieux les chiens, ceux qui n'ont pas de bonnes intentions le montreront tout de suite et elles ne s'en approcheront pas.

les chiens comme les chevaux doivent avoir un bon dressage à l'obéissance, et ils seront tous de parfaits compagnons.

Si je devais écrire toutes les petites aventures que j'ai vécu dans ce domaine, il y aurait trop de pages à remplir.

Aujourd'hui, ce que j'aimerai faire c'est exaucer un rêve d'enfant malade, comme faire monter une petite fille en amazone sur El Gato ou Hidalgo avec une belle robe ou un petit garçon façon cow boy... je sais qu'il existe des associations mais sur Grenoble je ne connais personne.

Par contre, je tiens à mettre en garde les jeunes qui voudraient faire aussi ce genre de démarches, mettre un enfant handicapé ou malade ou simplement un très jeune enfant sur un cheval demande non pas des diplômes mais une sérieuse connaissance des animaux et des chevaux entre autre, il faut toujours avoir un membre de la famille avec soi, il ne faudrait pas pour faire plaisir qu'un drame arrive, El Gato comme Hidalgo ont une très très fine éducation, ça prend du temps et de la patience avec beaucoup d'amour.