Le Re-Dressage de Filoselle(1)

Mutin

Mutin-le-Merveilleux m'ayant quittée, comme vous savez, j'ai cherché un cheval… ou plutôt, j'ai attendu qu'il se présentât.
Ce qui fut fait très vite. On m'a proposé une jument " merveilleuse, au pré depuis deux ans, Selle français, 15 ans, certes, mais pas du tout usée, des papiers excellents, finaliste à 3 ans aux modèles et allures, très bien dressée, au piaffer, aux changements de pied ", etc. etc.
Je l'ai prise à l'essai vers le 20 octobre. Merveilleuse, elle l'est par le caractère : gentille comme on n'en fait pas (sauf Mutin), sûre, attentive, confiante, pleine de bonne volonté, facile à vivre, ni troublée ni moins encore déprimée de passer de ses 3 hectares de prairie à ses 9m2 de box.
Nous avons fait connaissance pendant quatre jours, puis je lui ai posé la selle d'amazone sur le dos. Aucune réaction de surprise ou de méfiance. Je me suis assise sur la selle, tout enculottée de jean que je fusse ce jour-là et je lui ai demandé quelques pas. La demoiselle qui n'avait pas été montée depuis deux ans, qui ne connaissait évidemment pas la selle de dame, a parfaitement compris et réagi. Les quelques pas, elle les a donnés de grand cœur, elle a opéré un assez joli demi-tour sur mes indications, elle est revenue se coller au montoir pour me permettre de descendre sans problème, elle n'était même pas étonnée.
Ce que voyant, le lendemain, je l'ai montée au pas durant une vingtaine de minutes. Mêmes réactions. Pas de problème.
Le surlendemain, je décide de la présenter montée à mon compagnon. Pas, trot (quel trot !!! je comprends le résultat aux " Modèles et Allures ", un trot souple, élastique, d'une amplitude exemplaire), incurvations, départs au galop, allongements et transitions faciles, bref, tout passe. Mon humeur au baromètre dit " Beau temps et enthousiasme ".
Encore deux ou trois jours de ballade en forêt, tranquilles, du pas essentiellement, pour qu'elle se réhabitue au poids. Je la sens si sûre que je ne m'inquiète pas du tout de sortir seule.
Et puis, je commence travailler, gentiment, mais sérieusement….
… Et les choses se gâtent. Je crois que j'ai compris pourquoi. Vous le saurez dans mon prochain billet.

Filoselle cool à la détente
Filoselle aérienne au trot (elle n'a aucun pied au sol); où l'on voit le résultat de deux ans de pré: gros ventre et arrière-main démusclée.
Au galop, avec les mêmes stigmates du pré. L'enrênement que j'utilise à la longe est celui que prônait Nuno Oliveira. La gentille Filoselle en a bien besoin pour... à suivre!

Rosa (Danièle Rosadoni)

 

Le Re-Dressage de Filoselle (2)

Avant de vous expliquer le pourquoi, sans doute dois-je vous expliquer, non pas le comment, mais le quoi, à savoir ce que j'ai constaté lorsque, commençant à travailler Filoselle, il m'a semblé que les choses se gâtaient, et se gâtaient sérieusement.

En vrac : la demoiselle s'appuyait sur son mors, pesait à la main, se mettait sur les épaules, se branchait à gauche dès que je remontais sur les rênes, fuyait à droite de façon inconsidérée et presque incontrôlable dans l'épaule en dedans à gauche, ne répondait absolument pas aux aides du galop… J'en oublie... Bien sûr, on se dit tout de suite que la jument est désorientée par la monte en selle de dame et qu'il lui manque une jambe de cavalier à droite.
Admettons. Mais alors, pourquoi aurait-elle été si facile et si docile lors de notre toute première séance ? Je me suis entêtée, j'ai tenté, retenté, insisté, résisté, persisté... Mais non, rien à faire, elle ne reculait pas, n'enclenchait pas, ne [voir ci-dessus]-ait pas. Je me suis résolue à califourchonner (enlevez mentalement alifur du mot précédent) et j'ai constaté qu' " avec des jambes " - mais quelles jambes! d'acier, de fonte, de granit -, je finissais par me faire comprendre. Vous aurez noté, je pense, mes guillemets d'ironie. Que ne peut-on faire " avec des jambes " !

Pauvres chevaux, si sensibles et si fins, que l'on déforme systématiquement en les habituant à réagir à des jambes grossières au point qu'ils en arrivent à méconnaître leur finesse originelle! Je me rappelle souvent ces mots du Maître Nuno Oliveira: " Relaxez vos jambes! Relaxez vos jambes! " ou encore " On parle souvent d'avoir une bonne main, on ne parle pas assez d'avoir une bonne jambe ".
Eh bien, ils n'avaient pas une bonne jambe, les cavaliers précédents de Filoselle et, hélas, ils n'avaient pas non plus une bonne main. Si j'acceptais de la " tenir ", 20 kg dans chaque main, voire 40 à gauche, et de " mettre des jambes ", des jambes agitées, imprécises, souvent exagérément reculées, la brave petite me récitait gentiment ce qu'on lui avait appris. Conclusion atterrante: " avec des jambes ", on peut bricoler et cochonner. Ce qui nous est heureusement épargné en selle de dame.

Soit, mais que faire pour Filoselle?

A suivre... Danièle Rosadoni "Il aura fallu des photos pour attirer mon attention sur un autre problème dont, pourtant, j'aurais dû m'aviser. Je me suis flagellée, rétrospectivement, de n'y avoir pas pensé plus tôt. Saurez-vous détecter ce problème? Solution dans le prochain numéro."

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Il m'aura fallu les photos de Lydia (celle-ci en est une, ce n'est pas la plus évidente, mais j'ai effacé celles où la chose était trop criante) pour m'apercevoir d'un autre problème qui n'avait rien à voir avec le dressage de Filoselle. Saurez-vous le nommer ce problème?

 

Le re-dressage de Filoselle (3)

Donc, la jument " très bien dressée" s'avérait une jument mise de travers où tout était à reprendre, à remettre en place, à redresser, avec ou sans trait d'union. Mais Filoselle, gentille, appliquée, ne pouvait être blamée, encore moins punie, de faire si bien et de si bon cœur, ce qu'on lui avait si mal enseigné.
Alors, la solution ? Passer six mois, ou plus, à califourchon pour la déconditionner peu à peu des aides brutes ? Je n'en avais pas le courage. M'obstiner en amazone au risque de m'éterniser à un niveau élémentaire ? Ce n'était pas une motivation bien affriolante. J'ai choisi le parti, discutable puisque, s'il est moins éprouvant pour moi, il n'en cumule pas moins les inconvénients des deux méthodes, de la monter alternativement en selle anglaise et en selle de dame et de ne pas insister en amazone sur les aides problématiques que je ne les eusse d'abord véritablement allégées à califourchon.
Bien, mais plus facile à décider qu'à réaliser. Allez donc vous passer de vos jambes ou même, disons, de votre jambe droite alors que vous les avez de part et d'autre, ces lourdes prothèses ! Et vous avez beau éloigner la jambe du flanc de votre cheval, il est presque impossible d'en éloigner la cuisse qui entretient la sensation d'une présence agissante. Ma Filoselle habituée à sentir à chaque foulée de galop des jambes insistantes a évidemment tendance à interrompre l'allure, même lorsqu'elle en a compris le départ à l'assiette, dès que les aides n'agissent plus. Qui plus est, intelligente et douée de sa " mémoire de cheval ", elle repasse au trot ou au pas à toutes les lettres qui marquent une transition dans les reprises orthodoxes qu'elle a déroulées en concours. Donc, réutilisation fréquente de la jambe pour éviter cela, donc déprogrammation constamment annulée par ce qui ressemble à une reprogrammation.
Nous savons, nous, les humains cavaliers, qu'il est plus difficile de perdre nos mauvaises habitudes que d'en acquérir de bonnes. La tâche est titanesque pour un cheval qui n'a, lui et par définition, aucune mauvaise habitude puisqu'il ne fait que réciter - et si gentiment - ce qu'il a appris. Soyons conscients, avec une acuité sans faille, que tout ce que nous faisons à cheval s'imprime dans l'esprit et le corps de notre compagnon, définitivement. J'y aurai gagné de connaître à califourchon une concentration supérieure, moi qui, avec Mutin, recueillais là distraitement ce que j'avais mis en place en amazone.
Vous vous demandez où nous en sommes aujourd'hui? Eh bien, à suivre...
Danièle Rosadoni

Le problème est résolu sur cette photo du trot. Pour mieux exercer votre sagacité, je vous propose deux allures différentes (c'est de la triche! oui, je sais). Vous trouvez? Je vous dirai tout dans l'épisode 4.

 

 

Toujours léger appuyer à gauche, croisement des antérieurs.Peut mieux faire et fait mieux. Mais il faut capter la seconde ad hoc!Le costume était revêtu ce jour-là pour accompagner mentalement mesamies des Belles de Mai et leur spectacle à travers le temps.
Croisement des antérieursMême à la détente, Filoselle ne se fait pas prier
Léger appuyer à gauche, croisement des postérieurs
Le Re-dressage de Filoselle (4)

Intermède dans le feuilleton : voici ma réponse à la devinette que je vous ai proposée dans le dernier épisode. J'avoue avoir un peu triché en ne vous montrant pas les photos les plus criantes… que j'avais effacées tellement j'avais honte de ne pas avoir senti cela de moi-même.
De fait, je montais carrément sur les épaules de Filoselle. Son gros ventre faisait glisser la sangle vers l'avant et entraînait la selle également vers l'avant. Or je suppose que vous avez toutes en mémoire " le " texte qui fait autorité sur la question déterminante de la place de la selle sur le dos du cheval. Etre assis sur la 13ème dorsale, clé de voûte du rachis, là où le cheval porte le plus naturellement et le plus facilement, et non sur la 9ème comme on s'est mis à le faire en équitation moderne, à l'endroit où l'élévation apparente de la ligne du dessus n'est due qu'aux apophyses épineuses alors que le rachis commence à plonger vers le bas, ce qu'il faut compenser par l'utilisation abusive des fameuses jambes.
Ce texte, qui explique le point de vue et les raisons lumineuses du Dr Dominique Giniaux, fondateur de l'ostéopathie équine, que j'ai eu le bonheur et l'honneur de fréquenter, c'est moi qui l'ai écrit et, n'ayant cessé de m'y référer partout et toujours, j'eusse dû être la première à m'aviser de ma selle trop en avant. Honte à moi. Merci aux photos de Lydia.
J'ai donc recouru à la croupière pour maintenir la selle à sa place ce qui a considérablement amélioré les choses et pas seulement sur le plan esthétique dont vous conviendrez avec moi qu'il est plus satisfaisant sur la photo du trot. Filoselle, son garrot libéré, ses apophyses cessant de s'entrechoquer sous l'effet du poids, a découvert qu'elle pouvait ne plus peser à la main... parfois, de temps en temps.
Oui, de temps en temps, car ce n'est pas une croupière qui élimine toutes celles qu'avait taillées son dressage. Cet exemple apporte une nouvelle confirmation à ce que je crois avoir compris et que je vous annonçais dans mon 1er billet. Lorsque Filoselle est toute neuve, vierge en quelque sorte - la 1ère séance en selle de dame, les 1ères demandes en amazone, les débuts de la croupière -, elle répond avec justesse et facilité. Mais lorsque les demandes se répètent, que cela s'inscrit dans le travail, elle retrouve ses anciens réflexes de travail, ses souvenirs, ses habitudes et il faut la décontaminer.
Du coup, vous vous demandez toujours où nous en sommes aujourd'hui? Patience, les filles, patience! C'est long une décontamination.
A suivre...
Danièle Rosadoni

Le Re-dressage de Filoselle (5)


Je vous dois des explications : au retour des vacances dernières, en septembre 2009, j'ai eu un accident, pas spectaculaire, mais quand même assez grave.
Donc, j'arrivais, impatiente de remonter ma Filoselle après une longue absence. Je venais juste de lui dire bonjour. J'entends quelqu'un m'appeler sur la carrière. J'accours, une amie semble en difficulté avec son cheval, elle a mis pied à terre, je me précipite et saute par-dessus la lice.
- " Non, non, pas toi, il faut un homme, appelle Philippe ".
Ok, je re-saute par-dessus la lice… et me réceptionne sur l'épaule droite. Je reste quelques minutes à me rouler par terre tout en disant à l'amie doublement affolée : " Ce n'est rien, ça va aller ".
De fait, je me relève, je cours alerter Philippe et je me dis que monter à cheval va arranger cette douleur. J'attrape le licol… aïe !… et je constate qu'il m'est strictement impossible d'utiliser mon bras droit. Non pas douloureux - enfin, oui, bien sûr, douloureux aussi - mais strictement impossible.
La kiné consultée (j'étais en traitement chez elle pour mon épaule gauche, après y avoir été pour une belle entorse au printemps) m'envoie chez le médecin, qui m'envoie chez le spécialiste, qui m'envoie à la radio, puis à divers examens dont j'ai oublié les spécifications et le verdict tombe : " La coiffe est rompue ". J'ignorais ce qu'était la coiffe.
Je commence une longue suite de nuits que la douleur pourrit, je prends une longue suite de médicaments de plus en plus forts, dont les fameux anti-inflammatoires qui, eux, me pourrissent l'estomac jusqu'aux vomissements de sang.
Cela étant, j'apprivoise un peu mon nouvel état et, avec l'aide d'un ami dévoué qui me selle Filoselle, je monte parfois, doucement, en me coinçant le coude droit dans le creux de la taille. Je fais même un jour, fin novembre, une petite démonstration pour l'une d'entre vous. Mais, évidemment, je n'ai pas beaucoup d'observations techniques à vous transmettre.
Vers le 10 décembre, en pleine nuit, aggravation brutale, dont il apparaîtra après le nouveau parcours d'examens, qu'elle est due à la rupture du biceps. Cette fois on me met sous morphine. Sans doute celle-ci m'a-t-elle aidée, dans un premier temps, grâce à son effet antalgique, mais j'ai beaucoup pâti des effets secondaires, les micro-endormissements en voiture et à cheval étant les moindres de ces effets qui culminèrent avec une crise d'intolérance dont je suis ressortie avec 6 kg de moins et une terrible faiblesse.
Alors ? Et maintenant ? Comme je vous le disais à la fin de l'épisode précédent : " patience, les filles, patience, c'est long une décontamination ". La décontamination morphinique étant acquise, il y a maintenant à récupérer et la fille et la jument. La suite au prochain épisode. Danièle Rosadoni

Notre grande amie Rosa vient de perdre sa petite Aricie, adorable petite chienne...

Nous connaissons toutes l'horreur de perdre un animal que l'on aime, et sommes de tout coeur avec Rosa.

en attendant, voici une belle photo de Filoselle au regard bienveillant.

 

"Ainsi avons-nous travaillé en liberté dans le rond de longe, avec l'enrênement Oliveira pendant toute la période où mes épaules criaient grâce. Filoselle aérienne: j'adore la voir en lévitation, aucun pied au sol. Si vous comparez avec les toutes premières photos, trouverez-vous comme moi que la jument a un peu changé? "

 

 

Le re-dressage de Filoselle (6)


Il m'a bien fallu m'accommoder de cette épaule en vrac et de ce bras droit inutilisable. Impossible de longer, même à main gauche si toutefois j'avais eu l'idée saugrenue d'imposer cette conduite déséquilibrée à la pauvre Filoselle.
J'ai donc tendu un fil pour matérialiser un demi rond de longe (lequel, en entier, est chez nous un ovale, une super-ellipse de 13 x 26 mètres) et j'ai enseigné le travail en liberté à Filoselle munie de l'enrênement Oliveira.
Brave gentille jument ! Elle a parfaitement compris de quoi il s'agissait, jusqu'au reculer à la voix, jusqu'au " Change ! " sur lequel elle change de main en opérant une demi-pirouette du plus bel effet, jusqu'au "Viens me voir " sur lequel elle me rejoint aussitôt au centre du rond, de quelque allure que ce soit.
Nous avons travaillé ainsi pendant des mois, du moins lorsque le rond de longe était accessible. Par temps de gel, notre manège n'ayant pas le droit d'accueillir la longe ou le travail en liberté, j'ai califourchonné (sans alifur, par obligation, cf. épisode 2), et d'une seule main.
Que croyez-vous qu'il arriva ? Si nous étions à la fin d'un billet, je vous laisserais sur le gril jusqu'au prochain chapitre. Mais non, ce ne fut pas le re-dressage qui creva ni le passé qui se raviva. Peut-être s'habituant au travail à la voix avait-elle eu le temps de réfléchir, de comprendre et assimiler quelques-unes de mes aides.
Début mars, avec toujours l'aide d'Alain pour panser et seller, je remontais deux ou trois fois par semaine. Vous vous souvenez ? Je devais vous dire où nous en étions maintenant ? Eh bien, nous en étions à des départs au galop obtenus sur le bon pied, à juste, presque sans hésitation.
Un jour, tout heureuse de ce bon résultat, je vais donner sa 2ème leçon à une nouvelle élève. Son cheval, assez mal éduqué, ne veut pas rester immobile au montoir. De ma main valide, je le maintiens… enfin, je crois le maintenir, mais il se met debout et m'envoie en l'air, au sens propre hélas, m'arrachant l'autre épaule… Oui, vous avez bien lu…
Tout recommence. Les insomnies, les douleurs, les gestes impossibles et, cette fois, la monte en amazone où la main gauche est prépondérante totalement intolérable. Une certaine symétrie retrouvée, mais dans la souffrance et l'impuissance. Que croyez-vous qu'il arriva ? Cette fois, nous sommes à la fin du billet et je vous laisse sur le gril jusqu'à la prochaine fois.

Danièle Rosadoni

"A la mi-mai, par un jour froid de printemps, me revoici à cheval. Je ne fais pas de miracle, mais quand même!... Que croyez-vous qu'il arriva? Vous le saurez au prochain numéro."

 

Le re-dressage de Filoselle (7)

 

Ce qui arriva ? Que le pire où j'étais m'apporta le meilleur. Car enfin, depuis des mois et des mois, si j'étais parvenue à m'accommoder de mon état, à trouver des ruses et des parades pour y faire face, je restais handicapée et souffrante.
Ma nouvelle élève, indirectement responsable de mon désormais double handicap, sut me convaincre de recourir à une thérapeute spécialiste de médecine traditionnelle chinoise. Celle-ci, à coups de massages, acupuncture, décoctions et autres, me rendit en deux mois l'usage de mes bras. Grâces lui soient rendues, à elle, à Elena et même à Guerrero le cheval arracheur d'épaule, puisque je suis désormais sur la voie de la guérison.
" Sur la voie de ", une voie assez lente évidemment, ralentie encore par la disparition de ma petite chienne Aricie, laquelle m'a envoyé un uppercut en plein cœur.
Mais… oui, le meilleur… quand même. Je ne sais si la mort d'Aricie y fut pour quelque chose, mais mon ami l'écuyer Eric Augereau m'annonça tout à coup qu'il serait là le lendemain. Eric…, l'ami, le frère, le modèle, le complice, le professeur avec qui j'ai eu la chance insigne (encore une !) de travailler pendant deux ans quand il habitait Chantilly. Il a désormais une vie familiale et équestre qui le retient en Normandie ou ne l'en éloigne que pour donner des stages.
Or il arriva, un vendredi ensoleillé de juin, après avoir monté deux chevaux et fait trois heures de route, souriant, affectueux, disponible,.comme s'il n'avait rien d'autre à faire que regarder, qu'observer Filoselle et son amazone, leur donnant toutes sortes de conseils, d'avis, d'appréciations. Journée bénie, riche, enivrante que j'ai marquée d'une croix blanche et qui signa ma renaissance.
Eric repartit après nos six heures de bavardages incessants, essuya les embouteillages, dut monter encore deux chevaux à son retour chez lui et, le croirez-vous ?, il eut l'élégance de me remercier pour cette journée. La grande classe !
Même si je dois interpréter au filtre de son amitié les compliments qu'il a formulés sur Filoselle et mon travail, je suis sortie de cette journée rassurée, re-dynamisée, ré-énergisée, bref, dans l'état de renaissance dont je vous parlais ci-dessus.
J'ai donc beaucoup travaillé cet été, toujours avec l'aide indispensable dont j'ai besoin pour seller et je vous raconterai mes dernières observations dans mon prochain billet.
A suivre, Danièle Rosadoni


Le Re-dressage de Filoselle (8)


On en parle, elle nous empoisonne la vie, mais existe-t-elle vraiment cette fameuse loi des séries ? Moi qui jouis d’une santé de fer, moi qui n’ai eu que trois rhumes et une demi-grippe dans toute ma vie, moi qui ai toujours bénéficié d’une chance dite insolente, depuis l’adoption de Filoselle (depuis le départ de Mutin ?), j’ai collectionné une grosse entorse, une attaque de maladie invalidante, les épaules fracassées, soit au bas mot 14 mois sans pouvoir monter vraiment, la perte de ma petite Aricie, pour ne rien dire de divers accidents secondaires comme un coup de genou dans l’œil.

Et voici la dernière : pendant les quinze jours passés en septembre auprès de mes amies Les Belles de Mai, j’ai confié Filoselle au copain qui m’aidait fidèlement depuis la survenue de tous mes problèmes. A mon retour, il m’annonça benoîtement qu’ »elle lui en avait fait une belle ! ». Il l’avait attachée court, avec une longe de licol, à la lice basse de la carrière « juste le temps d’aller chercher une longe plus longue dans sa voiture ».

Ici, je fais un exercice de yoga pour vous narrer la suite sans hurler, suffoquer ou succomber à une attaque d’apoplexie. Naturellement vous avez deviné que Filoselle se sentant prise trop bas « a tiré au renard, elle a arraché la barre de lice à laquelle elle était attachée »… et je n’en ai pas entendu d’avantage car le copain a enfin compris devant mon air effaré qu’il avait commis une bourde majuscule.

De fait, lorsque je l’ai mise au trot, Filoselle boitait, et gravement. En l’absence de « mon » ostéopathe, j’en fais intervenir un autre, très coté sur la place de Chantilly, qui daigne se déplacer pour les beaux yeux d’une amie (elle a effectivement des yeux magnifiques !), manipule et recommande quelques jours de repos. Au bout d’une semaine, Filoselle boite toujours, un peu moins peut-être, mais elle tombe nettement sur le diagonal gauche et les beaux yeux de mon amie ne suffisent pas à faire revenir l’ostéopathe, ni cette semaine-là ni la suivante.

Mon ostéopathe chéri étant de retour, il vient aussitôt voir la miss, effectue ses manipulations, détecte entre temps des problèmes dentaires à soigner d’urgence (alors que la dernière visite du dentiste date du mois de juin !) et recommande quelques jours de repos… à la fin desquels Filoselle boite toujours, un peu moins peut-être… etc.

3ème visite de l’ostéopathe, 3ème manipulation, Filo n’a toujours pas retrouvé sa régularité de pendule… J’allais vous dire qu’on en était là. Mais je sors régénérée d’une opération (bénigne) aux yeux, je viens d’adopter une adorable petite whippet qui fait oublier à Sirène la disparition d’Aricie et peut-être que… peut-être … croisons les doigts, on dirait que …, attendons le prochain épisode.

Danièle Rosadoni

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Portraits chevaux