BAZARETTE (1998)

CONTE DE NOËL 2007

Les chevaux ont leur habitude, sur un parc de plusieurs hectares à telle heure, ils seront là, à l'autre heure ici. Cela fait 3 semaines que nos deux gros ont changé toutes leurs habitudes. Ils ne vivent que dans le bas du parc, à l'herbe pelée, et délaissent le reste, ils couchent même là où les paysans ont coupé 5 gros arbres. C'est bizarre ! je descends voir leur nouvelle installation, rien de spécial, sinon que je n'aime pas trop les voir près de ces troncs au sol qui peuvent s'avérer dangereux pour eux.

Un dimanche après midi, on descend les voir, au lieu de rester avec nous, on dirait qu'ils en profitent pour aller manger l'herbe verte plus haut. Re bizarre, on s'assoie sur les troncs et on profite du soleil. C'est ainsi que l'on entend de drôles de bruit venant du tas de branches... Je croise deux petits yeux bleus et encore et encore... oh surprise un troupeau de ...... chatons... ! en pleine campagne, en plus il y en a un paquet. Tout est de plus en plus bizarre !
Je cherche, plus loin à quelques mètres de nous tapies dans les fougères, 3 minettes efflanquées. Je les reconnais, elles viennent d'une maison bien plus bas, où les propriétaires aiment les animaux mais ne donnent aucun soin, tout le monde est beau, tout le monde est gentil et advienne ce qu'il pourra, ces gens là se plaignaient d'être envahis par les fouines, tueuses de chats.
Les minettes ont senti le danger et sont venues faire leurs petits chez nos chevaux.

Que faire ??? nos chevaux ont monté la garde pour les protéger des renards c'est évident, mais maintenant que pouvons nous faire ? Ils sont sauvages, maigres à faire peur, les mères sont méfiantes, ils n'ont qu'un petit mois et combien sont ils ? que des questions et peu de réponses.
On pare au plus pressé, MANGER.
Mon mari remonte chercher une grosse boite de viande à chat et une cuillère.
A son retour, je me lance à la pêche au chaton, j'ai toujours eu des chats depuis mon enfance et j'ai une bonne pratique pour les attraper, une grosse cuillère de viande me sert d'appât, et hop les plus affamés et les plus curieux se font prendre, ça pète, ça crache mais devant la nourriture tout le monde se calme, Gabriel s'installe dès que les ventres sont pleins, ils cueillent les sauvageons qui ne font ni une ni deux et s'endorment dans la poche qu'il a aménagé devant son gros pull, voilà mon époux transformait en maman kangourou. Ça n'est fini pas, il y a encore des plus timides ou apeurés, à cette époque mon dos ne m'avait pas encore lâché, je rampe sous les troncs, plonge dans les branches et nous y voilà 11 chatons.... qui dorment dans le pull de Gabriel.

Maintenant que faire ? A la maison, nos deux vieux garçons gentils mais bien chez eux, ne vont pas appréciés toute cette smala.

A contre coeur, on va remettre tout ce petit monde dans leur nid initial, les chevaux seront les gardiens, on viendra les nourrir, et on va essayer de les apprivoiser afin de leur trouver une famille d'accueil.... beaux rêves, beaux projets mais c'était sans compter sur les mamans chats qui n'étaient pas contentes de notre intervention.

Après le souper, je me glisse hors de la maison pour aller voir notre petite ménagerie, Gabriel a eu la même idée, on est ennuyé de cette situation, ramener les petits chez nous ? mais les mères comment vont elles faire ? nos chats et elles vont se battre.... ? de toute façon, elles ont décidé à notre place, elles ont emmené toute leur marmaille, plus personne, vide .... sauf une petite boule blanche au fond d'un creux, j'arrache mon pull mais arrive à choper la petite bête... Je l'avais remarqué dans l'après midi, c'était la plus petite, la plus mal en point, des cernes comme des portes cochères, elle a été abandonnée par sa mère, trop faible... Pas d'hésitation on la remonte avec nous. Les deux tontons chevaux sont tristes mais du coup reprennent leurs habitudes passées.

Son visage blanc laisse voir toute sa faiblesse, troisième paupière, elle n'est pas brillante. Les intestins complètement en débâcle, je diagnostique le typhus... Immédiatement, nos deux gros chats immigrent à l'étage, ayant chacun un carnet de vaccination rempli de tampons, je sais qu'ils sont protégés mais il vaut mieux une deuxième précaution.

J'installe le chaton dans un nid à chat, sorte de niche à chat en tissu, elle ronronne, c'est fou comme une petite bête si petite si affaiblie fait autant de bruit, dès qu'on lui parle elle miaule, elle bavarde, elle n'est pas sauvage ou est ce la maladie qui la rend si douce ?....

Un peu de smecta, mais je sais que le lendemain il va falloir prendre une décision grave.

La petite chatte se vide, impossible qu'elle garde ce qu'elle mange, ça va très mal, pourtant elle a un regard si vif, elle est toute mignonne, comme un gosse elle cherche à jouer mais comme disait Coluche suivait la ligne jaune... elle tient tout juste sur ses pattes.
Je vais la descendre chez le véto.
Notre ami Philippe l'examine, confirme le typhus, si petite elle a peu de chance de s'en sortir, les yeux remplis de larmes, je lui demande d'abréger ses souffrances.... il la prend par la peau du cou, la regarde droit dans les yeux et me dit : " si tu as le courage de lui faire un traitement de cheval, avec un tel regard c'est une minette courageuse, elle peut s'en sortir". Ni une ni deux, je bondis sur la proposition, il me fait cadeaux des médocs et moi je me charge de lui faire des piqûres plus grosses qu'elle, deux fois par jour, j'adapte une nourriture spéciale intestins en débâcle... Une semaine à m'occuper d'elle pratiquement 24 h sur 24 h... On avait raison, cette petite chatte avait envie de vivre, dès la première piqûre elle cherchait à jouer, de plus elle miaulait chaque fois qu'on lui parlait, on l'a appelé Bazarette, (joli nom que mes amis camarguais m'ont donné, et qui veut dire pipelette).

Néron

Mes deux chats l'ont accepté mais sans plus, ses familiarités terrorisaient Néron (chat trouvé sur un chantier, abandonné à 3 semaines et nourri au biberon) Néron crème de chat, qui faisait le culte du coussin et avait peur de tout ce qui bougeait trop. Nina l'autre chat, seigneur de la maison était complètement dépité devant l'impertinente qui ne respectait pas ses feulements et sa mauvaise humeur... bref, il nous fallait trouver un foyer pour notre Bazarette.

Nina et Néron

Cela a été plus facile que prévu, et Bazarette est arrivée dans une gentille famille avec deux enfants,qui ont été ravis de cette petite crevette si intelligente et si gentille, mais comme tout le monde travaillait et allait à l'école, deux mois plus tard un labrador est venu tenir compagnie à notre minette des bois...

Bazarette a une vie de chatte de famille heureuse et comblée et nous on peut poursuivre nos sauvetages.

Les 10 autres chatons ? nous n'avons jamais retrouvé leur trace...mais au moins une petite vie a été sauvée.

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