qui dit solo, dit photo d'oreilles

SORTIR SEULE EN PROMENADE

Je reçois beaucoup de mails me demandant des conseils pour sortir en promenade seul.
C'est un problème récurent pour certains.

J'ai eu plusieurs chevaux en rééducation avec la peur d'être seul aussi bien au pré, qu'en promenade, je n'ai jamais eu d'échecs dans l'éducation ou rééducation.

La première chose que je dirai c'est que ça prend du temps, selon le degré de peur du cheval, si celle-ci a été causée par l'homme ou si c'est un manque de dressage.

Le point commun dans les chevaux qui m'ont été confiés, était de petits cavaliers, petits non pas par la taille, car un pesé tout de même 120 kg, mais des cavaliers avec peu ou pas de technique, de mauvais cavaliers souvent qui sortent des clubs, où ils n'ont fait que du manège, ils ont appris à sauter, à faire des épaules en dedans et à avoir peur.

Le cheval est peureux de nature, il a besoin de faire confiance, soit au groupe de chevaux, soit à son chef, soit à son cavalier.

Lorsqu'il est coupé de ces congénères, le cavalier devient son point de repaire, et si celui-ci est défaillant pour raison X ou Y, le cheval ne pourra pas s'en sortir seul

.

Les poulains sont faciles à éduquer, lorsqu'on a la chance de faire soi-même son débourrage et son éducation, on évite tous les écueils des professionnels qui font tout trop vite.
N'oubliez jamais qu'un bon cheval apprendra des tas de bonnes choses à votre cheval, mais qu'un mauvais apprendra lui aussi tout ce qu'il ne faut pas faire, tirer au renard, tiquer à l'appui, …. Tout s'apprend, commencez par le mettre dans un bon milieu.
Pour ma part, j'ai sellé ma jument le lundi, et le mardi je suis sortie en promenade avec mon mari qui était sur le cheval de tête sans aucun souci, les semaines suivantes, j'ai fait un travail en rond de longe, en longe ou en selle de 40 mn grand maximum, et j'ai toujours terminé par une sortie en extérieure pour " sécher ".
Au bout de 10 séances environ, je suis sortie seule sans El Gato et ma jument n'a absolument pas bougé une oreille, j'avais pris soin de ne pas la mettre en difficulté, et faire le même trajet qu'on faisait à 2.
En éducation, j'avais travaillé en main le passage du tracteur, du tractopelle, de la bâche et du troupeau de vaches, aucun souci une fois en selle.

Ensuite vous avez des chevaux qui ont eu des accidents, en général, il faut les reprendre avec un maître d'école, un cheval bien élevé, pour qu'ils reprennent confiance, et le schéma ressemble beaucoup à ce que j'explique ci-dessous.

Le cheval qui est trahi par son cavalier.
Pour lui : c'est le temps qui compte, le temps, le travail à pied et le travail sous la selle.
Il faut déjà que le cavalier se pose la question sur son niveau à lui, pourquoi a-t-il peur et de quoi ?
Moi j'avais peur avec les chevaux de club et je me suis juré que quand j'aurai mon propre cheval je lui apprendrai à être obéissant, j'avais 10 ans et je montais des réformés des courses qui étaient immenses pour ma taille et très puissant. En approfondissant un peu, j'ai essayé de savoir ce qui me faisait le plus peur dehors, et vous aussi vous avez connu ça : un grand champ plat, bien tondu, la reprise qui arrive au pas, on commence à serrer les fesses, on sent que dessous, c'est une bombe à retardement, (des heures et des heures sur son fumier et dans la poussière du manège), pour ce coureur des prairies que se passe t'il dans sa tête à la vue de cet espace sans barrière.
Ca commence toujours comme ça, il marche en crabe, il pose un beau crottin, un Pet bruyant et ouplà là on s'envoie en l'air, saut de mouton, coup de cul, cabriole, cavalier qui s'envole et vive la liberté….

Et le mono qui arrache la bouche de son cheval et qui nous gueule dessus en nous traitant de bon à rien…40 kg contre 600 chercher l'erreur…

C'est comme ça que s'ancre cette peur viscérale de la chute, encore que tous ces pauvres biquets vont faire une bonne galopette autour des cavaliers dépités et zou le nez dans la belle herbe et tout le monde peut remonter son fauve…

Mais quand on est seule, la chute, la fuite du cheval, tout ça conforte et renforce la peur de l'accident…
Il faut faire confiance au cheval mais celui-ci demande à avoir confiance en vous, et si vous n'êtes pas sûre de vous, inévitablement c'est l'échec.

Cet été, j'ai mis El Gato en totale retraite, du coup, j'ai pu réviser avec Hidalgo, tous les conseils que je donne régulièrement, il faut les adapter à chaque cas, chaque caractère du cheval mais aussi du cavalier, j'ai parfois plus travaillé le cavalier dans son mental que le cheval.

Mon premier conseil c'est de me poser la question par mail et de m'expliquer la situation, il n'y a pas de situation désespérée, et j'ai toujours réussi tous les chevaux que j'avais entrepris pour cette difficulté.

On n'a pas ce genre de problème avec un cheval seul, le problème survient quand ils sont plusieurs et ils ont pris l'habitude de sortir en groupe. Il y a le dominant et les dominés, Hidalgo est un dominé, d'ailleurs son surnom est " sauve qui peut ".
Facile, quand il était en tête et que quelque chose l'inquiétait, Gato passait devant, et il suivait, et roule Charlotte, pas envie de bosser, pas envie de me poser trop de questions, j'ai laissé faire.
Mais voilà, aujourd'hui, on sort en solo, déjà il a pris l'habitude d'être à la maison seul pour une séance de longe ou liberté, Gato restant à faire des vocalises au parc à 200 m.
J'ai pris l'habitude de faire le retour par la route, à cru pour le rentrer au parc, ce petit km a été le facteur déclenchant pour qu'il prenne confiance, 3 carottes en morceaux ont aidé pour le reste. A la fin, on est arrivé à une carotte et seulement à l'arrivée.

Du coup, Hidalgo sait qu'il peut me faire confiance, mais Gato me vole la vedette. El Gato étant absent, Hidalgo va forcément se rabattre sur moi. Le plein de carottes, le téléphone portable pour rassurer le mari, et nous voilà partit, le début du chemin, il le connaît bien, détendu, il allonge le pas, puis on prend une autre direction, à ces oreilles des tas de questions s'entrechoquent dans sa tête, il s'arrête et me regarde, grosses caresses, et on repart, une petite badine (anti recul), aide à remplacer les jambes (totalement absentes chez moi suite à mon handicape), je le monte souvent à cru, il le sait et ne peut pas prendre ça pour un prétexte de demi-tour, pourtant c'est le roi du demi-tour, mais interdit, la badine sera là pour stopper toute tentative négative . Mon cheval est très sensible à la badine ou cravache, juste le fait de l'avoir, il la craint même si je ne m'en sers jamais, le fait de la plaquer sur la croupe, il rentre la queue et avance.
On va de l'avant et la meilleure chose ce sont les rênes longues, totalement longues, à ça vous ajoutez la parole, facile pour les dames, il faut lui parler toujours calmement et souvent .
Vous restez au pas, on n'est plus en club où on nous impose quoi qu'il arrive, votre état physique ou mental on s'en moque, de marchez, trottez et galopez… NON on fait ce qu'on veut comme on veut.

Donc la première sortie se fera au pas, zen, on prendra des chemins connus, on évite la route autant qu'on peut et on refuse les demi-tours, les " teckels à poils longs " (cheval qui s'aplatit au point de toucher le sol avec les étriers), on ne crie jamais, on ne frappe pas.

On est à l'écoute de son cheval (chuchoter c'est mode, mais écouter c'est mieux), on reste sur les chemins, pas de champ et lorsqu'on sent son cheval hésitait, on n'attend pas qu'il se plante, mais on commence à lui parler, on lui laisse les rênes longues, on lui fait sentir la badine sur la croupe. Si tout ça n'arrive pas à le convaincre que la poubelle devant lui n'est pas un monstre, et bien la chose la plus simple à faire et de descendre son royal " popotin " du fière destrier et de passer devant lui et l'amener devant la poubelle, ça bloque on attend avec un légère tension sur les rênes en direction de la poubelle, (confort - inconfort) on a tout notre temps, il faut lui montrer, il faut qu'il sente, et il passera cette épreuve, touchez la poubelle, bougez là, et il va se dégonfler aussi vite qu'il l'a fait en sens inverse, dès qu'il fait un pas, on arrête la pression sur les rênes, et on caresse beaucoup.
Vous vous remettez en selle.

Les premières ballades seront peut-être barbantes, mais pour l'avoir vu, cavalier et cheval vont y trouver leur compte, Le cavalier peureux va devenir cavalier héros, le cheval qui doute, va prendre confiance. Le cavalier va comprendre son cheval, va voir ce qui lui fait peur et là où tout va bien. Voir son cheval d'en bas et pas toujours de dessus, ça aussi c'est très utile. Bien entendu cela est valable uniquement si on prend son cheval pour un être vivant ayant des droits, si vous êtes cavalier consommateur, le cheval objet… je ne peux et ne veux rien faire pour vous, c'est votre éducation qu'il faut revoir.

On arrive à une certaine complicité, Hidalgo, comme il a les rênes toujours longues, me regarde à chaque croisement, souvent je lui dis d'aller où il veut, " où tu veux " 3 syllabes qu'il comprend très bien, il choisit, il m'arrive aussi de choisir, et juste par le poids de l'assiette il sait où on doit passer.
Pour les allures, il est bien le seul à voir si le terrain convient à ses pieds, (c'est un ancien fourbu), il prend toujours un petit trot très confortable, et quand vraiment c'est la forme le galop, remplace le trot, je dirai presque sans le sentir…

Il m'arrive de faire le tour d'immenses prés communaux, rênes longues au pas, pas de cheval crabe ou péteux, un cheval calme et serein et quand j'ajuste mes rênes par contre c'est l'ordre du petit galop, il commence toujours dans le calme, je veille à bien reconnaître le terrain sans trous ou tertre de taupe, et on se fait des bonnes accélérations et un gym cana entre les balles de foin, on s'amuse, le truc c'est qu'il faut arrêter avant qu'il ne chauffe, car c'est un cheval et le jeu parfois entraine une excitation qui, chez Hidalgo se traduit souvent par une belle cabriole de joie qui ferait pâlir d'envie Vienne ou Saumur, mais moi je ne veux pas faire puzzle avec mes vertèbres et je le frustre donc de sa petite galipette

J'insiste sur le fait d'avoir des rênes longues, dès le départ, cela met le cheval face à lui-même, et on communique déjà assez nos émotions par l'assiette et les jambes, inutile de l'accable dans sa bouche.

Je recommande au cavalier qui a son cheval dans un petit pré ou box, de le détendre avant de le monter, il lui autorise ainsi de jeter son feu, et surtout de le défouler. Monter un cheval chaud et tendu en extérieur est la porte ouverte aux problèmes, un peu d'assouplissement et de détente, tout ira bien mieux pour tout le monde.

Le vent, les chasseurs, l'orage sont de vrais ennemis, le reste c'est de l'éducation, une poubelle, un tracteur ou un mouton ne sont pas des monstres et l'habituer en main est la meilleure solution.

Pour le cavalier vraiment craintif, faire la promenade à pied et le cheval en main, n'est pas une honte, on se moque du quand dira t'on, le but est d'arriver à nos fins, c'est-à-dire ne plus avoir peur.

Je vous conseille donc de m'écrire et d'exposer votre problème, on peut et on doit y arriver, par contre une seule race me pose problème réel, c'est les chevaux " appaloosa " ou croisé, un gène dominant les rend mal voyant plus ou moins jeune, et la seule solution envers un cheval avec une mauvaise vue, c'est de lui donner un guide en plus du cavalier, comme un chien avec un grelot… ça marche très bien, d'ailleurs le chien est pour d'autres cas est tout aussi utile, je ne le conseille pas tout de suite, car il faut un chien très bien éduqué et il ne doit pas remplacer le cavalier et devenir le chef. Par contre, hélas, quand on a un chien, il se fait très souvent attaquer par les chiens de ferme ou les chiens mal éduqués que l'on rencontre trop souvent en ballade, une chienne est plus passe partout dans ce cas...

 

L'avant et l'après promenade est très important,

 

il faut bien soigner son cheval, bien le panser avant, la douche est une récompense utile, il n'est pas question de lâcher un cheval au pré, le poil collé par la sueur, il faut masser le dos et au moment du retour au parc, voir qu'il se roule bien (condition de bonne forme : ni trop fatigué, ni douleur pour se relever) et s'assurer qu'il élimine, beaucoup de chevaux n'urinent pas en promenade, le cheval est pudique, et c'est le signe que tout va bien quand il se laisse aller chez lui... les 2 seuls fois où ma jument n'a pas uriné après la ballade, j'ai eu droit à des coliques.

 

et enfin le retour pour le vieux Gato qui va bouder pendant un bon moment,

ce n'est pas parqu'on n'est pas sorti qu'on n'a pas le droit à la roulade aussi, El Gato a son groupe de soutien qui lui parle pendant notre absence, j'ai appris à ses amis à faire la différence entre un hénissement de peur et un de colère... pas de doute, Gato est un râleur né.

 

 

 

promenade après la fugue

 

un bon tapis qui sent le cheval et une grosse chatte Sam qui rêve d'être un cheval

 

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