BANDOLIM PAGE 2

 

Janvier et février 2010


L'hiver a été long, très long, autant pour Bandolim que pour moi…

Les successions de pluie, neige et verglas ont écourté les sorties. Le poulain est saturé de manège, pourtant ce n'est pas faute d'avoir varié au maximum les activités que je lui proposais.
Une amie a initié le poulain aux longues rênes ( fixées sur le licol éthologique ). Il y répond très bien.
Il est extrêmement chaud lors des promenades, le moindre prétexte donnant lieu à des bonds et autres cabrioles que j'ai grande peine à réfréner.
Mais lorsque je le détend en liberté au manège, il se traîne comme une larve, avec un air d'abattement qui pourrait penser qu'il est terriblement fatigué. Il travaille parfaitement bien en longe dans le manège, et obéit au doigt et à l'œil, mais je n'ai pas encore la même maîtrise à l'extérieur, où il est à l'affût du moindre stimuli. Lorsque son copain de pré est en liberté avec lui dans le manège, ils ne jouent pas ensemble, mais déambulent lentement, chacun d'un côté…Il me font bien comprendre que c'est dehors qu'ils aimeraient être.

Je continue à le monter une fois par semaine, quelles que soient les températures : le record a été de -14 degrés. Après une vingtaine de minutes de détente aux trois allures en liberté, je fais des séances courtes ( entre un quart d'heure et 20 minutes ) mais intensives, où je lui demande de se mobiliser vraiment. J'ai dû effectuer une seule leçon de jambes, qui a suffit à ce qu'il se porte désormais en avant avec entrain. Il part à présent bien au galop du trot, sur ordre vocal et dans un tournant. En selle, il se montre très appliqué et attentif , c'est un vrai plaisir.
Ma coopération avec l'éthologue a pris fin, le poulain étant débourré. Nous allons nous orienter vers un travail plus classique, mais sans renier l'écoute et le dialogue mis en place précédemment.

Bandolim a changé dans sa morphologie : il s'est beaucoup éclaté au niveau du poitrail et a forci dans ses articulations. Pour la monte, je jongle avec les padds que je glisse dans l'amortisseur de dos pour ajuster au mieux l'équilibrage de la selle.
Il accepte de mieux en mieux le mors. Finalement, après les essais infructueux d'un caoutchouc, puis d'un résine, j'utilise un double brisure Sprenger en Aurigan et il semble s'en accommoder, surtout lorsque la mise en bouche du mors est précédée et suivie d'un sucre. Constatant que les oreilles étaient un peu serrées entre le frontal et la têtière ( notamment à cause de son abondante crinière de poney ), j'ai acheté un frontal plus large, afin de ne pas pincer la base des oreilles. Le dentiste viendra au printemps, j'en profiterai pour lui demander son avis sur l'embouchure la mieux adaptée et faire enlever deux petites dents de loup qui pointent et qui pourraient le gêner.
J'ai aussi fait l'acquisition d'une paire d'étriers à plancher large pour m'aider à fixer mon bas de jambes, et le résultat est concluant.

 

Journal de Bandolim - Mars et avril 2010

La dentiste est passée, Bandolim avait de nombreuses surdents qu'elle a râpées, ainsi qu'une dent de loup qu'elle a extraite. D'après elle, cette dent de loup a effectivement pu gêner le poulain dans son acceptation du mors. Je lui ai demandé de contrôler l'adéquation du mors actuel à la bouche du cheval, qui lui a paru bonne.

Pour que le check-up de printemps soit complet, j'ai aussi montré le poulain au vétérinaire-ostéopathe qui l'avait déjà manipulé en septembre dernier. Il m'a fait remarquer que Bandolim était beaucoup plus sage et calme que l'année passée, ce qui m'a fait plaisir m'a conforté dans ma manière de faire en matière d'éducation équine. L'ostéopathe a retrouvé un dysfonctionnement du caecum déjà présent l'année dernière, qui rend le galop à gauche difficile. Afin d'essayer de modifier le terrain en améliorant le fonctionnement intestinal, j'ai commencé à traiter le poulain à l'homéopathie avec les conseils avisés d'une personne très pointue dans ce domaine.

Je continue mes promenades en main avec lui, ce qui lui plaît beaucoup , notamment parce qu'elles sont ponctuées de pauses " " brouting ". Il est en général calme, curieux et attentif, sauf lorsqu'il doit passer à proximité des engins agricoles…Il a des réactions de terreur qui se manifestent par une fuite éperdue, que rien n'arrête, pas même la sévérité du licol Parelli…. C'est ainsi qu'il m'a échappé à la vue d'un tracteur qui s'approchait et qu'il a tenté de le faire en contournant une benne agricole stationnée sur un chemin, alors qu'il s'en était approché sans réticences particulières, il a brusquement réalisé que l'engin le dominait de toute sa hauteur, ce qui l'a fait paniquer. Lors de sa fuite, il s'est arrêté a proximité de la route très passante qui longe l'écurie .Si cela n'avait pas été le cas, je n'ose imaginer la suite…
A l'écurie circulent plusieurs tracteurs, il est donc au contact rapproché de ces derniers. Mais s'il parvient plus ou moins à maîtriser son inquiétude dans l'environnement sécurisant de l'écurie, il n'en est pas de même dans la campagne. Je travaille régulièrement la désensibilisation dans la cour de l'écurie, en l'amenant petit à petit tout prêt d'un tracteur vrombissant. Il me suit gentiment mais roule des yeux effarés et je le sens tout crispé, prêt à bondir au loin. Parallèlement, je travaille quotidiennement les exercices d'éthologie, notamment la cession à la pression, donner la tête, les passages étroits et le respect de ma bulle personnelle. Le but à atteindre étant que sa confiance en moi parvienne à supplanter sa peur panique et ce n'est actuellement pas le cas.

Les séances montées bi-hebdomadaires se passent toujours aussi bien. Nous travaillons actuellement la direction avec le filet, ce qui n'est pas encore acquis. Ensuite, j'irai vérifier la disponibilité et l'obéissance de Bandolim en promenade. Verdict le mois prochain !

 

Journal de Bandolim - été 2010

C'est l'été, le farniente est de mise et le respect de la périodicité de ce journal s'en ressent…

Bandolim passe toute la matinée au pré, fait une petite sieste en box aux heures les plus chaudes et une sortie sous forme de promenade en main, agrémentée de barbotages dans la rivière toute proche ou de travail léger en fin d'après-midi.

Il a un nouveau copain de pâture, puisque son compagnon habituel a pris ses quartiers d'été au pré intégral, dans un village voisin. Il s'agit d'un hongre haflinger de 17 ans, qui sert de nounou au poulain, car il ne peut pas rester seul. La cohabitation a l'air de se passer au mieux, même si cet écervelé de Bandolim cherche régulièrement à saillir le papy ! Lequel papy se défend avec véhémence, heureusement qu'il est déferré des postérieurs.

Au travail, j'ai la nette impression que le jeune cheval est en remaniement. Sa ligne du dessus s'est allongée et il manque actuellement de force pour me porter au mieux. Lorsque je l'ai acheté, j'avais le sentiment qu'il s'inscrivait dans un carré ; aujourd'hui je dirais qu'il s'inscrit plutôt dans un rectangle. Il a tendance à ambler au pas, ce qui signifie qu'il n'utilise pas correctement son dos. Certains jours, il rechigne un peu à se tenir tranquille au montoir, et ne travaille pas avec sa bonne volonté habituelle. J'évite de trop le solliciter ces jours-là. De toute façon, je ne monte que deux fois par semaine pendant une demi-heure environ. Il accepte très bien son mors, je n'ai qu'à le lui présenter et il le prend de lui-même en bouche. Il le mâchouille encore beaucoup, sauf lorsqu'il est concentré dans son travail.

La séance de travail est suivie d'une promenade au pas de 45 mn environ. Il a beaucoup à apprendre de ces sorties, notamment dans la traversée de villages, où la plupart des automobilistes considèrent le cheval comme un simple véhicule et non pas comme un être vivant, susceptible d'avoir des réactions imprévisibles. Dans la mesure du possible, j'essaie de l'habituer à aller en promenade avec et sans un autre cheval afin de ne pas le rendre dépendant de la présence d'un congénère. Jusqu'à présent, Bandolim s'est montré très obéissant et attentif, grâce à la présence à nos côtés d'une amie qui m'accompagne souvent à pied et dont la présence exerce un effet apaisant lorsque l'inquiétude gagne le poulain.

Ses sabots non ferrés vont relativement bien même sur les chemins empierrés des alentours. J'ai néanmoins une paire d'hipposandales en réserve, dans le cas où il peinerait de trop.

 

Journal de Bandolim - septembre 2010

Nouveau toisage du poulain, en cette fin d'été : 1.595m. Il n'a pas gagné en centimètres mais a forci, il a pris une vraie présence. Il devient adulte dans son physique. C'est d'ailleurs la remarque que qu'a faite le pareur naturel lors de sa dernière visite. Ce dernier est content de la qualité de corne du poulain. Il continue à travailler sur un parage favorisant l'élargissement des antérieurs au niveau des talons.

Cet été je suis passée très progressivement de une à deux ou trois séances montées par semaine et Bandolim semble s'y adapter très bien. Son dos commence à prendre de la force et son pas s'est amélioré. Les foulées amblées se font de plus en plus rares. Il prend le contact sur son mors avec confiance. D'ailleurs, lorsque je lui présente le filet, il prend volontiers son mors en bouche, sans que je sois obligée de glisser le pouce entre ses lèvres. Je continue à ne trotter qu'enlevé et à ne galoper qu'en suspension, afin de libérer au maximum l'arrière-main.

Monté à l'extérieur, il reste assez inquiet de son environnement, surtout lorsqu'il s'agit de traverser un village. C'est assez ennuyeux, surtout dans une région très urbanisée comme la nôtre. Sa phobie des tracteurs est toujours présente, j'appréhende le jour où nous serons obligés d'en croiser un dans un chemin encaissé…La plupart des agriculteurs du coin sont des céréaliers, ils ignorent tout du comportement des animaux et considèrent les chevaux comme de simples véhicules que l'on peut aborder et doubler sans précautions particulières. Sans compter les ressentiments que certains nourrissent à l'égard de cavaliers indélicats, qui traversent leurs cultures sans vergogne.

Aux longues rênes, le jeune cheval progresse bien. Je fixe les longues rênes sur son licol d'écurie, que j'ajuste parfaitement pour qu'il ne tourne pas. Je trouve ce montage efficace et il permet de préserver la bouche de toute action de main hasardeuse. Il y répond très bien ( mieux qu'au licol de corde, dont l'ajustage était plus lâche et les actions moins précises ).
Une amie qui a de l'expérience en la matière, vient de lui faire esquisser les premiers déplacements latéraux au trot ( au pas, ils sont acquis ). Le poulain la fait bien rire, car il commence toujours par tester sa détermination à le faire travailler, puis il finit par se mettre à l'ouvrage de bon cœur et se montre un élève appliqué. J'ai coupé une fine branche de noisetier qui sert de gaule et qui s'avère fort utile pour motiver et rappeler Bandolim à l'ordre, surtout lorsque ce dernier estime qu'une bonne roulade dans le sable s'impose, alors qu'il est harnaché et que le travail a commencé !

Journal de Bandolim- hiver 2010

Pour Noël 2008, je m'étais offert le plus beau cadeau qui soit : mon petit Bandolim. Voilà deux ans que nous partageons des moments forts, et je me dis qu'il est toujours le plus beau des cadeaux… En deux ans, il a suscité en moi toute la palette des émotions possibles le plus souvent positives et parfois négatives, mais jamais l'indifférence !

L'hiver est venu précocement, avec son lot de désagréments : pré impraticable, promenades trop rares, gel et glace.
Bandolim est d'autant plus chaud que les températures plongent. Avant de le lâcher au manège, je le fait marcher en main une demi-heure afin d'échauffer muscles et articulations. Il faut bien cela, lorsque le thermomètre affiche - 14 ° et que ses poils tactiles sont givrés de glace…Une fois en liberté, il se roule consciencieusement des deux côtés, s'ébroue et entame un rodéo où il se défoule à grand renfort de ruades et autres tours de manège ventre à terre. Après son quart d'heure de folie, je lui propose de travailler pendant environ une demi-heure, soit à pied, soit monté.
Il faut faire preuve d'imagination pour varier le quotidien de ce petit sauvageon de Bandolim, à qui deux sorties quotidiennes sont nécessaires pour évacuer l'énergie qui bouillonne en lui.

Au sol, il travaille très bien avec le licol éthologique et en liberté. J'obtiens presque toutes les figures avec et sans licol, il est de plus en plus connecté et attentif, c'est un vrai plaisir de le sentir évoluer en toute complicité. Il progresse aussi dans le travail aux longues rênes.
Actuellement, je le fais enjamber des séries de barres au sol, au trot et au galop. Je termine en général la séance par le saut d'un petit obstacle à chaque main. Il est très agile et porte la plus grande attention à ne pas toucher les barres, même lorsqu'il décide de rentrer au grand galop dans un dispositif prévu pour le trot... Il est très drôle : lorsqu'il pense avoir compris un exercice, il veut souvent l'exécuter à sa façon, ce qui n'est pas toujours très opportun.

Il a beaucoup de caractère, ce qui est une qualité mais c'est aussi usant, car il faut toujours être présente à 100%, sinon Bandolim impose ses propres règles du jeu. Il est particulièrement fort pour repérer toute faille et s'y engouffrer prestement. Il a tendance à remettre en question l'autorité, alors que j'essaie d'être rigoureuse et juste. Lorsque je lui dis " non ", je vois bien dans son œil qu'il se dit " peut-être " et il ne manque pas de réitérer sa tentative plus tard…

Monté, il évolue très favorablement, d'après la monitrice qui me fait travailler régulièrement.
Il comprend vite et est de bonne volonté. Il a un très joli trot et un excellent galop. Au pas, il a parfois tendance à se bercer latéralement lorsqu'il n'est pas suffisamment tendu. Sa propension à ambler a quasiment disparu, mais je dois rester vigilante.
J'ai commencé à lui apprendre à suivre la main en effectuant des flexions latérales, à l'arrêt, au pas, puis au trot. Le fait d'avoir flexionné en licol éthologique a grandement favorisé cet apprentissage. Il donne à présent sa nuque latéralement, puis s'étire doucement à la demande pour suivre son mors en extension d'encolure.
Après plusieurs essais de mors, je suis restée au mors double brisure à olives, mais avec des rondelles car il blessait au niveau de la charnière des olives ( !). Il faut dire qu'il n'est jamais tranquille avec sa bouche, il joue en permanence avec son mors, sauf lorsqu'il est concentré dans le travail. Dès qu'il marche ou trotte rênes longues, il joue avec son mors. Une solution consisterait à serrer la muserolle et à y ajouter un nose-band, mais je me refuse à utiliser ce type d'artifices coercitifs. Par ailleurs il prend tout ce qui est à sa portée en bouche pour jouer, ce qui lui a valu le délicat surnom de " Babineur ". J'espère que cette habitude lui passera avec l'âge
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Journal Bandolim - Printemps 2011


Bandolim a eu droit au passage d'une praticienne shiatsu. J'ai pensé faire appel à elle pour tenter de réduire les sautes d'humeur dont il est coutumier. De plus, il racle furieusement le fond et les bords de sa mangeoire après avoir mangé ce qu'on lui met dedans, qu'il s'agisse du floconné, des pommes, des carottes ou même des friandises. Il s'acharne tellement que la mangeoire en plastique est complètement déformée. J'avais mis ce comportement sur le compte des dents, mais il avait continué après le passage de la dentiste. Je lui avais donné pendant trois semaines un mélange de plantes pour réguler l'acidité gastrique pensant à un début d'ulcère, mais sans amélioration.

La séance de shiatsu a complètement détendu le poulain, il somnolait sur place pendant les manipulations, la lèvre pendante. Le bien -être total !
La praticienne a constaté un problème sur le méridien estomac, ce qui pourrait expliquer son caractère très changeant. Elle a aussi levé une contracture dans l'épaule gauche et dans la cuisse droite. Concernant son caractère, elle trouve qu'il a beaucoup de tempérament et nécessite d'être vouvoyé, sous peine de devenir violent. Mais sous des dehors macho, c'est un anxieux ( d'où le tic de raclement de mangeoire ), avec des réactions d'adolescent. Il faut lui laisser le temps de grandir en continuant à être à son écoute. Selon elle, il n'a pas complètement intégré son statut de hongre.
Au niveau du travail monté, la praticienne a affirmé qu'il ne pose aucun problème au poulain, qui l'accepte bien, et y participe pleinement. Elle n'a senti aucune contracture ni contrariété à ce sujet. L'adéquation de la selle est bonne aussi, ainsi que l'embouchure utilisée. Elle a mis en évidence qu'il n'aimait pas être sanglé. Je l'avais remarqué et changé de sangle il y a quelques mois pour une sangle anatomique, bien rembourrée et permettant un large appui au niveau du sternum.

Bandolim a une nouvelle fois changé de compagnon de pré : il partage la pâture avec une jolie jument rousse qui a été saillie ce printemps. Le pauvre, chaque fois qu'il s'habitue à un nouveau copain, les circonstances font qu'il se retrouve seul. Cet état de fait ne contribue pas à apaiser son caractère changeant et parfois ombrageux.
La jument ne l'apprécie guère, elle lui interdit d'entrer dans son espace personnel en lui montrant les fesses et si cela ne suffit pas, elle recule vers lui en amorçant des ruades. Pourtant, elle n'hésite pas à venir se cacher derrière lui si un événement ou un bruit inquiétant se produit. Frustré de contact avec un autre cheval, Bandolim en est réduit à quémander des séances de gratouilles mutuelles au moment du pansage…Je les lui octroie bien volontiers.

Le travail monté suit son cours, mais je déplore que Bandolim ne montre pas la même énergie en manège qu'en promenade, où il est plein d'allant (même trop parfois ). L'exiguïté du manège ne l'incite pas non plus à développer ses allures et l'écurie ne dispose pas de carrière. En promenade, j'ai aussi remarqué qu'il est incapable de gérer les dévers et autres petites montées et descentes : il veut systématiquement les prendre au trot ou au galop. Il faut dire que la campagne environnante est désespérément plate. Lorsque nous rencontrons une aspérité de terrain, il se montre un peu gauche, comme s'il ignorait comment négocier la difficulté. Des sorties en terrain vallonné lui feraient le plus grand bien.

Journal de Bandolim- Printemps 2012

Quelques nouvelles de Bandolim, dont la vie a changé : il a quitté la ferme pour un centre équestre, avec de vrais sols équestres et des structures permettant de bonnes conditions d'exercice. Préalablement à son départ, il avait déclaré une petite péri-tendinite, puis une capsulite et je soupçonnais le mauvais du sol et l'exiguïté de l'aire de travail d'être à l'origine de ces problèmes. De plus, la qualité du fourrage s'était vraiment dégradée. Sa copine de pré étant partie chez un éleveur pour pouliner, il se retrouvait de nouveau seul, ce qui le perturbait. Il s'était successivement attaché à des compagnons de pré pour ensuite en être séparé et il en souffrait…Toutes ces raisons ont fait qu'il était temps de lui trouver un environnement plus adapté.
J'avais un peu d'appréhension en me disant qu'il serait peut-être perturbé par ce changement : le centre équestre bourdonne comme une ruche, il y a beaucoup de passage et de bruit. Et bien non : mon Bandolim est parfaitement à l'aise, joue les concierges, a constamment le nez hors du box, il bénéficie d'une multitude de " groupies " qui le câlinent à longueur de journée. Son box est toujours propre, bien paillé et le foin distribué généreusement. Deux manèges, une grande carrière et des paddocks sont à disposition. La forêt attenante est directement accessible sans traverser aucune route et elle est bien vallonnée, ce qui permet d'entretenir le souffle et la musculature .Il en a bien besoin, car les bons soins dont il est entouré lui ont donné de l'embonpoint. Pourtant, il reçoit une ration de poney.
Nous varions les activités, en veillant bien sûr à ce qu'il ait toujours son " brouting " quotidien !
La praticienne shiatsu qui le voit deux fois par an a confirmé mon ressenti : elle trouve Bandolim plus serein, plus zen depuis qu'il a changé d'écurie. Par contre, subsiste sa peur panique des tracteurs, qu'il a contractée à la ferme dans des circonstances non élucidées et qui est chevillée au corps…Mais heureusement, les utilisateurs du tracteur du club font très attention à Bandolim lorsqu'ils le croisent, ils prennent en compte sa crainte, ce qui va bien aider à sa désensibilisation.
Il est toujours pieds nus, et cela lui convient bien. Le fait d'être pieds nus permet de mieux lutter contre sa tendance à l'encastelure ( comme de nombreux ibériques, dont les pieds sont prévus pour fouler des terrains abrasifs et rocailleux ). J'ai changé de pareur il y a quelques mois, car Bandolim manifestait une sensibilité excessive dans les jours qui suivaient chacun de ses parages, ce qui n'était pas normal. Depuis ce changement, Bandolim ne manifeste plus aucune gêne après le passage du professionnel. Sa corne est d'excellente qualité. En arrivant dans la nouvelle écurie, j'ai suscité l'étonnement amusé des cavaliers qui me voient manier la rénette et la râpe entre deux passages du pareur. Je passe aussi deux fois par semaine un onguent particulier sur les pieds, après lavage et séchage soigneux, ce qui me vaut des sourires narquois… Mais le résultat est à la hauteur du temps passé et des efforts fournis, c'est le principal.
Le travail de dressage progresse, même si je trouve Bandolim trop nonchalant : je suis contrainte de le rappeler sèchement à l'ordre à l'aide du stick plusieurs fois par séance, sinon monsieur s'installe dans une allure de sénateur et n'utilise pas son arrière-main. ( Quand je pense qu'avec ma chère Célia, je n'ai jamais eu besoin de cravache…).J'ai dû changer de selle, car il s'est énormément éclaté de l'avant-main durant cet hiver. Il galope bien à juste et à faux, part au galop du pas, effectue des épaules en dedans au pas et il commence à les donner au trot. Je lui demande de me porter au trot assis dans une attitude un peu haute, en restant tonique et sur la main, mais seulement sur de très courtes périodes, entrecoupées de phases plus longues au trot enlevé. Je travaille à varier la position de l'encolure et de la tête, allant de l'extension d'encolure à la position de présentation, tout en conservant le moteur. C'est vraiment du sport, car je dois en permanence faire preuve de grande vigilance afin qu'il continue à s'employer. Le moindre relâchement de ma part et le revoilà en mode " je m'économise ". Je comprends d'autant moins son attitude que son physique lui offre les plus grandes facilités : il est naturellement en équilibre et possède un très joli trot et un beau galop…Etant donné que tout le monde me répète que les ibériques sont très tardifs ( il a eu 6 ans ce printemps ), je vais patiemment attendre que le déclic se fasse…Mais vraiment, je déteste être obligée de tant utiliser le stick, j'espère que cette situation ne va pas s'éterniser.

Journal de Bandolim - été / automne 2012


L'été a été mis à profit pour entamer un travail un peu plus intensif . Il effectue deux sorties quotidiennes, dont une montée, le tout ponctué de promenades et de mise en liberté au paddock.
Sa dermite ne lui laisse pas de répit, je parviens à la maintenir à un niveau de confort acceptable avec un traitement de fond par les plantes, ciblé et confectionné spécialement par une naturopathe, une couverture et l'application de Derfen. Il a une peau très délicate (sauf lorsqu'il s'agit de réagir aux tapotements du stick de dressage qui le rappelle à l'ordre, dans ce cas, il a l'air bizarrement insensible…)


Bandolim a pris de la masse musculaire, mais il a encore ce petit bidon qui le fait ressembler à un shetland version XL. Pourtant il mange très peu : 0.5l de granulés par repas+foin+ herbe relativement rase. Mais impossible de lui palper un semblant de côtes, je vais finir par croire que les ibériques n'ont pas de côtes du tout !
Au travail, j'ai toujours ce problème d'impulsion, que je dois entretenir très souvent sous peine de me retrouver avec un cheval en mode " économie " . Dès que ses postérieurs ne sont plus suffisamment actifs, je perds le dos, c'est flagrant, je sens distinctement la transmission entre l'arrière et l'avant- main qui ne se fait plus.
Une fois par semaine, il effectue une séance que je qualifie de musculation, où je lui demande de se pousser très énergiquement aux trois allures dans une attitude ronde et basse, pour qu'il apprenne à vraiment monter son garrot. Je jette des coups d'œil dans le miroir du manège et j'ai la vision fugace d'un vrai cheval de dressage, aux allures amples et souples, avec une importante avancée des postérieurs sous la masse et une belle liberté d'épaules. Il montre à cette occasion que son potentiel sportif est indéniable. Je sors de là en nage, mais lui, il est à peine humide sous la selle et au grasset…

La dernière séance de shiatsu a mis en évidence que Bandolim ne respirait pas assez profondément, sa capacité pulmonaire n'était pas utilisée dans sa totalité. La praticienne m'a demandé si j'étais souvent en apnée à cheval. Effectivement, je ne parviens pas à ouvrir suffisamment mon haut du corps. J'ai donc pris rendez-vous pour une séance de shiatsu pour moi. Indépendamment de l'aspect très agréable, elle a permis de mettre en évidence un problème de respiration, ainsi qu'un important déséquilibre à gauche. Je comprends mieux à présent pourquoi Bandolim a parfois des difficultés à partir sur le pied gauche au galop et pourquoi il se rétracte avant les départs. Il va falloir que j'apprenne à gérer mon souffle et ma gestuelle car trop de gestes parasites de ma part empêchent le cheval de bien faire. C'est incroyable cet effet " miroir " entre cavalier et cheval. Deux autres séances sont prévues en ce qui me concerne, puis une fois par trimestre environ. J'espère qu'elles vont me permettre de m'accorder au mieux avec Bandolim .

Journal de Bandolim- hiver 2012


A la sortie de l'hiver, j'ai engagé le tout premier concours de dressage de Bandolim. Ce concours a été un électrochoc… pour moi.
Certes, le cheval a été très sage au paddock, au milieu des nombreux autres concurrents (les reprises amateurs et club se déroulaient en parallèle sur deux pistes mais le paddock était commun ) et il a effectué tous les mouvements des deux reprises que j'ai présentées mais dans une sous-impulsion flagrante. Une des juges a noté sur le protocole " joli cheval, avec un très bon équilibre, dommage qu'il n'avance pas ". Tout était dit, il fallait prendre les mesures qui s'imposaient.

Depuis un mois, toutes les séances ont été exclusivement consacrées à la mise en avant de Bandolim….
Mettre en avant, certes, mais il faut aussi récupérer cette énergie et ne pas la laisser se répandre en laissant les rênes flottantes. Je suis tellement obnubilée par le mouvement en avant que je me refuse inconsciemment à fermer mes doigts sur les rênes et à faire se franchir le cheval. Le contact n'étant pas constant, il n'est pas en mesure de venir se poser et de faire travailler son dos. Ce qui fait dire au coach qu'il n'y a que les membres qui bougent. Une bonne main , ce n'est pas une main inexistante.

Un gros travail de remise en question des habitudes de la cavalière est donc en cours. De même que je ne dois pas laisser filer les rênes avant d'avoir obtenu une vraie cession de la part de Bandolim, je dois m'astreindre à ne pas le porter dans les jambes. Il faut le laisser se prendre en charge, oser lâcher prise. Voilà qui est d'autant plus difficile que lorsqu'enfin il s'emploie, j'appréhende de perdre cette locomotion si difficilement obtenue…

Depuis quinze jours, Bandolim a passé un cap : il marche au pas avec franchise. J'ai le sentiment qu'il me porte facilement et avec énergie. Je sens sa ligne du dessus qui ondule, ainsi que la poussée bien nette et alternée des postérieurs. Une amie, qui le travaille plusieurs fois par semaine à la longe et à pied a inclus systématiquement de nombreux mais courts reculers dans ses séances de travail depuis quelques temps, en insistant sur la correction de ces derniers : ils doivent être énergiques en veillant à conserver la rectitude. Elle les fait immédiatement suivre de départs au pas ou au trot qu'elle exige vibrants. Je pense que ce travail à pied n'est pas étranger au progrès que je remarque à la monte. Bandolim a ainsi appris qu'il pouvait engager son bassin. Pour le moment, je me garde bien de demander le reculer monté, tant que le mouvement en avant n'est pas acquis à 100 % !


Parallèlement, le physique de mon jeune cheval évolue favorablement : son ventre remonte, son dos se muscle harmonieusement. Le sellier est venu contrôler l'adéquation de la selle au dos de Bandolim, puisque cela fait juste un an que je l'utilise. Il a été agréablement surpris du bon développement de sa musculature et m'a annoncé que si son dos continuait à remonter, il faudrait envisager de faire réduire l'épaisseur des matelassures arrière cet automne…
Pour Noël, j'ai fait réaliser un bridon sur mesures, par une artisan-sellière. Je souhaitais une têtière bien large et doublée, avec découpe anatomique dégageant des oreilles avec les attaches des montants de muserolle et de filet directement sur la têtière afin d'éviter le passage de plusieurs épaisseurs de cuir sur la nuque. Mon cher Bandolim a une véritable tête d'hippocampe : très importante au niveau des ganaches, large au niveau du front , assez courte dans son ensemble et qui va en s'amincissant vers le bout du nez. Un vrai casse-tête à habiller avec la sellerie classique : j'utilisais jusque là un filet fabriqué de bric et de broc notamment en utilisant un frontal en taille XXL et des montants de filet en taille cob…


Journal de Bandolim- Printemps -été 2013


Bandolim est en forme, il a beau poil et l'œil vif, mais est toujours aussi lymphatique au travail. Il est certes un peu trop enveloppé, pourtant il ne mange que du foin et une poignée de granulés trois fois par jour et est travaillé bi-quotidiennement. Le seul ibérique de notre entourage qui soit à peu près " fit " est logé sur copeaux, mais je me refuse à infliger cela à Bandolim, au risque de voir se développer des tics liés à l'ennui.

Notre tout premier concours avait eu lieu en mars : il était resté très sage, même au paddock, mais pas du tout attentif à mes demandes, constamment derrière mes jambes et insensible au stick. Les notes s'en sont ressenties fortement, puisque l'activité était absente. Comme c'était son premier concours, je n'ai vraisemblablement pas osé le monter énergiquement et ce drôle en a profité pour se traîner.

Je ne comprends pas pourquoi Bandolim est aussi peu coopératif, surtout avec les facilités qui sont les siennes : il a un physique taillé pour la discipline du dressage, avec une belle sortie d'encolure, un dos porteur et est particulièrement souple. Accessoirement, il est issu de la lignée prestigieuse des Alter Real …et il ne serait pas capable de figurer honorablement dans un concours régional ? Je ne peux m'y résoudre.

Mon maître mot devient: LOCOMOTION. Je l'entreprends jusqu'à ce qu'il se mette à l'effort, et me garde de le soutenir et de le porter avec mes jambes. C'est un travail de fond que nous avons poursuivi tout l'été. Il a gagné en autonomie dans son mouvement en avant, mais cela reste fragile, rien n'est acquis.

Au travail au sol, il est plus allant. J'ai la chance d'avoir une amie qui le fait bien progresser en ce domaine, elle me dit qu'elle ne le touche avec la chambrière qu'une seule fois par séance, pour lui rappeler qu'il doit se prendre en charge.
Je ressens monté les progrès faits par Bandolim dans le travail à pied, c'est flagrant, notamment pour le pas. Il a acquis un très bon pas, avec un engagement d'un sabot et se berce beaucoup moins latéralement.
Il a aussi bien progressé dans les transitions intra allures, il se cale sur ses ordres vocaux, ce qui aide beaucoup lorsqu'elle me fait travailler à cheval.


A la monte, la coach me fait beaucoup travailler sur ma posture et mes crispations inconscientes : elle me reproche de verrouiller trop mon bas du corps, exerçant un effet de frein en empêchant la cage thoracique du cheval de bien s'ouvrir, notamment dans les transitions montantes. Elle pense que le cheval est " bridé " par mon attitude et se montre donc hésitant dans sa façon de se mouvoir. C'est un gros travail, nécessitant une attention soutenue, mais il est passionnant. Dès que je parviens à me relâcher en restant néanmoins tonique, le cheval se montre plus réactif. Mais il faut faire très attention, un peu trop de relâchement de ma part et déjà ce galopin en profite pour se répandre. De plus, lorsque je gagne en liant, je perds en fixité et inversement. Cela se joue à presque rien.
En parallèle je vais voir une praticienne shiatsu pour m'aider à " lâcher prise ".

L'été n'a pas été trop pénible pour Bandolim, sa dermite lui a laissé du répit, les applications de Derfen ont été relativement espacées. Nous avons fait de belles promenades avec d'autres chevaux : il adore prendre la tête du groupe et se montre volontaire et (pour une fois ) énergique dans son rôle de meneur. Il est toujours pieds nus, suivi par un pareur naturel, mais sa tendance à l'encastelure subsiste, du fait de l'extrême dureté de ses sabots. Je n'ose même pas imaginer comment seraient ses pieds ferrés…

Deuxième concours en toute fin de saison : il m'offre une deuxième place dans la reprise Amateur 3 A, que nous présentions pour la première fois ! Je suis ravie. Le travail de fond a payé et je me suis résolue à utiliser des éperons mais uniquement pour les jours de concours. Cela change incontestablement la donne… Au moment de la remise des prix, une des juges m'a confié en aparté : " Madame, vous avez là un bon cheval ".
Cette toute première plaque à apposer sur la porte du box m'a procuré une émotion bien particulière, je l'ai dédiée à ma regrettée Célia, qui m'a donné tant de joies au quotidien et en concours.

 

 

BANDOLIM page 1

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