EQUITATION SENTIMENTALE

 

SOMMAIRE EQUITATION SENTIMENTALE

 

A tout Seigneur, tout honneur.

page 2

NINA

Pendant mon enfance, nous avons eu plusieurs chats et chattes à la maison. Quand je me suis mariée, rien de plus normal qu'en plus de notre boxer, un chat vienne compléter notre foyer. Un petit frère pour Jim en quelque sorte.

Nina est arrivé ainsi. A la caserne, il y avait beaucoup de chats sauvages. Une chatte avait élu domicile dans les caves du bâtiment où se trouvait mon mari et un jour à midi, de la cuisine, j'entendais de petits miaulements désespérés ; Jim qui n'avait que 6 mois en était tout excité.

Avec précautions, Gabriel sortit de la poche de son uniforme, un mini tigre crachant et pétant à tout va, gonflé à s'en faire exploser les poumons à la vue de l'autre bête à poils qui avait un mal fou à rester en équilibre sur ses pattes arrières pour voir quel était le "cadeau" qui se trouvait sur la table. Sa maman sauvage avait 3 petits et mon mari a réussi à en attraper un au hasard ; il avait bien 2 mois et ne connaissait des hommes que le bruit et la méchanceté. Sa bonne étoile a voulu qu'il arrive chez nous. N'ayant pas d'autres chatons sous la main, nous avons pensé que c'était une petite chatte, chose confirmée par le vétérinaire de la caserne, on devra donc la faire opérer dès ses 8 mois afin de ne pas avoir de surprise. Le jour où on a emmené Nina en France chez un ami véto pour la fameuse opération, celui-ci s'est bien moqué de nous, notre chatte était un matou, enfin pour une petite heure encore.

Nina avait 6 mois d'écart avec Jim. Jim est mort à 14 ans d'un cancer, il a fallu le faire endormir, Nina l'a suivi 6 mois plus tard, lui aussi a 14 ans, et avait une maladie rarissime un cancer des os de la mâchoire ; il a été lui aussi endormi dans mes bras.


Raconter la vie de Nina en 20 lignes, c'est impossible.


Voici quelques souvenirs de ce merveilleux chat "baroudeur".

petit ange ou petit diable ???

Nina blanc de ventre avec le dos et la tête tigrés gris, était très intelligent, curieux, facétieux, courageux, enfin brillant mais voleur.Quand on dit "s'entendre comme chien et chat" c'est se disputer sans cesse. Chez nous, ça a été l'inverse, Jim avait un petit frère, Nina, et le tandem était des plus surprenants.

Jim était le garde du corps de notre espiègle chat. Je ne compte pas les nombreuses fois où il a attaqué en douce des petits chiens, car on promenait Nina en laisse (5m, enrouleur). Entendant les aboiements de ses victimes, Jim arrivait comme la cavalerie et mettait bon ordre en terrifiant l'autre chien ; cela nous a valu pas mal d'ennuis, à Jim et à nous, sans compter que nous passions pour des individus peu recommandables qui martyrisaient un chat.

Pour nous il était injuste de laisser Nina à l'appartement lors de nos sorties, comme nous et le chien, il devait aspirer à l'air pur de la nature. La suite nous a donné raison.

 

 

 

 

 

 

 

 

Nina faisait du vélo, dans un panier installé à l'avant de mon vélo. La sortie se faisait dans le quartier très verdoyant, Jim, lui, trottait à côté du vélo de Gabriel.
Nina montait à cheval, lorsque je partais avec El Gato et Jim nous suivait sur le chemin. Dès que nous traversions la route, il attendait. A notre retour, je mettais pied à terre et hissais ma boule de poils sur Gato, je marchais devant avec Jim et Gato nous suivait avec Nina en selle. Les gens qui nous rencontraient, étaient surpris non seulement le cheval n'était pas tenu, mais un chat était sur la selle !!!

Nina faisait de la montagne. Au début ça allait toujours, tout content il gambadait au bout de sa laisse, côte à côte avec Jim. Mais les petites pattes se fatiguaient vite ; couché sur le flanc, il attendait que je le mette dans mon sac à dos ; il n'était pas utile de l'attacher, trop heureux d'avoir sa mule personnelle (moi) il gardait la tête hors du sac.

Arrivé à destination, il prenait volontiers la pose, et attaquait son jambon comme si nous avions grimpé sur le Mont Blanc.

Était-il heureux ? il fallait voir : il arrivait comme une bombe dès que je prenais sa laisse.

Par contre, il ne sortait jamais seul, toujours avec Jim. Même quand nous avons eu notre maison, son territoire restait les 5 000 m2 du jardin. Faut dire que notre aventurier a eu de gros ennuis en dehors et Jim n'a pas pu venir à son aide : combat avec de vrais matous, voiture qui ne s'est pas arrêtée et l'a buté au bassin (heureusement il est rentré vivant, traumatisé et contusionné mais vivant), une autre vilaine aventure : il a marché sur du lisier et bien entendu il a pris un bain forcé ! Quand il est arrivé à la maison, en hiver, je ne savais pas comment m'y prendre ! puant, collant, il fallait faire vite pour éviter l'empoisonnement, donc bassine d'eau chaude dehors dans un premier temps, trempage de la bête avec "paic citron" qui dégraisse bien ! on ne voyait plus la couleur blanche de son pelage ! après 3 bains dont le dernier dans la maison et un bref séjour dans les toilettes avec un radiateur afin de bien sécher, car l'odeur a persisté pendant des jours sur le chat comme sur les serviettes hors d'usage après le séchage. Notre baroudeur s'est donc méfié de l'inconnu.

Nina avait droit à 4 bains par an ; alors un conseil ne jamais laver son chat avec un shampoing à la pomme et le lendemain aller se promener au milieu d'un troupeau de chevaux. Mon pauvre minet a fait des câlins à tous les chevaux qui le collaient, en espérant que cela se limiterait à du léchage et moi j'ai eu toutes les peines du monde à quitter le troupeau qui ne voulait plus nous laisser partir.

Nina adorait l'eau ; chaque fois que je faisais couler un bain, il fallait faire attention de ne pas enfermer le chat dans la salle de bain, car inévitablement il s'y glissait dedans. Il buvait au robinet. Même la mer, il l'a aimée.

A l'époque où on n'avait qu'un chien et un chat, il aurait été injuste de partir en vacances sans lui.
Donc Nina a connu les joies du camping à la mer, avec baignade.

Comment ? Eh bien il ne voulait pas rester sur la plage alors que je me trouvais dans l'eau ; je l'ai donc pris avec moi et je l'ai gentiment posé dans l'eau pour qu'il nage. Deux allés-retours lui suffisaient.

Toujours au camping, nous avons loué un roulotte avec un cheval de trait Bijou ; on avait emmené mes parents qui couchaient dans la roulotte et nous 4 c'est à dire mon mari, moi, Jim et Nina, on dormait dans une tente. Nous avions été obligés de mettre une clôture électrique autour de notre tente car Bijou avait un coup de coeur pour moi ! Faut dire que le pauvre cheval n'avait pas souvent droit à l'avoine ni aux carottes, nous en avions emporté un joli stock , du coup il ne me quittait plus. Donc la nuit j'avais mon Nina qui dormait dans la tente et Bijou qui dormait à l'extérieur, il se couchait en un point et à l'intérieur le chat était au même niveau, il montait la garde, il se déplaçait comme le cheval le faisait.

La journée il était attaché à la roulotte et surveillait tous les mouvements de tout le monde.

Curieux, il l'était. Chaque fois que l'on avait un étranger à la maison, il venait l'inspecter, jusqu'à entrer dans la sacoche du médecin, ou à grogner si la personne ne lui plaisait pas.

 

Lorsqu'il a eu deux ans, par une froide journée de janvier, Néron un chaton de 3 semaines trouvé sur un chantier abandonné, est venu rejoindre notre famille, Nina s'est montré extrêmement méchant avec lui, il l'attrapait à la gorge pour le tuer. Nous n'avions pas vu son manège tout de suite. Nous travaillions tous les deux, le chien et les 2 chats restaient seuls à l'appart. Mais le soir, nous étions surpris de trouver Jim fatigué, voire épuisé, et un jour j'ai surpris le fauve qui avait émigré sur les hauteurs des meubles depuis la venue du petit dernier, rampant vers le chaton et l'attrapant à la gorge, Jim de son fauteuil lui sautant dessus, l'aplatissant par terre avec sa patte pour que le chaton se réfugie contre lui. Là, nous avons eu une explication. Tout chat qu'il était, il avait sa place et donc aucune crainte de la perdre, il était et il est toujours interdit d'exclure un autre animal de la maison. Quelques bonnes fessées, ont remis les choses en place et Néron, chat simple, câlin et pépère "fauteuil" est devenu son frère et son compère. Une certaine solidarité s'était créée entre les deux chats.

Le sixième sens d'un chat est étonnant. A Noël, chacun avait son paquet, une balle rebondissante, un petit jouet sympa pendant sa jeunesse, plus tard ce sera son plat préféré, c'est à dire crevettes à la chantilly.... un délice pour la bestiole.

Je n'ai jamais compris comment parmi tous les paquets, il faisait pour sortir le sien, celui de Jim et celui de Néron sans jamais se tromper. Chacun restait couché à côté de son cadeau. Ils ont attendu des heures, jusqu'à minuit et aux mots "allez, on ouvre" ils déchiquetaient le papier pour avoir leur jouet, c'était fou, on était surpris à chaque fois.

La neige, il n'aimait pas trop, il lui arrivait de se jucher sur mes boots, nous avions le chauffage collectif excessif et chat comme chien n'avaient pas de pelage assez épais pour se protéger du froid et de la neige.

Donc il fallait se méfier, car il arrivait d'on ne sait où et grimpait sur vos épaules pour profiter du paysage sans avoir de neige sous les pattes.

 

 

Nina était mon ange gardien. Petit, fin il avait un caractère bien trempé. Un jour un automobiliste est tombé en panne devant moi, immédiatement il s'est dirigé vers ma voiture pour que je l'emmène chez un garagiste. Ce jour là, je descendais Nina chez le véto pour son vaccin. Le chat n'a pas apprécié cet intrus, installé sur la banquette arrière, il a bondi sur mes genoux et n'a pas quitté le monsieur des yeux ; celui-ci s'en est inquiété, le chat s'est mis à feuler tout doucement mais de telle façon qu'arrivés en plaine, le monsieur m'a dit que c'était parfait, qu'il descendait tout de suite et une fois dehors, il m'a demandé si j'avais dressé mon chat à l'attaque ! je lui ai répondu que non, c'était naturel chez lui.

Nina n'appartenait à personne, mais j'étais à lui, ça c'était très clair.

Il avait comme on dit "l'amour vache" ! combien de fois a t'il mordu la langue de Jim ou ses oreilles.Quand j'étais enceinte, mon ventre et les mouvements qui s'y produisaient le dérangeaient, alors il avait décidé de dormir sur ma tête, mais quand j'étais assise, il se posait sur mon ventre comme une poule sur son oeuf et il couvait.... ce chat était une partie de moi, pas besoin de parler, par la pensée, il comprenait tout.

L'arrivée du couffin l'a intrigué, il trouvait ce petit nid bien à son goût. L'inquiétude de mon entourage avec les histoires classiques du chat qui étouffe bébé, me laissèrent de marbre ; mon minet savait bien que quelque chose allait changer mais que sa place ne bougerait pas. Au retour de la maternité, j'ai posé le couffin convoité sur le tapis, Jim est arrivé délicatement (rare pour un boxer même bien élevé), Néron l'autre chat a fui, et Nina a inspecté, le tout, un bébé qui gazouille pourquoi pas ? Par la suite, notre matou est devenu mère poule, jamais il ne couchera dans le berceau ou le couffin ; par contre il sera dans le parc à partager le goûter d'Amélie, lui le terrible qui faisait subir ses caprices, il subira à son tour, les câlins brutaux des petites filles de la maison, jamais un coup de griffe, jamais de rébellion et vraiment quand il en avait assez il se perchait sur le toit de l'armoire et laissait le chien aux mains de ces deux petites turbulentes.

Que dire encore, avait-il des défauts ? oui un seul mais un terrible, c'était un voleur né.

Comme dans la chanson de Mandrin, "la première volerie que je fis dans ma vie" a été un poulet.... oui mais un poulet congelé, qui lorsqu'il est tombé au sol à fait beaucoup de bruit et a attire mon attention et ma punition : une fessée. Une autre fois, un énorme mars était resté sur la table du séjour, le voleur moustachu s'en est emparé, et l'a croqué, je n'ai pas pu le punir, car la punition est venue toute seule, il a passé une après midi complète à se vider dans sa caisse, j'avais même du mal à l'en faire sortir pour changer la litière... il n'a plus volé de chocolat mais....
Chez mes parents, maman faisait cuire de petites cailles, et à ses cris je suis venue voir ce qui se passait ; elle me disait avoir mis 4 cailles à cuire mais il n'y en avait que 3, elle doutait de sa mémoire. Au bout de 10 mn, nous sommes revenues dans la cuisine et là 2 cailles rescapées restaient dans la poêle, mais au dessus installé sur la hotte, pendu par les postérieurs, (on ne sait pas trop comment il pouvait tenir), un Nina pêchait la caille l'objet du délit gisait à ses côtés. Des truites ont subi le même sort car il ne craignait pas du tout mes parents. Ensuite il s'est mis à ouvrir les placards, seules les fermetures avec clé lui résistaient, on l'a vu ouvrir un placard à crochet et tirer le sac de croquettes du chien qui se trouvait en bas, Jim et Néron assis devant l'expert profitaient de l'offre généreuse de notre Arsène Lupin et j'en passe.

Nina et Jim ont veilli ensemble, Jim plus vite ; comme tous les grands chiens, il avait perdu l'ouïe et presque la vue, Nina était devenu son poisson pilote et se mettait dans ses pattes antérieures pour le guider. Il ne le quittait jamais. Quand la véto est venue endormir mon chien à la maison, Nina s'est mis entre elle et nous, j'ai dû le prendre pour l'enfermer, Jim s'est endormi dans mes bras. Les animaux ressentent le chagrin, peut-être que ceux qui sont sauvages et vivent dans des conditions dures mais naturelles ne ressentent pas ces émotions là. Mais les animaux qui vivent dès leur plus jeune âge avec des humains qui les respectent, les aiment et échangent avec eux quelques chose de différent, ces animaux sont plus vulnérables et non pas par mimétisme mais réellement, ils éprouvent du chagrin et cherchent celui qui a disparu, et viennent vers vous avec un regard rempli de peine....Bien sûr que ces animaux là ressentent de la peine, comme ils ressentent de la joie à jouer avec nous, à manger quelque chose de bon etc.

Pour Nina il faudrait écrire un livre que j'ai commencé en incluant tous les autres animaux arrivés dans notre vie. Je ne peux en une page résumer la vie si intense de ce chat si spécial.
On dit qu'un chat à 9 vies. Je veux le croire car 3 mois après son départ, nous avons accueilli Samantha, qui a immédiatement pris les habitudes de Nina, elle se couchait comme lui contre moi, elle aime les mêmes choses que lui, monte la garde comme lui, attaque les ennemis etc. beaucoup de similitude plus d'autres manières qui lui sont personnelles car Sam reste Sam même si mon Nina est un peu en elle.

Ce que je veux me rappeler de mon Nina : c'est que lorsqu'on a eu notre maison, chaque matin quand j'ouvrais la porte et qu'il sortait libre de tout, il flairait les lavandes, se roulait dans la carrière pour bien sentir le cheval et revenait me faire un câlin comme pour me dire MERCI, MERCI DE ME DONNER LA LIBERTE, LA NATURE ET UNE VRAIE MAISON

LE ROI NERON LE CALME

Si notre Nina était un chat exceptionnel, il y a d'autres chats beaucoup plus simples, Néron a donc été abandonné à l'âge de 3 semaines sur un chantier. Nos voisins qui avaient trouvé les 3 chatons sont venus me chercher car l'un d'eux paraissait très malade. Dans un carton se trouvait 3 chatons tigrés gris, 2 miaulaient à fendre l'âme, c'était deux petites chattes qui se démenaient contre la faim et le froid, le 3ème était un petit mâle, il était celui qui devait être collé, aux mamelles de sa mère, il faisait presque le double des minettes et attendait, pas inquiet du tout que maman chat revienne pour reprendre la seule chose qu'il savait faire, manger. C'est donc lui qui a atterri à la maison.

Une petite peluche qui adorait 3 choses toutes simples, manger, dormir sur le lit ou le canapé, et les câlins. Pour le reste, marcher en laisse, voyager en voiture, ou chasser à la souris, il détestait tout cela. Quand nous avons eu notre maison, il ne sortait que s'il savait la porte ouverte pour pouvoir rentrer quand il le voulait.

 

Par contre, il traversait les prés vitesse grand V car il craignait les pies et les aigles. En été, il lui est arrivé de découcher car Nina le faisait et il voulait rester avec lui au cas où il ferait une mauvaise rencontre ; à deux c'est vrai qu'ils étaient solidaires et ils pouvaient faire face à un matou grincheux de la campagne.

Notre Néron a eu une vie paisible, sa mère n'ayant pas eu le temps de lui apprendre à faire sa toilette, Nina s'en est chargé (après sa crise de jalousie), puis quand il est parti, Sam et ensuite Pepsi ont continué à lui faire sa toilette. Néron était un gentil pépère à coussins. Raconter sa vie est facile, il était une bonne nounou pour les minettes qui sont venues après de départ de Nina.

Sam a pris Néron sous sa protection, discrètement. Il était sans cesse sous la surveillance maternelle des chattes. Néron a vécu jusqu'à 18 ans, et comme on peut le voir sur ces photos, avec son grand âge, il était devenu un peu gâteux et tout maigre mais les chattes même la petite Pepsi se collaient à lui pour le réchauffer, comme un lézard il restait des heures au soleil alors on allait le chercher, histoire que son petit cerveau ne boue pas trop. Il était devenu sourd, comme pour Jim on lui a appris le langage des gestes et ça a très bien marché.

Notre pépère nous a quittés aussi. Il a rejoint Jim et Nina et le trio doit faire bien rire au Paradis.

De lui on garde le souvenir d'un gentil chat, patient avec tous les enfants, et si on devait se rappeler une seule chose, c'est ce bruit de ronronnement, pire qu'un diesel ! heureux il ronronnait jour et nuit.

MAIS ENCORE