BASE DE TRAVAIL SUR

LES 7 JEUX DE PAT PARELLI

de 1 à 4

 

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1. Le jeu de l'amitié

Ce jeu a pour but de prouver à votre cheval que vous ne lui feriez pas de mal, même si vous le pouviez. Plutôt que de le caresser simplement, ou d'aller et venir calmement autour de lui, il s'agit de l'exposer à des situations qui lui font peur, afin de lui prouver que ces situations ne vont pas lui faire de mal.
Commencez par le caresser absolument partout, et pas seulement sur la tête ou l'encolure. On entend trop souvent des cavaliers dire "mon cheval est adorable, mais il ne supporte pas que je lui touche les oreilles", par exemple, et s'en accommoder ! Ce que vous n'accepteriez pas de votre chien ou de votre chat, pourquoi l'accepteriez-vous de votre cheval ? S'il a confiance en vous, il doit accepter d'être touché partout, même sur ses points sensibles.

Aussi souvent que possible, testez la gentillesse et la coopération de votre cheval : caressez-le sur tout le corps avec vos mains nues ou un sac en plastique crissant ; lancez une longe autour de ses jambes, par dessus son dos et sa tête ; jetez un tapis de selle, ou encore un imperméable, plusieurs fois de suite sur son dos ; sautillez et gambadez tout autour de lui... Il y a des centaines de façons de jouer à ce jeu, que vous développerez au fil de votre expérience. Le secret est d'adopter un rythme régulier, car cela donne confiance au cheval en lui permettant d'anticiper. Conservez ce rythme jusqu'à ce que votre cheval réalise qu'il n'y a, en fait, rien d'inquiétant, et qu'il soit capable de rester parfaitement immobile. Enfin, prenez garde à ce que la longe soit assez lâche, afin qu'il ne se sente pas prisonnier.
Il est conseillé de pratiquer ce jeu en intermède entre les six autres, pour rassurer votre cheval et maintenir l'équilibre entre la dominance et l'amitié.

J'ai pratiqué ce jeu sur des poulains de 6 mois, de jeunes chevaux qui n'avaient eu que très peu de contact avec les hommes, et ces contacts étaient : je t'attrape, je te sépare des copains, je te charge (en non je te fais monter) dans une bétaillère et hop à la vente. Puis dernièrement, j'ai rééduqué Hidalgo avec cette méthode et ce jeu revient très régulièrement dans notre travail avec un changement très important, ma fille Amélie me remplace et pour le cheval, c'est un véritable cap, sa copine devient la dominante.

Avec les poulains de 6 à 18 mois, c'est très facile, je n'ai eu que des poulains d'éleveurs modernes qui avaient déjà subi la Méthode Miller, soit par l'éleveur soit par moi-même. Ce jeu plait beaucoup car les poulains sont très curieux ; par contre il faut faire attention, avec eux, on peut vite déraper car ils ne peuvent pas se concentrer trop longtemps et ils auront tendance à très vite se lasser. Ne les lassez pas, faites un peu le mélange entre les jeux 1, 2 et 3. Puis faites un petit travail, le poulain (avec licol et petite longe) sort du rond de longe et marche à vos côtés ; il doit ni tirer, ni se faire tirer et respecter votre bulle, facile ? non pas du tout il faut qu'il trouve sa place en dehors du rond et c'est ainsi que débute son éducation. Je mets le poulain en longue longe au licol, dans le rond, je le fais tourner gentiment au pas, j'insiste sur le pas, le trot et le galop à 6 mois : cela ne m'interesse pas, je veux juste qu'il comprenne les mots : marchez, la piste, oh (pour l'arrêt). Je n'ai jamais travaillé un poulain plus de 10 mn jeux compris avec ces 2 exercices, et je ne le fais qu'une seule et unique fois, il retournera avec sa mère au pré et je ne le reprendrai pour ce travail qu'à un an. Par contre dès que j'ai un contact avec lui, je ne fais plus que les 3 jeux et cela 4 à 5 fois dans ce laps de temps, il faut qu'il vive sa vie de poulain mais qu'il n'oublie pas l'homme. A un an, je le remets au bout de la longe, et à chaque fois, avec tous les poulains, j'ai la très agréable surprise : "la piste, marchez" et mon poulain (dans un calme olympien), suit mes ordres. J'introduis 4 nouveaux mots, "trottez, à ta place" (si à 6 mois j'obtiens l'arrêt, je ne préoccupe pas de la position des jambes), à 12 mois, je veux qu'il ait les 4 jambes posées bien correctement, "à ta place" en lui indiquant avec une badine le membre qui n'est pas correct, je corrige gentiment sa position, et j'insiste tant qu'elle ne convient pas. J'introduis aussi les mots "galop et viens" le terme viens, je l'emploie à pied et pendant les jeux car contrairement aux chuchoteurs, je parle beaucoup. Cela fait 30 ans que je le fais, et les pratiques nouvelles n'ont pour moi qu'une vision différente des choses que j'adapte car certaines sont nouvelles et il faut absolument s'ouvrir aux nouveautés. Cette préparation des poulains a pour but de les laisser s'épanouir comme cheval et en même temps entrer dans leur vie tout doucement, le jour où je pose mon poids sur leur dos, ou que je serre la sangle, il n'y a jamais mais jamais de brutalité, de la curiosité oui, avec même un certain plaisir du nouveau, nos poulains nous font confiance et sont parfaitement équilibrés dans leur mental. Ils deviendront des compagnons et non des machines à sport.


Pour les jeunes chevaux qui ont été bousculés, qui sont les victimes de gens rétrogrades aux méthodes moyenâgeuses, valables pour des chevaux plus âgés : on doit parler alors de rééducation. Ils n'ont plus confiance en l'homme ou ne l'ont jamais eu. Il faut leur apprendre qui on est, et le plus difficile leur demander d'annuler leur peur afin d'ouvrir leur esprit pour faire la différence entre les bons et les méchants. Le cheval pour moi est un être intelligent ayant beaucoup de mémoire. Le jeu 1 est donc très utile et surtout primordial pour faire connaissance. Tant que le résultat n'est pas obtenu, il n'est pas question d'évoluer sur un autre travail, on peut passer au jeu 2 et 3 mais pas plus. Nous rééduquons et effaçons de la mémoire du cheval ses mauvais souvenirs, donnez vous du temps à lui comme à vous. Hidalgo était monté à l'espagnol et pendant sa rééducation même si nous faison des promenades derrière El Gato, merveilleux maître de manège, Hidalgo était stressé et peureux, complètement crispé sous la selle, aucune agressivité, ni méchanceté, il était résigné et on aurait pu croire qu'il s'attendait à chaque instant à voir le baton.
Je dirais qu'Hidalgo avait du mal à croire tout ce qu'on lui offrait, les souvenirs qu'il avait des hommes ont été très longs à effacer, s'ils s'effacent tous un jour, ce dont je doute malgré tout l'amour qu'on lui porte et l'intelligence qu'il a. Hidalgo nous a donné 20 % de confiance au bout d'un mois, au bout de 6 mois, j'avais obtenu 50 % mais avec une visite du dentiste car on lui avait cassé une dent de devant et sa machoire était tordue d'où des douleurs pour manger et avec le mors. Même avec un léger sédatif, le bruit et tout ce qui va avec, l'ont impressionné, malgré ma présence, il est resté calme mais ses yeux trahissaient son angoisse. Le dentiste était un homme très doux, et connaissant son passé, avait agi avec un très grande maîtrise. Magré tout, il a eu peur, avec un peu de temps et devant le résultat possitif de cette démarche, Hidalgo a compris que ces choses bizarres que l'on faisait subir tout doucement mais sûrement lui apportaient un réel confort. 2 mois après, c'est l'ostéopathe qui est intervenu. Il se mettait en défense lorsque je lui demandais une flexion de nuque à gauche alors qu'il s'appliquait sur tous les exercices simples, de plus il m'était impossible de lui faire faire les épaules en dedans et il forgeait sans cesse. Les causes : cervicales, postérieurs et bassin bloqués, ne connaissant pas ce qu'il lui est arrivé, mais voyant les résultats, il n'a pas eu une bonne étoile à la naissance mais aujourd'hui son ange gardien existe, et je peux dire qu'il nous accorde 98 % de sa confiance, les 2 % manquants sont mangés par la mémoire.

2. Le jeu du porc-épic

Les chevaux ont un "reflexe d'opposition" inscrit dans leurs gènes, qu'ils utilitsent lorsqu'ils sont pris au piège. Il s'agit de leur instinct à se débattre contre toute pression, quelle qu'elle soit (licol, mors, jambe...), et à tenter de le repousser par la force. C'est la raison pour laquelle de nombreux chevaux "tirent", ou encore ont la hantise des petits espaces comme les vans : ils sont claustrophobes, et cette attitude correspond à une stratégie de survie.
Le jeu du porc-épic apprend à votre cheval à céder ou à s'écarter de la pression, en l'occurence celle de vos doigts. Mais au lieu d'effectuer un mouvement répétitif comme le font la plupart des gens, il faut, au contraire, exercer une pression continue. Le cheval va alors comprendre qu'en prenant lui-même la responsabilité de s'écarter de la pression, il trouve son propre confort.

Attention : les chevaux sont très forts à ce petit jeu, ils vous défient pour voir qui cédera le premier ! Ancrez-vous donc solidement les deux pieds dans le sol, et assurez-vous qu'au moment précis où votre cheval bouge, il sera immédiatement délivré de la pression. Commencez par une pression très douce du bout des doigts, puis augmentez lentement et régulièrement la pression, jusqu'à ce que vous sentiez votre cheval céder. Dès qu'il cède (même un infime déplacement), caressez le point sur lequel vous avez pressé. Vous verrez que, rapidement, votre cheval sera perceptible à une très légère pression, et n'offrira plus aucune résistance. Si c'est un cheval qui a tendance à "bousculer", utilisez au début un objet dur que vous tiendrez entre vos doigts.

Progressivement, vous devriez être capable de le mobiliser vers l'avant, vers l'arrière, sur les côtés, et de lui faire baisser et lever la tête, rien qu'avec la pression modérée et continue de vos doigts. Assurez-vous qu'il accompagne la pression (et non qu'il l'a fuit) et qu'il s'immobilise lorsque vous caressez les endroits en question.

Ce jeu comme le premier, incite les cavaliers à faire connaissance avec leur cheval. Combien d'entre vous arrivent à l'écurie, prennent leur cheval au box, l'attachent, le pansent, le sellent et hop dessus. Ces jeux de travail à pied, ont pour but de vous apprécier mutuellement. Se mettre sur le dos d'un cheval se mérite, avoir sa confiance aussi. Pour cela, il faut que vous appreniez son langage.

J'ai eu une jument qui était très sociable certes mais qui ne vous respectait pas, si vous vous teniez sur sa trajectoire, elle vous bousculait et vous marchait sur les pieds sans état d'âme. J'ai donc appliqué ce jeu, mais 600 kg contre 50 kg, un manche de balai tenu contre moi m'a aidé, car elle n'a pas apprécié de se cogner dessus, il ne lui a fallu que deux ou trois essais pour ensuite me respecter et s'effacer ou me contourner. Le jeu du chasse-chasse complète parfaitement cet apprentissage.

3. Le Jeu du chasse-chasse

Les chevaux se chassent constamment les uns les autres, d'un regard, d'un mouvement d'oreille, d'un claquement de la queue ou en levant un postérieur. Ce langage corporel signifie clairement : " Si tu ne t'écartes pas, tu vas connaître le goût de mes dents ou de mon sabot !"

Le jeu de "chasse-chasse" vient après celui du porc-épic, car le cheval doit apprendre à s'écarter de votre pression physique avant votre pression mentale. Il s'agit d'un langage de la suggestion, il va automatiquement se heurter à la pression physique d'une longe qui tournoie, d'une cravache levée ou de votre main.

Vous ne cherchez pas à le heurter. Mais s'il ne s'écarte pas, cela va le heurter... Il y a là une nette différence que le cheval comprend parfaitement !

Si vous frappez un cheval avec intention, il vous en voudra et se rebiffera peut-être. Pire encore, il ne comprendra pas la punition. Mais si vous lui suggérez qu'il s'écarte d'un objet physique et qu'au lieu de le faire, il fonce droit dedans, il apprendra par lui-même qu'il aurait mieux fait de s'en écarter. Le fait de se heurter (ou non) est sous sa responsabilité, ce n'est pas à vous qu'il s'en prendra, et il s'écartera, de lui-même, à la seconde ou à la troisième fois. Ne commetez par l'erreur de mentir à votre cheval, en lui faisant croire qu'il va se heurter à l'objet physique, et en ôtant celui-ci au dernier moment. Le cheval penserait que vous ne respectez pas le contrat, que vous n'allez pas au bout de vos suggestions, et cela l'empêcherait de vous respecter. Il a besoin de savoir que son leader ne ment pas, qu'il est loyal et juste - exactement comme le serait le cheval dominant.

Entraînez-vous à faire reculer votre cheval en secouant vos doigts dans sa direction (comme si vous envoyez de l'eau) ; placé au niveau de l'épaule, suggérez-lui d'éloigner la tête en pointant un doigt vers son oeil ; enfin toujours dans la même position, faites-le pivoter sur son arrière-main de telle sorte qu'il se retrouve face à vous. Pour cela, faites tournoyer le bout de la longe en direction de sa croupe que vous tapoterez éventuellement au passage. Lorsqu'il vous fait face, caressez-lui la tête, laissez-lui réaliser qu'il a fait ce que vous souhaitez, puis recommencez. Au bout de quelque temps, votre cheval se déplacera automatiquement pour vous faire face, dès que vous dirigerez un regard appuyé sur son arrière-main.

 

C'est le respect de votre cheval et la protection de votre bulle, cet exercice n'a rien à voir avec ce qu'on a toujours appris dans l'équitation classique, demandez à votre cheval l'arrêt et de vous faire face et tout le contraire de ce que l'on fait à la longe : arrêt sur la piste et surtout que le cheval ne se tourne jamais vers vous. Ce sont deux exercices bien différents, ici on parle cheval, quand vous travaillez à la longe, c'est un tout autre exercice avec un aboutissant différent.

Vous aurez des chevaux comme les pur-sang anglais qui réagiront très vite et d'autres comme le quarter, ou des chevaux loin du sang qui mettront plus de temps à réagir.

4. Jeu du yo-yo

Il s'agit d'envoyer votre cheval vers l'arrière et le faire revenir en avant sur une ligne droite, en le sollicitant simplement avec la longe. Même si, au départ, le tracé n'est pas parfaitement rectiligne. C'est cela qu'il faudra obtenir. Certains chevaux viennent facilement à vous, mais rechignent à reculer. D'autres reculent rapidement, mais ne reviennent pas en avant. Le jeu du yo-yo agit sur cet équilibre. Tenez-vous face à votre cheval, et agitez la longe pour lui demander de reculer. Commencez tout doucement, puis accentuez le mouvement jusqu'à ce que le licol entier soit secoué, et donne au cheval une sensation d'inconfort. Au moment précis où il fait mine de reculer pour en être délivré, cessez immédiatement la secousse et félicitez-le. Recommencez doucement, accentuez jusqu'à ce qu'il fasse un pas en arrière, et cessez. Recommencez , jusqu'à ce qu'il ait bien compris le principe. Demandez-lui de reculer un ou deux pas, puis deux autres, jusqu'à ce qu'il soit totalement en bout de longe. Maintenant, invitez-le à revenir vers vous. Peignez la longe avec vos mains lâches, en rythme, en serrant progressivement un peu plus fort jusqu'à ce qu'il fasse un pas en avant. Dés qu'il amorce ce pas, ouvrez les mains à nouveau et gardez le rythme. Une fois qu'il a remonté toute la longe, arrêtez et caressez-le. Faites-le reculer et avancer ainsi jusqu'a ce qu'il soit sans résistance aucune.

C'est un de mes jeux préférés, car on peut s'amuser aussi bien vous que votre cheval. Avec ce jeu, la complicité s'instaure entre les deux partenaires, ce sera un moment privilégié que vous n'oublierez pas de si tôt.

Pour une mise au point, cet exercice vous aidera dans le cas où votre cheval fera preuve d'indifférence voire de désobéissance. Par contre pour ma part, j'accompagne ma demande de reculer physique par les mots "recule" et la demande de venir à moi par "viens". Mon but étant d'apprendre un vocabulaire au cheval, les jeux ne sont pas à faire tous les jours, et l'évolution de votre équitation doit y trouver une application directe.

 

 

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