J'AIMERAIS BEAUCOUP QUE CETTE RUBRIQUE RELATE DES HISTOIRES D'AMOUR ENTRE VOUS ET VOTRE CHEVAL MAIS AUSSI VOS EXPÉRIENCES VOLTIGE, ATTELAGE, COURSES, ..... CERTAINES HISTOIRES SERONT TRISTES MAIS JE SOUHAITE AVOIR AUSSI VOS SOUVENIRS GAIS OU REMPLIS D'HUMOUR, D'ÉMOTION ET DE POÉSIE.

Attention ces histoires sont écrites avec beaucoup d'amour et l'encre est souvent remplacée par des larmes de joie ou de chagrin

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(attention il y a 4 pages)

BOULEC
MARIE HELENE

Boulec était un cheval de propriétaire, avec qui il avait relié Paris à Moscou. C'était une aventure hors du commun et extraordinaire où cavalier et cheval deviennent un couple d'aventuriers aux rapports renforcés, le rêve de beaucoup d'entre nous.
Le propriétaire de Boulec, pour le remercier, le laissa dans un Centre Equestre Militaire Français à Freiburg en Breisgau en Allemagne. Au bout de quelques mois, il l'abandonna ; le colonel du Centre, face à ce vaillant cheval, l' inclut dans son piquet de chevaux de club ; ainsi il gagnait son propre picotin. Mais Boulec avait connu la complicité et l'"affection" d'un cavalier et il a très mal vécu de passer de main en main ; de plus comme il était usé par son périple, il n'avait que des débutants et devint un cheval méchant.

Robe blanche, tout en os, les oreilles toujours couchées, l'oeil blanc d'une rage froide, voilà comment j'ai rencontré la terreur des débutants et des jeunes palfreniers du Centre. J'étais monitrice bénévole. Mon temps était partagé entre les deux juments du colonel qu'il fallait sortir tous les jours, les jeunes chevaux (4) que j'éduquais, les cours de débutants et les cours particuliers, mais je prenais le temps pour monter ou travailler à pied un vieux routier par jour (il y en avait 7), pour lui redonner goût du travail, pour jouer et le sortir du train train. Ainsi j'ai lié avec eux des liens qui ont permis à mes débutants de faire d'énormes progrès, ils n'avaient qu'à s'occuper d'apprendre à avoir une bonne position, rênes longues (au grand désespoir de mon colonel très classique) je pouvais avoir une reprise de 8 chevaux, sur lesquels je gérais les allures et arrivais à arrêter tout le groupe rien qu'à la voix, lorsque la débacle se faisait présentir chez les cavaliers. J'avais le respect de ceux qui faisaient la meule et ils m'en remerciaient en m'obéissant. J'avoue que lorsqu'ils étaient en reprise de niveau supérieur avec l'adjudant de Saumur ou le colonel, ils redevenaient eux mêmes et gare à l'erreur du cavalier.

Pour en revenir à Boulec, il était aussi laid que méchant. La première fois que j'ai aidé un débutant à le seller, j'ai vite vu que mon cavalier serait tétanisé de peur pendant toute la reprise. Mais je compris que Boulec était profondément malheureux, l'abandon n'est pas facile à vivre même pour un cheval. Je l'ai donc sorti de son box, seul condition pour qu'un palfrenier change sa paille. Il était le seul à avoir vraiment un fumier important, il lui arrivait de ne pas sortir de toute la semaine. J'ai commencé à le monter et à ma grande surprise, c'était un excellent cheval, long à échauffer car comme je l'ai déjà dit son corps était usé prématurément. Mais en dressage, du bout des doigts, changement de pied au galop au temps, trot en extension, appuyers, pirouette ; je n'ai pas voulu le mettre sur des barres, il en mangeait assez en reprise à mon goût. Dès que je pouvais comme j'étais au Centre tous les jours, je sortais Boulec et l'attachais dans un coin où il ne pouvait ni mordre ni taper personne, ainsi son box était fait tous les jours comme pour les autres. J'ai dû partir en vacances 3 semaines, à mon retour, je fais le tour des écuries pour dire bonjour à tous mes biquets qui me saluaient en hénnissant, le colonel disait toujours que les chevaux le prévenaient de mon arrivée. Lorsque je vais voir Boulec, il était au fond son box... immonde, sa robe blanche était marronasse, et il n'a pas voulu venir. Le colonel qui m'avait rejoint, il paraissait très ennuyé et m'expliquait que lorsqu'un cheval souffrait trop, il fallait qu'il parte...pour où ? pas de réponse, il m'expliquait encore que Boulec pourrissait des pieds faute de soin, qu'il était méchant, qu'il ne mangeait presque plus, bref qu'il ne fallait pas le laisser souffrir. Loin de moi, l'intention de le laisser souffrir, pourquoi ne pas le mettre à la retraite dans une maison spécialisée ?....personne n'en veut, il a le crapaud aux 4 sabots, c'est fini...

Trois jeunes filles allemandes venaient souvent me voir travailler les chevaux, elles m'ont expliqué qu'elles connaissaient une maison de retraite pour poneys et que Boulec pourrait y aller si le Centre ne faisait rien payer pour l'acheter. Forte de cette proposition, je vais voir mon colonel, Boulec étant un cheval abandonné, il n'était pas pensable de le vendre, le colonel était d'accord mais Boulec boitait et souffrait, donc pas de maison de retraite. Je propose de soigner Boulec, le colonel s'oppose, le cheval est vraiment dangereux et il ne voulait pas me voir courir de risques avec un vieux canasson. Piquée, je lui réponds qu'il n'était peut-être pas capable de me donner les bons remèdes pour faire les soins, mais si, il connaissait un mélange fait par les Berbères à l'époque où l'armée française était au Maroc. Rusée avec les chevaux comme avec les hommes, le lendemain, j'avais un délai de 4 jours pour essayer de soigner et d'avoir un début de guérison pour donner à Boulec une chance de retraite.

Je savais qu'il me fallait mener un vrai combat à cause de la douleur et de tous ses mauvais souvenirs Boulec ne pouvait pas être raisonné. Nous étions à la fin de l'automne et la température était d'un petit 4°, en Forêt Noire, c'est froid. J'avais mis des baskets pour être plus agile, j'avais un gros pull sur un sweat et un tee shirt et un vieux jean car le produit que je devais mettre sur chaque sabot sentait très mauvais mais beaucoup moins que les sabots de Boulec.

Arrivée devant le box, je n'entendais que les dents grinçer ; je me surpris moi même par la rapidité des choses, comme quoi lorsqu'on est déterminé, il faut foncer. J'ai attrapé Boulec par une oreille, surpris il ne bouge pas, je fais un point de compression et passe le licol. Une minute après il était dehors, pour faire 50 m, nous avons mis plus de 10 mn. Personne ne devait venir me voir, je m'étais installée à l'exterieur et un périmètre de sécurité avait été monté par le colonel au cas il s'echapperait et deviendrait dangereux. Je voulais que Boulec se fixe sur moi et comprenne mes intentions de l'aider. Il n'a pas tout compris tout de suite, coup d'antérieur, morsure, ruade, cabré ....la totale, un vrai cheval sauvage. Je l'avais attaché à l'américaine ; une longe de chaque côté du licol limitait le mouvement de l'encolure, une muserolle allemande limitait, elle, l'ouverture de la bouche. J'attrape mon premier antérieur, la nausée me vient, l'odeur et la vue de ce sabot pourri, une horreur, pauvre cheval, je nettoie lentement, enlève le fumier puis la corne pourrie tombe et vient le pus....et cela a été de même pour les 4 pieds, j'ai mis plus de trois heures, lorsqu'enfin j'ai eu fini, j'étais en tee shirt suante, puante autant que mon pauvre Boulec.Mais fière, j'avais passé la première étape, et je savais que ce petit cheval avait compris que je ne voulais que son bien. Le colonel ayant suivi de loin mon périple avait appelé le vétérinaire qui a fait plusieurs piqûres à Boulec ; tous étaient d'accord pour dire que cet affreux vieux cheval avait du coeur et du courage et en plus qu'il était sacrément costaud, combien d'autres auraient fait une septicémie. Sa volonté de vivre, aidé de ma ténacité, ont attiré tous les membres du club, tous les jours je faisais ses soins et plus les jours passaient plus mon fauve devenait un adorable patriache avec moi et ses 3 nouvelles jeunes copines. Je pouvais faire des câlins sans craindre les dents, le chahuter sans craindre le coup de pied, j'avais même l'impression que les traits de son visage se détender, il devenait beau. Le jour de son départ pour la maison de retraite, le colonel était très inquiet, Boulec ne montait pas dans les petits vans, et les Allemands avaient amené un van monoplace, je confie donc Boulec à mes trois amies allemandes pendant que je faisais mettre en marche arrière le van contre la porte principale des écuries, et là au nez de tous, je prends Boulec la longe sur l'encolure, je monte dans le van, il me suit et commence à attaquer le foin sans rien dire, j'avais trop de larmes dans les yeux pour voir les visages ébahis de tous les cavaliers venus lui dire au revoir.
Boulec a donc vécu une belle retraite au milieu de poneys et d'enfants qui l'ont couvert d'amour et de calins. Comme tout ceci s'est passé en 1982, aujourd'hui, il est comme tant d'autres dans les vertes prairies du Paradis. Boulec reste pour beaucoup un sacré cheval, et son ex-propriétaire un être indigne et laid.

MARIE JEANNE

J'ai hésité à mettre l'histoire de Marie Jeanne dans le chapître Rêves ou celui-ci, mais je pense que sa place est dans les histoires vécues, c'est l'histoire d'une femme qui rêvait d'être une amazone, les années ont passé et le rêve c'est réalisé. Message d'espoir qui me remplit de joie. Merci Marie Jeanne de nous faire partager ce moment de vie. Bienvenue chez nous !

Je m'appelle Marie-Jeanne, j'ai 51 ans.

Enfant, déjà, je rêvais de monter à cheval. A l'époque, les centres équestres étaient rares et chers… J'avais abandonné ce rêve. Quand ma fille a manifesté son désir de monter à cheval, j'étais ravie. Elle a maintenant son galop 5 et se prépare au galop 6. Petit à petit, l'oiseau fait son nid, dit-on…Eh bien, on peut dire aussi que, petit à petit une cavalière en appelle une autre !

Mon rêve d'amazone enfoui a refait surface et j'ai commencé à en discuter. Mon mari, sans trop m'en parler, s'est renseigné au club où monte notre fille. Il suffisait que j'aie ma selle à fourches et ils voulaient bien l'essayer sur les chevaux du club. Il m'a emmenée au Salon du Cheval, histoire de se documenter …Nous sommes revenus avec une selle mixte pour notre fille, une selle d'amazone pour moi et un grand sac avec les accessoires obligatoires. Nous étions venus en train, je vous laisse nous imaginer dans les couloirs du métro! Je n'avais plus qu'à me lancer, mais j'avais 50 ans et j'avais peur d'être trop vieille ! Tous mes proches m'ont encouragée et mon médecin, cavalier confirmé, aussi. Je me suis décidée à commencer l'initiation à la monte en amazone en février 2000. Le premier club que j'ai essayé ne m'a pas plu. J'en ai cherché un autre et j'ai trouvé. "Le manoir" à Villers-en Ouche, j'ai trouvé un apprentissage sérieux doublé d'une ambiance chaleureuse. J'y vais une fois ou deux par mois (c'est à 105 km de chez moi). Forte de cette petite expérience, j'ai réussi à convaincre le gérant du club qui est près de chez moi de me laisser essayer moi-même un des chevaux du club, en longe, pour la première fois. Comme cela s'est bien passé, je peux continuer à travailler avec lui. J'ai fait trois leçons avec lui, au pas et au trot, ce n'est pas facile, mais ça vient. La dernière fois, j'ai réussi à faire des figures que je trouvais difficiles: huit de chiffre et serpentine. La prochaine fois, je tente le galop!

HIDALGO
CATHOU

 

De même que parmi les hommes surgit parfois un être d’exception, un jour j’ai croisé la route d’un cheval extraordinaire. Tu étais celui qui est entré dans ma vie équestre après la fougue de la jeunesse et ses concours, après les rêves fous de gloire et d’honneur, après les désillusions aussi. Un hasard, quelques lignes, un rendez-vous…. De loin je voyais un grand cheval gris pommelé comme un ciel d’hiver évoluer, souple et doux, sur le sable. Comme tu paraissais immense. Puis au-delà des gestes maladroits tu m’as porté gentiment. J’ai senti le temps se suspendre à ton galop. J’étais ta dernière chance, réformé de l’armée après 12 ans de bons et loyaux services. Moi je ne cherchais rien mais j’ai su que je ne pouvais te quitter. Hidalgo, tu as été mon ami, mon frère, mon enfant. Tu m’as fortifié, grandi, hissé au-dessus de mes tristesses. A la monotonie de mes jours tu m’as rempli de ta présence. Pour chaque mouvement d’humeur tu m’as offert ta patience. Pour chaque joie tu sautillais, gai sous le soleil. Chaque regard que tu posais sur moi était empreint de douceur et de confiance. Tendre tu posais tes naseaux dans le creux de ma main, toujours fidèle, joyeux, d’une caresse, d’une friandise. Tu fûs noble sans orgueil, Amical sans envie, beau sans vanité, gracieux et puissant. Je croyais tout savoir et tu m’as tout réappris. Parfaite mécanique de dressage disaient-ils de toi…mais tu étais bien plus que cela. Ton âme était belle et noble. Tu m’as rendu ma dignité. Tu m’as soutenu dans l’épreuve. Les années se sont écoulées pleines d’amour et de complicité…Mais la vie des hommes est parfois sordide. J’allais tellement mal, que pouvais-tu savoir des maux humains, toi dont la vie m’était dévouée. Alors j’ai cru bien faire mon ami, j’ai cherché une retraite douce et verte pour te récompenser. Par un après-midi ensoleillé je t’ai conduit au pré. Mon cœur était triste mais je croyais que c’étais un cadeau. Je t’ai lâché et là après quelques gambades tu t’es mis a brouté apparemment heureux. Tes copains les poneys sont venus te saluer. J’ai un peu pleuré sur le chemin du retour. Je me suis confortée que tu serais bien plus heureux. Comme ma vie était redevenue vide….. Quelque temps après, un sac de carottes à la main je venais t’embrasser… Mes yeux impatients ont cherché le grand cheval gris pommelé comme un ciel d’hiver…subitement j’ai eu froid….Tu n’étais plus là, tu étais parti. « Ce n’est pas possible » ai-je dit bêtement. Les carottes sont restées dans ma main pendant le trajet du retour, écrasées, saccagées comme mon cœur. Même les larmes m’avaient désertées. Longtemps la honte et le remord m’ont poursuivi. Mon entourage me trouvait bien sensible. Anthropomorphisme paraît-il………Mais que pouvaient-ils savoir du don que tu m’avais fait. Avec le temps j’ai accepté l’insupportable. Je sais aujourd’hui que c’est toi qui m’avais offert une dernière chance dans ma désespérance. Pour cela je ne t’oublierai jamais. Encore aujourd’hui je ne peux évoquer ton nom sans avoir la gorge qui se sert. Les murs me renvoient ton image, figée. Je ne me le pardonnerais jamais. Tu seras toujours synonyme d’absence. Tu étais un ange, la licorne de la légende. Puisses-tu jamais me pardonner mes « humanités » mon bel Hidalgo.

Cela fait 12 ans maintenant et je ne me le pardonne toujours pas

 

AMEDEE
HELENE

C'était un bel alezan doré, avec des neigures. Il était au club depuis 4 ans, moi j'avais 16 ans. Il toussait beaucoup mon Amédée, et personne ne pouvait l'aider, les dirigeants parlaient d'abattoir. Au moment, de choisir mon entrée en classe C, j'ai tout abandonné pour toi, et j'ai fait un bac professionnel avec lequel je pourrais travailler dès son obtention. Hélas, dans mon année de première, tu n'as pas résisté au dur hiver et aux longues reprises dans la sciure. Ils avaient promis de t'économiser mais c'était des commerçants pas des gens de coeur. Tu es mort à la tâche. Je suis devenue secrétaire et non vétérinaire, .... pour rien, ce n'est pas un métier qui me plaît. Pour toi et tous les autres dans ton cas, je poursuis mon combat, et je les aide autant que je le peux. Les années ont passé mais tu es là dans mon coeur.

FRAC
MARIE HELENE

 

Un grand oiseau vole dans le ciel,

Il plane, il virevolte,

Il fond dans les nuages

Cet oiseau couleur de feu,

Fuit la terre.

Il est né dans un pré,

Encore rempli des fleurs de l'été,

Il s'est échappé de cette masse foncée,

Au milieu des champs, allongé,

Un cheval git sur le flanc,

Un cheval couleur croissant,

Ces yeux brillants de malice,

Se sont fermés au milieu des lys.

Qu'il était beau mon alezan,

Crinière et queue au vent,

Avec ses ruades et ses galops à perdre haleine.

Dans mon coeur s'enfonce le poignard de la peine,

Jamais plus, tu n'auras mal à ta jambe,

Toi qui m'a faite amazone,

Aujourd'hui, une part de moi,

Est partie avec toi, mon doux compagnon

Moitié ange, moitié démon,

Je t'aime, et deviens l'ombre d'une amazone,

Dans tous mes gestes, à chaque instant,

tu seras là toujours présent.

1 juillet 1985

INDY DE RETZ
PATRICIA

 

Eleveur amateur de Selle Français, j'avoue m'être attachée tout particulièrement à INDY DE RETZ (par Qaut'sous). Tout d'abord sa naissance a été quelque peu surprenante : tout s'est bien passé mais une heure après le poulinage sa maman (SONIA DE CHERISA) s'est mise à "gonfler" de la tête aux pieds : c'était très impressionnant ! Il s'agissait en fait d'une réaction (assez rare tout de même) d'urticaire qui a disparu avec une piqûre de cortisone. Toute petite Indy était très "pot de colle", très caline : jamais elle n'a cherché à mordiller, à botter ... Par contre, son défaut : sauter les clôtures (1.40 m tout de même) Que de frayeurs elle m'a donné ! En fait chaque soir quand je rentrais au box, les pouliches les plus jeunes , elle n'attendait pas que je vienne la chercher et rentrait toute seule après avoir sauté la clôture électrique (qu'elle n'a jamais touché d'ailleurs). Sa copine de prairie n'avait pas sa qualité et par contre, elle, elle fonçait et cassait la clôture pour suivre Indy. Une autre anecdote : lors de ses 2 ans je devais l'emmener chez une amie pour l'habituer au manège - lors du chargement dans le van, elle m'échappe et s'arrête à 60 cms de la grille d'entrée de notre ferme. Je m'approche normalement pour la "récupérer" et sans que je n'ai rien pu faire Indy a sauté de plein pied la grille en fer de 1.60 m ! j'ai vraiment eu peur car elle aurait vraiment pu se faire très mal ! Elle était tellement "gentille" qu'on pouvait même lui faire sa crinière quand elle était couchée dans son box. Maintenant Indy est vendue... je ne sais où... et je la regrette amèrement... Son hennissement lorsque j'arrivais me faisait chaud au coeur !

POLY
FRANCOISE

 

Un matin, je suis partie en jeans et baskets en disant à mes parents que j'allais en ville pour faire des courses.

Ma mère a tout de suite remarqué que je n'étais pas habillée comme d'habitude pour aller en ville mais n' a fait aucun commentaire.

Au lieu d'aller ville, je suis allée chez un particulier qui voulait se débarrasser d'un mini poney shetland car il ne pouvait pas le monter. J'avais une idée très précise du cheval que je voulais : une jument, couleur crème et à la crinière blonde.

J'arrive chez la personne en question, je sonne ; il me fait entrer et me montre le cheval : un entier de 1 an, brun foncé, à la crinière noire et surtout très mal entretenu; à tel point, que j'ai pensé qu'il était malade. De plus, il avait eu, 2 mois auparavant, un traitement anti-poux (pas étonnant puisque ce cheval n'avait jamais été peigné !). Je me dis : "Zut ! Ce n'est pas du tout ce que je voulais " . Puis, mon regard rencontre le sien, qui est très doux . Et je me dis : "Tu ne vas pas le laisser là !". Ceci dit, il était bien nourri et avait un autre cheval pour lui tenir compagnie.

Je prends contact avec le vétérinaire qui assure son suivi médical, afin de vérifier qu'il n'est pas malade et hop! je le charge dans la 104.

Après 1h de trajet dont 3/4 d'heure d'autoroute sous le regard médusé de certains automobilistes, je débarque à la maison.

Ding-dong , "C'est moi ! !! Papa, tu peux venir pour m'aider à porter les paquets ?"

- " Oui, oui, j'arrive".

Mon père sort et voit le poney dans la 104 :

-"Alors là, tu dépasses les bornes, il n'en est pas question. Tu retournes immédiatement d'où tu viens".

Puis arrive ma mère :

-"Et qui va devoir s'en occuper ? Moi, bien sûr !".

je réponds -" Mais non, maman, c'est moi qui vais m'en occuper".

Mon père :

- "téléphone immédiatement à Patrick (mon copain) et demande-lui,s'il le prend ?".

Je téléphone donc à Patrick.

Mon père :

- "Et alors ? "

-"Ben non, il ne le veut pas".

Mon père :

-" Bon, donc tu le ramènes où tu l'as pris ".

Nous nous dirigeons tous les trois (mon père, ma mère et moi) vers la voiture ; Poly (c'est le nom du poney) est en train de jeter un oeil aux alentours par le coffre de la 104 qui est resté ouvert. Il a son regard d'enfant de choeur à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession et là, alors que j'étais complètement désespérée de devoir le ramener, miracle ! ma maman craque et déclare

- "qu'est-ce qu'il est mignon ! ".

Et voilà, depuis Poly fait le bonheur de toute la famille malgré ses nombreuses farces.

Et je l'aime.

JERICHO
NANOU

dialogue entre un cheval et sa cavalière

Jéricho : "Jéricho, c'est moi, je suis un trotteur français. A l'époque, j'avais 4 ans, j'étais maigre et tout juste débourré. Je suis destiné à être cheval de promenade dans un "ranch" qui fonctionne uniquement à la belle saison et après.....? je l'ignore."

Nanou : " C'est le printemps, je suis embauchée dans un centre de Tourisme Equestre comme accompagnatrice. Les chevaux sont là, dans leur box, ils sont huit. Je m'approche pour faire connaissance. Un gris, une alezane, un double poney pie. La palette habituelle des chevaux de promenade. Tiens ! celui-ci à l'air coquin et celle-ci si douce et lui, le grand bai brun ? "

Jéricho : "Mais pourquoi me regarde t'elle comme ça celle là, j'ai peur, je reste au fond de mon box, on ne sait jamais, sombre dans un box sombre ça va la décourager. Elle ne dit rien, peut-être qu'elle ne sait pas parler, par contre elle me regarde à m'en faire frissonner, elle est bizarre mais son regard est si différent des autres humains que j'ai rencontré, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai moins peur, ....qui est t'elle ?"

Nanou : "Il est là au fond de son box, inquiet, timide et si triste mais moi je sais déjà une chose, ce sera lui mon cheval, mon ami, c'est écrit là dans tes yeux, et toi tu vas le comprendre dès que ta peur t'aura quitté. Je vais t'appeler Jéricho, c'est un nom qui te va si bien.

Dès ce jour, Jéricho est devenu cheval de randonnées, cheval de TREC (souvent le premier), cheval d'endurance, cheval de dressage aussi généreux qu'un andalou. Nous sommes "Centaure"."

Jéricho : "Et bien qui l'eut cru, je suis tombée amoureux de cette nana qui parle avec ses yeux et son coeur. Je suis devenu rond, fier, un peu clown, la vie est belle".

Nanou : "Il a 9 ans en rentrant d'une randonnée en Auvergne. Jéricho boite bas, angoisse, véto, radios,.....boiterie à vie....la joie s'est envolée, pourquoi ? j'ai toujours pris toutes les précautions utiles, je l'ai toujours bien soigner, mais c'est le mal du siècle des chevaux l'ostéite. La sentence est dure. Mais je t'aime tout simplement, je me priverai de tout, mais je te garde avec moi, tu seras à la retraite et sans travail, le temps aidant et quelques médicaments, ta boiterie s'est calé comme disent les vétos. Aujourd'hui, tu es tondeuse à gazon ? , non ! chef d'un groupe composé de 2 juments, malgré tes 25 ans, tu prends ton rôle d'étalon au sérieux."

Jéricho: " C'est quand même pas de chance, voilà que j'avais une super amie, que j'aimais autant qu'elle m'aimait, nous avons fait des choses superbes, vu des pays splendides, rencontré des gens merveilleux, et hop ! cette petite douleur que je ressentais mais que j'essayais de cacher et devenu tel que je me suis mis à boiter, j'avais tellement mal, et je l'a voyais tellement triste. Au centre, certains chevaux me disaient que lorsqu'on boite, les humains vous vendent pour un endroit horrible, que l'on appelle les portes de l'enfer. Personne n'en revient jamais. Mais le regard de ma Nanou ne me trompe pas, moi je sais, qu'elle va me garder, quand on aime on aime.

Aujourdh'ui, j'ai 25 ans, la croupe ronde, l'oeil vif, un petit peu bancal. Je vis au Paradis, non pas les prairies du ciel, chez moi, là haut dans la montagne, 20 hectares et 2 juments qui ne me quittent pas d'un sabot, il y a Violette (19 ans, Nanou la prise après ma mise à la retraite, c'est une camargue, et tout mon opposé en caractère) et Radja (barbe de 20 ans), même si ma mécanique grince un peu, je suis heureux. D'ailleurs, j'ai bien vu que ma Nanou tire aussi la jambe comme moi, l'âge c'est pour tout le monde pareil, mais certains humains ont tendance à oublier que l'on est tous des êtres vivants pouvus d'un coeur, et d'une âme. Je souhaite à tous les chevaux de connaître des jours paisibles comme moi après une plus ou moins longue carrière auprès des hommes, car c'est eux et eux seuls qui font de nous ce que nous devenons."

Nanou : "Maintenant, Jéricho vit avec sa moitié Violette, mon 2ème cheval. Nous sommes indissociables tous les 3 mais un jour peut-être que mon regard rencontrera celui d'un beau lusitanien et je sais qu'une belle histoire d'amour commencera. Et surtout complètera mon équipe de joyeux papy et mamy. Un petit jeune, histoire que mon club du 3ème âge ne s'endorment pas sur leur souvenir et m'aide à l'éducation du nouveau. Je sais que mon Paradis est dans le coeur des chevaux."

LUPIN
MURIEL

 

Bonjour ! En direct du pré du bonheur, c'est moi, Noceur, qui vous parle. Trotteur alezan de dix-huit ans, j'ai décidé de me transformer en journaliste pour vous raconter une histoire... dont je fais un peu partie. Mais commençons par le début.

C'était il y a un peu plus de trois ans... Lucie, une fillette d'une douzaine d'années, décide d'adhérer à une association qui nous sauve, nous les équidés à la retraite. A son arrivée dans les locaux, c'est le coup de foudre pour Héloïse, une superbe jument baie de vingt-deux ans, malheusement malade. Et Héloise, du fond de sa détresse, à le même coup de foudre pour cette gamine si tendre : elle s'approche d'elle et pose sa tête sur son épaule. Mais la vie en a décidé autrement et, un beau matin, Héloïse part se refaire une santé dans une contrée où l'herbe est plus riche. Que de larmes versées !

Entre alors en scène un fougueux petit connemara bai-brun foncé de vingt ans, répondant au nom de Lupin. Elle lui plaît bien aussi, cette petite fille à Lupin. Ce n'est pas lui qu'elle vient voir au pré, c'est sa copine Lolo , mais il s'y attache quand même lui le dominant du troupeau, le dur au coeur tendre. Et lorsque Héloïse part, sa petite amie continue de venir le voir... La complicité s'installe. Mais Lupin intéresse une dame qui propose de l'héberger... et il s'en va. Quelle déception ! Pourtant, c'est mal le connaître, le petit Lulu. Il n'en veut pas, de son hébergiste, il veut sa Lucie. Il devient tellement infernal que la vie n'est plus possible pour celle qui l'a accueilli et ...retour à l'association. Quelle joie, ses retrouvailles avec sa copine Lucie ! Et là, grand moment : les parents de Lucie décident qu'il n'y aura plus de déception ni de pleurs. Ils louent un pré et adoptent Lupin...

C'est là que moi Noceur, j'interviens. Car mon copain Lupin s'ennuie un peu, seul au pré. Je viens d'arriver à l'association, je suis doux, alors on m'amène avec Lupin. C'était il y aun an et demi. Aujourd'hui, nous coulons des jours heureux. Nous nous sommes l'un à l'autre après quelques échauffourées. Mon copain Lulu s'est un peu assagi et moi, j'ai pris de l'assurance. On s'occupe tendrement de nous tous les jours.

Bien sûr, quelque part dans le pré, flotte toujours l'ombre d'Héloïse, qui ne quittera jamais le coeur de Lucie. Mais il est grand son coeur et il y a de la place pour tout le monde, nous ne sommes pas jaloux. Et qui soit, peut-être un jour connaîtrai-je cette jument dont Lupin m'a tant parlé. Car, bien sûr, c'est lui qui m'a tout raconté.

Ces chevaux sont placés par l'Union des Amis du Cheval de France

 

IDALGO
ROXANE

Il y a un an j'ai acheté mon cheval, un coup de foudre, de coeur, un feeling, et pourtant tout nous séparais, je sortais d'une chute de cheval assez grave pour m'empêcher de le monter... Tu penses, acheté un cheval sans même l'essayer.... quelle folie... et effectivement, j'ai bien cru devenir folle d'angoisse et de remords, j'avais eu le coup de foudre certes, mais lui, il avait peur, trop peur des hommes et de leur brutalité... J'ai d'abord penser à un "redressage" en bonne et dues formes... et puis quand j'ai entendu ces méthodes barbares de redressement, j'ai fermé la porte bien vite et plus jamais je ne l'ouvrirai... alors j'ai réfléchi et j'ai trouvé la voie... des martiens comme tu les appelles ! Maintenant je fais partie de ces nouvelles race ! Et j'en suis fière ! Dans le club ou je suis, on ne donnais pas cher de ma peau, j'avais fais venir un écuyer renommée mais après la 3ème tentative, Idalgo ressortait mouillé de peur....non c'était toujours pas la bonne manière. J'en ai passé des heures avec lui, à le promener, à penser ses blessure morales, à l'apprivoiser. J'ai rapidement compris que la seule et unique manière de le rendre confiant et coopératif, c'était la manière douce, la seule manière que je connaisse d'ailleurs. J'y ai mis le temps et la patience, et maintenant je goûte au bonheur de la confiance réciproque et des ballades au licol... lui qu'aucun mors n'arrêtait.... Je remercie le ciel de m'avoir permis de rencontrer Idalgo, j'ai eu des mois de doutes et de peurs, mais si on aime vraiment, alors on prends le temps de comprendre et le reste suis naturellement. Il m'a appris plus que n'importe quelle école d'équitation, il m'a appris son langage et j'ai su lui répondre. Il m'a donné sa confiance et je lui ai offert mon coeur.

page 2 Histoires Vécues