MOCO DE FAYOLE
Je suis un Trotteur Français qui amble
..ça
se voit non ?
Alors à cause de çà, on m'a réformé vite fait des courses car j'étais irrécupérable. Sur que " ils " on bien dû tout essayer pour parvenir à leurs fins, car en arrivant chez le maquignon, paraît que je boitais bien bas Un an de repos au prés et hop fini les misères, ma nouvelle vie allait commencer.
Tout d'abord j'ai fait un peu " la meule " comme ils disent.
Le dimanche je promenais sur mon dos des touristes pas toujours délicats,
mais bon, faut bien gagner sa croûte et finalement l'usine c'est pas plus
mal que la boucherie hein. Surtout qu'en plus, là-bas on étaient
bien soignés, bien nourris et pas trop surchargés.
Puis un jour j'ai remarqué que c'était presque
toujours la même personne qui me montait. Chaque fois qu'elle venait,
elle me désignait parmi tout le troupeau, on me kidnappait, on me sellait
et au lieu de faire une petite heure à la queue leu leu avec mes potes,
on partaient seuls pour des journées, voir des week-ends entiers. Quelle
horreur !
Elle me trouvait beau et élegant
.
Elle disait qu'elle aimait bien les chevaux un peu fous
Elle m'a tout fait faire
.même essayé de sauter parcequ'il
paraît que nous les trotteurs on est doués pour ça.
Pas moi en tout cas !!!! Z'avez vu la hauteur .hi hi hi
Enfin le pire, je vous l'ai dit, c'était ces longues sorties interminables.
Parfois je ne revoyais pas mon écurie de plusieurs jours
.elle avait
même réussi à y entraiter mes copains du club. Tous les
SF et même les chevaux de CSO se mettaient à randonner eux aussi.
Pauvre de moi, je n'avais encore pas tout vu et le pire allait encore arriver.
En effet, le club où je travaillais fermait définitivement ses portes.
Le patron trop agé vendait ses chevaux. Tous furent rachetés soit par des marchants, soit par les cavaliers.
Moi je fus vendu en lot avec deux de mes copines.
Un beau matin, on nous fit monter dans la bétaillère et on arriva
.chez
elle !
Ca c'est une photo de mes copines
..elles sont mignonnes n'est ce pas
?
Il fallait donc se résigner et endurer l'insupportable. Toute ma vie
serait désormais faite d'interminables errances à travers monts
et vallées.
J'ai toujours essayé de me soustraire à ces corvées en montrant sans ambiguïté ma desaprobation, mais en vain.
Sa copine moqueuse disait de moi : " Moco, le cheval pressé d'arriver avant d 'être parti "
Z'avez vu ? je tiens sur deux pattes !
Pourtant j'ai eu droit à toutes sortes d'enrennements aussi incroyables les uns que les autres. Impossible de me mettre en place, j'enscenssais comme un malade, j'usais et abusais de l'aubin et du trackenard, je me vautrais à la moindre occasion, bref un délice .
Finalement elle a fini par comprendre et renoncer à toutes ses ficelles
le jour où j'ai dégringolé au bas un fossé d'où
elle a eu toutes les peines du monde à me sortir, tout coincé
que j'étais dans mes martingales et autres joyeusetés dont elle
m'affublait les jours où j'allais un peu trop plus vite que la musique
!
Le changement fut radical, je me suis vu gratifié d'un " cache-nez
" en cuir souple, doublé fourrure, plus rien dans la bouche, des
renes plus jamais ajustées et plus aucune contrariété
..ho
là là quel changement et quelle paix !
Il faut dire qu'entre temps, comme on étaient partis vivre à la
montagne (moyenne montagne !) j'avais eu le temps d'apprendre à marcher
et je m'étais forgé des muscles d'acier.
Toujours grâce aux grimpettes, j'étais capable d'effectuer des
petits galops très bien cadencés et dans le calme, au lieu des
grandes embardées d'autrefois.
J'étais également devenu un cheval bien sage, calme et bien dans ma tête, plus rien ne me faisait peur (hum !) et je maîtrisais toutes les embûches de la vie à la ferme.
Elle a meme réussi à me faire vivre comme une gentille meuh-meuh et manger aux cornadis sans le moindre affolement ni le moindre bobo.
Aussi en raison de ce nouveau mode de vie, j'ai appris plein de choses, entre
autre à ne plus me sauver à l'appel de mon nom
..bien au
contraire c'est moi qui venait mettre la tête dans mon licol dès
qu'elle arrivait, histoire d'être toujours le premier servi.
Les promenades ne me faisaient plus peur
.mes copines étaient toujours
de la partie et j'ai même appris à apprécier les voyages
en camion (voir en bétaillères à vaches) qui économisaient
bien des forces pour rentrer plus vite à la maison.
Fort de toutes ces bonnes dispositions, un jour, un grand jour
.je me
souviens c'était l'année de mes 19 ans, elle m'a emené
faire une vraie randonnée.
Une grande
..15 jours, et haut, tout là haut dans la vraie
montagne.
Je n'avais jamais vu ça de ma vie, c'était impressionnant et magnifique
et l'herbe des alpages était si délicieuse.
J'avais pour compagnon de route un petit poney de bât très facétieux
qui m'a appris bien des tours et même à ouvrir un portail calmement,
sans reguimber.
Pendant cette randonnée (comme quoi il n'est jamais trop tard pour bien
faire) j'ai aussi appris l'immobilité au montoire.
En effet, dans cette région d'élevage, nombreuses étaient
les portes à ouvrir et refermer . parfois ma cavalière était
bien obligée de descendre et chaque remontée me tirait sur le
garrot.
La selle et les paquetages étaient lourds
.
Je compris donc bien vite que chaque " tabouret " serait le bienvenu
pour l'aider à monter sans se pendre à la selle.
J'ai même compris tout seul qu'une ornière ou une vulgaire taupinière
pouvait m'être d'un grand secours et en fin de parcours, je les recherchais
de moi-même pour économiser mon dos.
Que de bons souvenirs depuis ces belles vacances.
A partir de ce moment là, J'ai été litérallement
métamorphosé.
Oublié les champs de courses et toutes les mauvaises rancunes du passé,
oublié ma peur irrépressible des hommes, oublié mes terreurs
et mes envies de fuite qui me faisaient faire tant de bêtise.
Aujourd'hui je suis un cheval " parfait "
.enfin c'est elle
qui le dit.
Faut dire aussi que j'approche maintenant de la trentaine n'est ce pas.
Alors forcément ça calme les choses.
Mais je sais toujours marcher avec fougue et les grandes balades ne me font pas peur (quand mon asthme me laisse tranquille). Ma copine et moi on a toujours bon pied bon il.
On a eu aussi beaucoup de travail pour élever les petits jeunots qui sont venus grossir notre troupeau.
A tous il a fallu apprendre les bonnes manières, comment bien se tenir
à table et respecter sa place :
Eté comme hiver !
les surveiller pendant la sieste :
Leur apprendre à vivre dans la boue :
Et aussi dans la neige :
Eduquer la jument du voisin ne fut pas non plus une mince affaire :
Pas plus qu'obtenir le respect de la part du petit neveu :
Enfin malgré tous ces efforts on arrive à mener une vie paisible
et saine.
Bien que mon emphysème me fasse parfois souffrir quand l'air est trop
chaud et que la poussière me prend les naseaux.
Je vis au maximum dehors tant que la météo le permet, et au moindre
rayon de soleil trop brûlant, à la plus petite pluie trop froide,
à la moindre gelée mordante, je me réfugie dans mon box
douillet avec vue sur la cour.
On me fait tremper mon foin dans de l'eau pour m'éviter de tousser, on
me met du vicks sur les naseaux pour m'aider à respirer.
Il faut aussi faire tremper mes granulés car j'ai des problèmes
avec mes dents. Enfin celles qui manquent à l'appel et qui m'empèchent
de mastiquer correctement.
On me met des fers aux antérieurs pour éviter que mes seimes ne
me fassent souffrir.
Et comme ça tout va bien . Malgré mon grand age, je suis toujours le chef incontesté du troupeau, c'est sans doute ça qui me tiend en grande forme !
Vieux moi ? vous voulez rire
lettre de MOMOK à lire en cliquant sur le lien
il nous a quitté en janvier 2010
CLARISSA 36 ans |
VICKIE 32 ans |
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