Certains lecteurs vont penser
que je suis dingue, partir en promenade avec une pouliche, trotteuse de
surcroit qui n'a connu que les champs de courses, donc pas de direction,
pas de frein, et comme tout poulain froide à la jambe.
Cela serait de l'inconscience
si je l'avais fait en solo, mais je suis partie avec mon mari sur Hidalgo
qui a hérité du titre de " maitre de manège
". En plus , Vialenn a eu des séances de longe et une éducation
à la voix, même si elles n'ont pas été très
nombreuses, elles ont été très efficaces.
Mon but étant de donner une année sabbatique à
cette pouliche qui a commencé à travailler à l'âge
de 18 mois, lui faire connaître les joies d'être poulain
et surtout oublier (si on peut) les rituels des grosses écuries.

Je tiens à préciser que Vialenn est née chez des
personnes dont j'ignore le nom et c'est regrettable car elle a été
très bien menée et dressée, certainement avec la
méthode " Blondeau " donc sans violence, ni privation
et peut-être sans enrênements barbares.
J'ai eu quelques discutions avec une personne qui a connu Vialenn de
sa naissance à son entrée en entrainement, elle m'a informé
de différentes choses, comme le fait qu'elle comme toute sa famille,
n'aime pas, les enrênements et fait quelques difficultés
à les accepter, c'est dans leur caractère, ils n'aiment
trop la soumission bête des ficelles.
Je dois aussi remercier Nathalie pour avoir sauver une pouliche qui
le mérite au plus haut point. Car depuis de longues années,
je rééduque les chevaux de courses, concours et autres
et il est plus facile d'éduquer que de RE éduquer. Mais
surtout quand les chevaux ont été maltraités, ils
gardent en eux, des souvenirs très puissants qui peuvent à
certains moments effacés leur nouvelle vie et les rendre dangereux.
Je parle en connaissance de cause avec Hidalgo qui a connu la corrida
et les tortures qui vont avec, 6 ans chez les espagnols et 14 chez nous,
et bien parfois on ne sait ni pourquoi, ni comment le revoilà
agressif, peureux, la peur lui dévorant le cerveau et donc
.
dangereux.

C'est bien de vouloir faire du " social " cheval, mais il
y a tellement de chevaux qui partent à la boucherie pour un oui
pour un non, que les associations doivent faire un tri et donner leur
chance à ceux qui pourront vraiment en profiter (je parle des
chevaux), un cheval torturé dans sa tête, pourra faire
de gros dégâts, surtout chez les curs tendres qui
n'oseront jamais à leur tour admettre que là on ne peut
plus rien faire, passeront peut-être des années à
avoir peur de leur cheval jusqu'à oublier leur passion et être
malheureux.
Je sais " faut pas le dire " mais c'est tellement vrai, hélas.
Alors laisser faire des femmes et hommes comme Nathalie qui connaissent
bien le milieu, savent qui a été bien mené et qui
pourra avoir une deuxième chance pour n'importe quelle discipline,
c'est super, en plus les coups de cur ne sont pas exclus, les
boiteux à vie, les tordus et bancales ont aussi leur chance comme
" tondeuse " si leur caractère le permet et surtout
s'ils sont gentils. Et là le trotteur, comme je l'ai toujours
dit, c'est un amour
trop même à voir ce que certains
leur font encore subir. Il devrait faire du nettoyage les bons entraîneurs
car il en va de leur réputation à tous, et les mauvais
sont toujours d'actualité hélas.

Vialenn est très loin du caractère d'Hidalgo, ouf un suffit,
elle serait plus comme El Gato. Gentille, intelligente mais avec du
sang et du caractère, elle essaiera toujours de bien faire, mais
si j'explique mal, elle fera son " il de vache " et
deviendra très désagréable dans les limites quand
même de la " bien séance " comme qui dirait,
et avec des réactions saines de cheval qui n'a pas mauvaises
manières.
Ce qui veut dire que les séances d'éducation doivent impérativement
être acquises avant d'attaquer le dressage classique, avec un
travail en plus, lui faire oublier toutes les choses apprises pour la
course de trot et inutiles pour moi.
La promenade est bonne pour le moral, ayant acquis l'arrêt à
la voix, le pas et le trot à la demande, je reste le plus souvent
possible les rênes longues mais ajustées.

Me voilà partie sur les chemins du Vercors, au début de
la promenade, je suivais Hidalgo, un peu traine galoche le pépère,
ce qui ne va pas avec le pas naturel de Vialenn qui s'ennuie vite, elle
passe donc devant
Je m'attends à ce qu'elle pile, fasse
des demi-tours, ou parte " vent du cul " quand un VTT lui
fonce dessus avec ce bruit de grincement que font les freins
ou
autre monstre naturel.
Et bien, surprise, pas de pile, les demi-tours sont justes pour faire
face au vélo, et gare à eux, car elle ne botte pas, elle
ronfle comme un entier et fixe l'allien d'un regard à décourager
une armée de pieds tendres
non mais des fois
Etre
en tête au moins protège ses arrières avec Hidalgo
et c'est une jument gentille même quand le petit gris lui souffle
aux fesses, pas de gestes belliqueux.

Pour les monstres, tel que les moutons, chèvres avec cloche,
gros cailloux blancs et pire les patoux, là elle se fige,
.
et tremble de tous ses os et moi de tous mes boyaux.
Je la laisse regarder autant de temps qu'il lui faut en lui parlant
gentiment. Elle a vraiment peur, et Hidalgo vient l'aider à "
décoller ", mais avec le temps ça s'arrangera, en
plus, elle a raison, les patoux ne sont pas sympas et ceux là
passent facilement les clôtures pour attaquer les passants.
Elle ne craint pas les camions, les gros engins de travaux, mais une,
deux voir 3 motos ronflantes ça va, à 4 elle piétine
et tape de l'antérieur
c'est vrai qu'ils en font du bruit,
même s'ils sont toujours très très gentils et ralentissent.
Les premiers soucis étaient de lui faire enjamber les gouttières
posées un peu partout par l'ONF, de vrais décapsuleurs
de fers
trop larges, glissants à souhait, ils ont tous
les défauts et par soucis d'économie, aucun n'a de grille
couvercle sur au moins un bon mètre pour faire passer les chevaux,
s'il n'y en avait qu'un mais c'est plus de 30 par chemin
et c'est
une vraie galère, le cheval distrait
et vlan la glissade
ou le sabot tordu.
Comme elle a de grandes jambes, il faut qu'elle apprenne à les
caser (ses grandes jambes), les chemins forestiers ça va, mais
on passe vite au sentier ou GR qui sont assez mal entretenus, faut bien
l'avouer.

Vialenn
Là c'est un véritable exercice, qui ne doit pas trop durer
pour ne pas lui casser le moral. Les premiers temps, ses postérieurs
avaient une musculature trop raide, de vrais " turbo " pour
les lignes droites, donc apprendre à bien les poser, en descente
notamment, lui demandait réflexion, heureusement elle a vu Hidalgo
qui roulait du sabot en postérieur et pliait bien les jarrets,
elle a vite compris que cette méthode était bien pratique
et évitait de jouer les patineuses.
Il reste à travailler les zig zag qui naturellement vont lui
apprendre le pli, a basculé son poids à l'arrière
(surtout ne pas être sur les épaules)
Les variations d'allure sont importantes, gentiment sur le chemin, mais
aussi dans les grands prés, pas de crise d'hystérie comme
en club à la vue de grands espaces ouverts où tous les
chevaux partaient en pétaradant et en levant des postérieurs
combien sommes nous à avoir eu la hantise de ce genre de ballade
?
Vent du Sud ou non, elle reste fidèle à elle-même,
elle se promène, regarde tout avec intérêt , et
manifeste gentiment sa surprise. Bon effectivement, elle n'aime vraiment
pas les chèvres ou ce qui sent fort, et là elle couche
les oreilles et tape de l'antérieur, par contre elle n'avait
certainement jamais vu ses cousins. Nous avons la chance d'avoir 2 gentils
ânes pas loin et on laisse toujours les chevaux leur dire bonjour
(avec l'accord de leurs maitres), Hidalgo adore ça, mais la normande,un
peu moins, elle est très intriguée par leurs longues oreilles.
Si on passe devant un parc où des chevaux font la sarabande en
nous voyant, elle ne bouge pas plus que ça, elle les regarde
puis passe son chemin au pas suivi par Hidalgo

Hidalgo
On a appris aussi à passer les torrents, ça l'a surprise
mais Hidalgo reprend de temps en temps ses galons et lui montre comment
il faut faire, elle suit gentiment, pas de bond à décrocher
les cervicales, non ! il passe, donc je passe
Le bruit l'intrigue
quand à y boire, ça ne va pas, je viens d'y tremper mes
pieds
!
A la dernière promenade de 2 h (grand maximum pour ne pas fatiguer
son dos tout jeune et une fois par semaine), nous avons eu droit à
un petit pont pour piétons, VTT et chevaux uniquement
ou
un gué. Hidalgo est passé devant " plan plan ",
mais Vialenn s'arrête, regarde et n'a pas l'air rassuré.
No problème, je descends, les poutres du plancher peuvent être
glissantes, un cheval au pas sure passera sans danger, mais il suffit
qu'un cheval hésite, tremble et on peut redouter l'accident.
Je croise mes étriers, il y a une fine barrière de chaque
côté qui peut lui faire peur aussi, je me tiens en bout
de rênes et passe la première, sans tirer, je l'appelle,
je saute sur le pont, ça fait du bruit mais ça ne bouge
pas, elle soupire, nous regarde un à un, bon puisque les garçons
sont passés, allons y
et voilà gentiment avec calme
et prudence, le pont est franchi. S'il le faut, je le referais plusieurs
fois ainsi, jusqu'au jour où je resterai à cheval, le
temps ne presse pas, la confiance ça se gagne.
On est rentré gentiment au pas. Ici, il y a beaucoup de dénivelés
et peu de routes par contre, les chevaux fatiguent vite, surtout ceux
qui travaillent très légèrement comme les notres.

J'ai essayé un galop en partant du trot, mais impossible, Hidalgo
étant devant, elle a suivi dans un trot de Vincennes, oubliant
la demande verbale
elle essayait de le doubler, lui qui était
avec son petit galop d'andalou grand confort, moi je jouais les puzzles
avec mes vertèbres, elle déménage la miss. J'ai
renoncé sur le coup.
Une autre fois, j'ai pris le problème avec une autre technique,
une bonne longe de 15 mn avec variations des 3 allures avant, puis une
petite ballade en tête, arrivés sur un beau champ en monté,
j'ai demandé le galop quasiment du pas, surprise elle est partie
7 foulées de galop, je l'ai bien récompensée
en caresses, en carottes quand nous sommes arrivés en haut du
champ. Les chevaux aiment bien franchir les montés au galop,
on verra la prochaine fois si c'était du hasard ou vraiment elle
ose enfin galoper avec quelqu'un sur la selle.

Il est très difficile de le faire dans mon rond de longe, trop
petit, toute seule, elle s'en sort très bien, mais avec un poids
qui bouge comme un cavalier, on peut redouter la glissade ou autre
elle apprend lentement et gentiment l'équilibre, le parc qui
a du plat et de la pente est un excellent terrain d'entrainement, le
temps va nous aider.

Au retour, on met pied à terre à 300 m de la maison, pour
dessangler et laisser les selles masser le dos des chevaux, Vialenn
me suit comme un chien.
Une bonne douche, quelques gâteries comme pastèque, pêches
et autres fruits de saison et retour au parc.
Il y a 2 jours (août 2013), j'ai fait une longe, suivi d'un travail
sous la selle au pas, apprentissage de l'épaule en dedans, qu'elle
fait très bien en longe, méthode éthologique, puis
pour sécher, le tour du quartier à cheval en solo. Elle
n'a pas bougé une oreille, à traverser la route sans soucis,
a bien regardé la nature, c'est laissé caresser par des
enfants et retour maison dans le calme
Franchement, elle me surprend tous les jours tant par sa gentillesse,
sa bonne volonté que sa confiance. Et les larmes viennent vite,
elle me rappelle tellement mon El Gato, mais au féminin.
Le nombre de courriels que je reçois de cavaliers en difficulté
avec des chevaux peu agréables, je me dis : si on avait tous
un trotteur, on serait des
. rois, ou des reines.

3 Modèles de promenade pour moi

La promenade récompense : longer le cheval
sellé avant de partir, surtout s'il était au box, ou un
jeune cheval, cela va le détendre et mettre en place les ordres
vocaux
petit rappel.
Puis faites votre promenade cool, laissez les rênes longues le
plus souvent possible car ça l'habitue à gérer
les situations de stress, vraies ou fausses peurs.
Hidalgo était un modèle pour ça, il avait peur
de tout quand il sortait en solo, car c'était un parfait suiveur,
à la retraite puis le décès d'El Gato, il a bien
fallu sortir seul, dès que les rênes étaient courtes,
il se reposait sur moi, et avait peur de tout, demi tour, piétinement
etc.
Avec les rênes longues, je lui ai laissé le temps de voir,
sentir et enfin se décider à passer son chemin gentiment.
C'est absolument le remède aux chevaux peureux ou trop pressés.
Le laisser choisir sa promenade, à chaque intersection, Hidalgo
me regardait et il avait l'air de me demander " alors où
on va ? " moi je le gratouillais à la base de l'encolure
et " comme tu veux Gogo ", maintenant il n' a plus de besoin
de permission, il sait quand il peut aller où il veut et adore
toujours la même ballade mais dans le principe c'est pour lui
faire plaisir donc. Il choisit aussi ses allures et ça lui plait
bien. Cela s'appelle équilibré son cheval dans sa tête.
Pour Vialenn, elle ne connait pas encore trop bien les environs, mais
j'aime lui laisser des initiatives et je peux vous assurer que son caractère
est fait pour cette indépendance, le fait d'être seule
ne la dérange pas du tout.
Retour dans le calme, douche, c'est impératif en été,
il est difficile de voir des chevaux avec la sueur collée remis
au box ou au pré avec les mouches qui vont lui tomber dessus.
Une douche permet aussi de voir s'il y a des plaies et un massage sous
la selle et à la place du filet, avec un gant en caoutchouc sont
un véritable remerciement de nous avoir promené.
La promenade travail
: elle se veut sportive. Pour l'instant, on oublie avec Vialenn les
trotting surtout en terrain varié, elle a assez trotté
trop jeune entre ses articulations et sa croissance qui méritent
plus de respect. Un petit trot dans un champ qui vient d'être
fauché, doucement, histoire de cadencer dans la lenteur et pas
style Vincennes, lui fera du bien, mais attention à la limite,
arrêtez avant que le cheval ne chauffe, surtout quand on n'est
pas loin de la maison. Un bon travail est le gymkhana entre les arbres,
franchissement des butes en monté et en descente, d'abord au
pas puis au trot et avec un cheval bien gymnastiqué au galop
avec changement de pied. Les chevaux s'amusent vite alors attention
à aux genoux, les initiatives c'est bien mais pas trop.
Le franchissement de gué, de tronc d'arbre et autre petites bricoles
sont intéressants mais si on veut faire plus gros, sortir à
2 ou 3 cavaliers car personne ne peut dire ce qu'il peut nous arriver,
la nature est à tout le monde, sanglier, vtt, et autres usagers
qui peuvent nous surprendre.
Variations des trois allures. Si on sort à plusieurs, laisser
les autres prendre de l'avance et profiter en pour initier au piaffer
ou au galop terre à terre, certains chevaux ont besoin de pression
plus importante que celle de nos jambes pour ces figures, mais n'oublions
pas d'appliquer un ordre vocale dessus, ainsi quand on va le demander
de façon académique au manège, plus l'ordre vocale,
les souvenirs seront un aide puissant pour faire comprendre à
notre cheval ce qu'on veut de lui.
La douche avec massage est
la récompense à ne jamais oublier à votre retour.
La promenade initiation
: pour Vialenn c'est celle que l'on pratique, on demande peu, on récompense
beaucoup.
Rênes longues, on laisse le cheval tranquille et si on fait un
peu de gymkana au pas entre les arbres avec dénivelé,
on remonte un peu sur les rênes. On laisse voir, se détendre,
tout doit être court, pour ne pas saturer le cheval. Par contre
interdit de manger de l'herbe, trop jeune, le pli serait vite pris et
ensuite bagarre pour ne pas se faire arracher les rênes pour manger
tout ce qui passe à porter de la bouche. Ou alors, on descend,
on détache la muserolle et on laisse brouter, ça c'est
associé à la pause.
La fin se finit par la douche.
en plus la
douche s'accompagne d'un seau de pastèque...
Retour au pré
et roulades à volonté.

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